Bon allez, histoire de réveiller cette section et parce que le topic Ford m’y a fait pensé, j’aimerais m’attarder un peu sur l’effet maousse que fait toujours les derniers films de cinéaste. Toujours eu l’impression qu’ils ont en commun un goût bizarre : à la fois un côté testamentaire, parfois comme une sorte de lettre pour les générations futures. Il y a également l’épure finale d’un ciné qui se cherche plus. Mais surtout souvent une sorte d’honnêteté désarmante, comme si à l’approche de la mort ou de la fin d’une carrière, dans la certitude que c’est la dernière fois qu’il communique avec le reste du monde, le réal devient très cash.
Et là je me dis, ca ferait un bon cycle de ciné-club.
Et là je me dis, ce serait cool que le forum crée ses propres cycles de ciné-club. Bref.
Mais après, je ne sais pas non plus à quel point c’est un truc qu’on projette sur les films en les romantisant à l’excès. Ca se discute. Donc voilà une première petite liste pour ceux dont je trouve qu’ils ont vraiment "ce" truc du film de la fin, si vous en avez d’autre…
Les gens de Dublin (The Dead, John Huston, 1987)
Bon, jusqu’au titre de toute façon… La peinture, à travers un repas, d’une bourgeoisie au chaud dans ses traditions, dans une vision si figée et dorée qu’on dirait une sorte de souvenir déjà gravé, un rêve en cours. Mais surtout la mélancolie qui s’abat sur le final, et la dernière scène qui fait les comptes.
Le sacrifice (Offret, Tarkovski, 1986)
L’épure et l’abstraction maximum du film, l’homme qui décide de sacrifier son bonheur pour les générations futures, l’apocalypse qui rode et l’épitaphe finale.
Vacances prolongées (Van der keuken, 2000)
Chronique du cancer qui avance, sous la forme d’un dernier grand voyage à travers le monde avant de périr. Rythmé par l’images de deux tasses qui risquent de se briser, bizarrement plutôt lumineux, termine sur une séquence métaphorique doucement agonisante.
Eyes Wide Shut (Kubrick, 1999)
Je sais pas s’il était au courant qu’il allait mourir. Bon, au-delà que c’est je trouve son meilleur, tout en étant son moins « spectaculaire » (c’est quand même un film entier sur le fait qu’il ne se passe rien), c’est aussi l’impression du dernier sujet qui lui restait à aborder, le plus attendu/mystérieux, celui de la sexualité. C’est aussi l’un des (le ?) seul de ses films qui se finit "bien"
L’argent (Bresson, 1983)
Pas sûr que ca rentre autant dans le lot : pas fait en fin de vie, là, mais le film, en plus de faire le bilan de la carrière en repassant tous ses motifs en revue, est le seul qui soit totalement froid et pessimiste, sans espoir.
et donc Frontière chinoise (Seven Women, John Ford, 1983)
La mise à mort du monde ancien aux codes traditionnels, l'héroïne moderne qui prend le relai, la fin colérique et autodestructrice. Là encore, pas sûr qu'il ait été au courant qu'il s'agissait de son tout dernier.
Je pense aussi à Va-et-vient de Monteiro, que j’ai pas vu mais qui a l’air d’être bien dans ce trip-là aussi. Je me dis que L'homme sans âge et Gran Torino auraient parfaitement fait le job si leurs réals avaient claqué après. D’autres films en tête ?
