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L’esthétique du cinéma des années 2000
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Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 13:51 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Je trouve aussi que depuis Matrix, on se tape comme au foot des ralentis très esthétiques, placés un peu n'importe comment et sous n'importe quel prétexte, pour peu que ce soit esthétisant. Ça décompose un geste, une action, et c'est censé donner justement plus d'impact, mais je sais pas... je trouve qu'il y a en très peu de réussis

Je dirai que c'était surtout vrai à une époque (post-Matrix donc), moins aujourd'hui.

Citation:
et surtout que ce n'est pas l'intérêt majeur du ralenti, que c'est une perversion issue du sport (ou ce n'est pas non plus utile les 3/4 du temps)

C'est différent, dans le sport le ralenti REPETE une action vu en vitesse normale juste avant (jolie inversion de ce principe par Ritchie dans Sherlock Holmes d'ailleurs), au ciné il n'y a pas répétition.
La ralenti peut être utile mais comme tu dis, faut savoir l'utiliser (Michael, je t'aime).

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 13:53 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Film Freak a écrit:
Z a écrit:
Je trouve aussi que depuis Matrix, on se tape comme au foot des ralentis très esthétiques, placés un peu n'importe comment et sous n'importe quel prétexte, pour peu que ce soit esthétisant. Ça décompose un geste, une action, et c'est censé donner justement plus d'impact, mais je sais pas... je trouve qu'il y a en très peu de réussis

Je dirai que c'était surtout vrai à une époque (post-Matrix donc), moins aujourd'hui.

Citation:
et surtout que ce n'est pas l'intérêt majeur du ralenti, que c'est une perversion issue du sport (ou ce n'est pas non plus utile les 3/4 du temps)

C'est différent, dans le sport le ralenti REPETE une action vu en vitesse normale juste avant (jolie inversion de ce principe par Ritchie dans Sherlock Holmes d'ailleurs), au ciné il n'y a pas répétition.
La ralenti peut être utile mais comme tu dis, faut savoir l'utiliser (Michael, je t'aime).


Les ralentis façon Watchmen ou 300, là, t'en penses quoi ?

Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 14:01 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Les ralentis façon Watchmen ou 300, là, t'en penses quoi ?

Ca dépend lesquels.

A propos de 300, je citerai Robert Hospyan qui écrivait :

Déjà dans son premier long métrage, L’Armée des morts (2004), on remarquait quelques ralentis et autres gros plans "abusifs", tantôt ratés (tous ces ralentis sur des flingues que l’on vide de leurs balles, de douilles qui sautent et qui tombent), tantôt diablement réussis (ces deux derniers plans "hantés" sur Jake Weber à la fin). Une approche formelle qui témoignait de l'intérêt de leur auteur pour tout ce qui touche à la manipulation du temps. Ici, le metteur en scène s’y essaye davantage et s’y aventure encore plus loin. Et c'est souvent sublime. Il faut dire que la source choisie s'y prêtait. La vague d’adaptations de comics présentait des expérimentations communes dans leurs approches du médium et sa représentation à l’écran, notamment dans leur désir de retranscrire sur pellicule la puissance et le dynamisme que les dessinateurs de comics parviennent à insuffler à leurs images pourtant fixes. Comment garder cette force sans la dénaturer par le mouvement, propre au cinéma? En réduisant le mouvement à l’extrême. En adoptant une esthétique picturale. En utilisant le meilleur de la technologie numérique pour se permettre de dilater le temps au maximum, s'approchant au plus près de la case de BD.

Autrefois, cela nous donnait le bullet time de Matrix, la caméra "libérée", capable de se faufiler partout, de Blade II ou de Spider-Man, ou même l'approche (forcément) plus terre-à-terre (parce que signée Bryan Singer) de X-Men 2 avec ce mouvement ample, au ralenti et en motion control, qui nous permettait de voir comment Nightcrawler parvenait à neutraliser tous les gardes du corps du Président en se téléportant très rapidement. Aujourd’hui, en digne successeur, Snyder pousse son parti-pris jusqu'au bout et celui-ci n'est jamais plus abouti que lors de ces quelques "plans-séquences" où la caméra choisit de s'attarder sur un seul des personnages principaux, au milieu d'une bataille qui en compte des milliers, pour nous montrer sa sidérante progression. Dans le même plan, Snyder passe du plan serré au plan large, du ralenti à l’accéléré, et vice versa, en gardant intact la continuité, la cohérence et l’appréhension géographique du spectateur, qui n’est jamais perdu. Quelque part entre les bullet time de Matrix et le célèbre travelling latéral d'Old Boy (où le héros combat une flopée d’adversaires dans un couloir sans jamais reculer), ces plans renvoient aux plans-séquences en voiture de La Guerre des mondes et Les Fils de l'homme, dans une veine bien moins réaliste évidemment. Snyder affiche sa suresthétisation là où Spielberg se jouait de l'impossible et où Cuaron effaçait l'artifice pour plus de véracité. Les trois auteurs témoignent néanmoins de cette volonté de représenter le caractère "inarrêtable" des protagonistes.


Pour Watchmen, on retrouve ce même procédé, qui fonctionne à merveille sur tout ce qui touche, une fois de plus, à une approche "picturale" (tous ces "tableaux", notamment le générique). Par contre, cette fois-ci, je trouve les alternances de vitesse dans les scènes d'action beaucoup moins pertinentes.

Disons que malgré l'esthétique outrancière de Snyder, je trouve pas ça gratuit.
Ca le sera peut-être plus sur son film d'animation là (même si je trouve ça toujours classe, oui je suis un bourrin).

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 14:06 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Tu trouves ça sublime... d'un point de vue graphique ? C'est beau à voir ? Ou c'est l'utilisation qui est faite qui te plait davantage ?

Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 14:11 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Tu trouves ça sublime... d'un point de vue graphique ? C'est beau à voir ? Ou c'est l'utilisation qui est faite qui te plait davantage ?

Dans 300 et Watchmen, c'est les deux. C'est pas juste que je trouve le plan (qu'on pourrait figer) beau, c'est aussi l'effet qu'il dégage. Dans Watchmen, toute la séquence qui raconte la "naissance" de Dr. Manhattan, avec le morceau de Philip Glass qui se marie à merveille au rythme supra-dilaté, presque onirique, des images (au ralenti donc), je trouve ça très efficace.
On est au-delà du ralenti basique post-Woo (ce que Bay singe le mieux).

Pour son prochain, j'ai vu que la BA donc j'en sais rien mais graphiquement, oui, rien quand l'état, dans le teaser, je trouve ça "beau". Mais je comprends qu'on trouve ça "fat" et ridicule (genre la chouette qui traverse les gouttes de pluie au ralenti).

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 14:15 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Film Freak a écrit:
Pour son prochain, j'ai vu que la BA donc j'en sais rien mais graphiquement, oui, rien quand l'état, dans le teaser, je trouve ça "beau". Mais je comprends qu'on trouve ça "fat" et ridicule (genre la chouette qui traverse les gouttes de pluie au ralenti).


Je trouve ça beau mais pas toujours utile. Mais Snyder est celui qui s'en sort le mieux. Carnahan fait ça aussi, non ? Matthew Vaughn ? Francis Lawrence ? Me souviens plus où j'ai vu ça...

Auteur:  Tom [ 11 Juin 2010, 14:16 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Je trouve aussi que depuis Matrix, on se tape comme au foot des ralentis très esthétiques, placés un peu n'importe comment et sous n'importe quel prétexte, pour peu que ce soit esthétisant. Ça décompose un geste, une action, et c'est censé donner justement plus d'impact, mais je sais pas... je trouve qu'il y a en très peu de réussis

Justement, je me demande si c'est pas là une nouvelle utilisation du ralenti qui a encore du mal à maîtriser ses effets, mais qui essaie : dans les BA de Matrix (plus que dans le film), je vois surtout un moyen non pas de décomposer le mouvement et l'action, mais de cristalliser une dynamique : une chute, un élancement en avant, un écartèlement du corps, un grouillement, etc. Là encore, on est dans des histoires de sensations. Pour faire une comparaison, c'est un peu la même chose que tous ces travellings "fixes" qu'on a vu fleurir ces dernières années, qui avancent ou reculent d'à peine quelques millimètres, très lentement (qui ne changent en rien la valeur du cadre, donc), mais qui nous transmettent néanmoins une dynamique (l'envie de s'écarter de ce qui arrive, ou d'y plonger).

Donc à ce titre (les ralentis "de dynamique") je trouve qu'il y a eu de vraies réussites, comme l'ouverture de Watchmen ou certaines scènes de Michael Bay ; ici par exemple : http://www.youtube.com/watch?v=gBRM_TLZ_iI où on voit qu'entre les vitesse normales (le vaisseau traversant le décor, les chocs) et les ralentis (la fiancée, les casques aux étincelles...) il y a un vrai rapport chorégraphique, rythmique, qui t'impose une pulsation qui fait beaucoup dans la beauté de la scène, et qui délivre une jolie idée (ici, que la catastrophe a quelque chose de sublime : à certains moments, le montage est presque état d'extase. Je trouve que c'est pas si évident, dans un film considéré comme une telle machine à sous, de faire part aussi béatement de la fascination éblouie qu'on peut ressentir devant la destruction).

Je trouve également que le procédé a eu beaucoup de ratés, mais ca me semble plus être une nouvelle utilisation du ralenti qui essaie de se chercher qu'une dérive qui ira nulle part.

Citation:
C'est très intéressant tout ça, je te réserve déjà mon vote du meilleur nouveau revenu. :D

Oh yeah 8)

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 14:20 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Je me souviens de ralentis aussi dans la trilogie LOTR, et avant ça dans le final du 13ème guerrier par exemple, donc je ne sais pas si c'est propre à la dernière décennie. Je n'ai pas tellement d'avis sur le sujet, c'était plus un pressentiment de ma part.

Auteur:  Tom [ 11 Juin 2010, 14:21 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Je me souviens de ralentis aussi dans la trilogie LOTR, et avant ça dans le final du 13ème guerrier par exemple, donc je ne sais pas si c'est propre à la dernière décennie. Je n'ai pas tellement d'avis sur le sujet, c'était plus un pressentiment de ma part.

Oui enfin de toute façon, le but est pas tellement de délimiter pile : disons simplement que c'est une tendance plutôt neuve, après savoir à quand on doit la remonter exactement...

Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 14:22 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Z a écrit:
Film Freak a écrit:
Pour son prochain, j'ai vu que la BA donc j'en sais rien mais graphiquement, oui, rien quand l'état, dans le teaser, je trouve ça "beau". Mais je comprends qu'on trouve ça "fat" et ridicule (genre la chouette qui traverse les gouttes de pluie au ralenti).


Je trouve ça beau mais pas toujours utile. Mais Snyder est celui qui s'en sort le mieux. Carnahan fait ça aussi, non ?

Oula non, pas vraiment...même dans The A-Team y a pas de ralentis.

Citation:
Matthew Vaughn ?

Y en a quelques-uns dans Kick-Ass mais justement, je les trouve un poil cheap (surtout qu'il réutilise la musique de Sunshine donc tu sens le mec qui force trop l'iconisation) et en plus, ils sont durant les scènes d'action, sur des détails pas forcément intéressant.
Vaughn est meilleure quand il est plus posé (Layer Cake).

Citation:
Francis Lawrence ?

Y en a dans Constantine (encore une adaptation de BD), où le style de Lawrence se fait d'ailleurs très symétrique, très "lignes", cadres parallèles au sol, etc...donc y a encore l'idée de composition de tableaux.
Mais c'est Snyder la vraie figure de proue de ce type de ralentis (ceux de Del Toro et Raimi sur Blade II ou Spider-Man ont pas grand chose à voir, ils dilatent également le temps pour reproduire la case - avec les poses super dynamiques des super-héros - mais c'est toujours dans l'action, pour décomposer un mouvement et magnifier une pose).

Citation:
Me souviens plus où j'ai vu ça...

Mmmm dans The Incredible Hulk, t'as un moment où Hulk saute par une vitre, on passe au ralenti quand il est dans les airs, avec un travelling légèrement circulaire, puis on repasse en vitesse normale et il atterit...là aussi, c'est plus comme les ralentis de Blade II et Spider-Man, on fige un moment pour reproduire la pose iconique.

Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 14:24 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Tom a écrit:
certaines scènes de Michael Bay ; ici par exemple : http://www.youtube.com/watch?v=gBRM_TLZ_iI où on voit qu'entre les vitesse normales (le vaisseau traversant le décor, les chocs) et les ralentis (la fiancée, les casques aux étincelles...) il y a un vrai rapport chorégraphique, rythmique, qui t'impose une pulsation qui fait beaucoup dans la beauté de la scène, et qui délivre une jolie idée (ici, que la catastrophe a quelque chose de sublime : à certains moments, le montage est presque état d'extase. Je trouve que c'est pas si évident, dans un film considéré comme une telle machine à sous, de faire part aussi béatement de la fascination éblouie qu'on peut ressentir devant la destruction).

Très vrai.

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 14:25 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Tom a écrit:
Oui enfin de toute façon, le but est pas tellement de délimiter pile : disons simplement que c'est une tendance plutôt neuve, après savoir à quand on doit la remonter exactement...


Quand je faisais mon mémoire sur Heat, je m'étais rendu compte que les rares ralentis du films, et de ceux qui avaient existés avant dans d'autres films, avaient souvent pour signification une prise de conscience d'un danger. Ce n'était pas graphique dans l'intention, comme dans le sport, même si Freak a très justement différencié les deux procédés. Y a une une nouvelle définition donnée au ralenti.

Auteur:  Film Freak [ 11 Juin 2010, 14:27 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Précisons bien qu'on parle ici du ralenti de tournage et non du ralenti de post-prod, qui n'a pas du tout le même effet (et qui lui est souvent très mal utilisé, le pire étant quand tu sens que c'était pas réfléchi, que c'est un truc de monteur qui essaie de rattraper un truc).

Auteur:  Tom [ 11 Juin 2010, 14:29 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Film Freak a écrit:
Précisons bien qu'on parle ici du ralenti de tournage et non du ralenti de post-prod, qui n'a pas du tout le même effet (et qui lui est souvent très mal utilisé, le pire étant quand tu sens que c'était pas réfléchi, que c'est un truc de monteur qui essaie de rattraper un truc).

Souvenir horrifié de la fin de La leçon de piano (mais pourquooooooooiiiiiii !!?!!???)
Cela dit, desfois, y a des cas où les ralentis de tournages seraient zarb (trop chiadés), et où le ralenti de montage amène une brutalité qui freine un peu le temps (je sais pas, par exemple, le ralenti dans Amelie Poulain sur elle qui enlève son masque, ce genre de truc).

Auteur:  Z [ 11 Juin 2010, 14:30 ]
Sujet du message:  Re: L’esthétique du cinéma des années 2000

Film Freak a écrit:
Précisons bien qu'on parle ici du ralenti de tournage et non du ralenti de post-prod, qui n'a pas du tout le même effet (et qui lui est souvent très mal utilisé, le pire étant quand tu sens que c'était pas réfléchi, que c'est un truc de monteur qui essaie de rattraper un truc).


Dans Casino, Scorsese et Schoomaker font les deux. A la présentation de Sharon stone, lorsque De Niro lui fait les yeux doux avec la tite zik, c'est un ralenti fluide de tournage. Quand Pesci a terminé de savater le mec avec un stylo au bar, De Niro le regarde et c'est un ralenti saccadé, de post-prod.

Si les deux moments ont leur justification, je trouve effectivement le ralenti de post-prod toujours très laid.

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