Blue PrinceLa grosse hype actuelle du jeu indé n'est pas usurpée. Pour qui n'avait pas touché à la démo de l'an dernier (moi), le jeu vient vraiment de nulle part et d'un coup, la semaine dernière à l'approche de la sortie le 10 avril, il y avait plein de critiques, influenceurs et youtubeurs jeux video qui disaient que ça serait aux GOTY awards.
Et c'est aussi venu des développeurs. Le créateur d'Inscryption, celui de Balatro, ont tous les deux adoubé le projet avec entrain. Revenait l'idée que le jeu se plaçait dans la lignée d'un Outer Wilds, d'un Inscryption ou d'un Obra dinn.
Alors c'est quoi? Un jeu d'enquête rogue-lite.
Le pitch: vous êtes le jeune Simon, votre riche grand-oncle vient de mourir et de vous léguer son manoir perdu dans les montagnes, où petit vous alliez en vacances. Pour vraiment hériter du manoir, votre grand-oncle vous défie, à travers la mort, de résoudre une grande énigme: trouver la pièce numéro 46 du manoir, jamais rencontrée par le personnel de la maison. Ca m'a un peu rappelé le point de départ du "Limier", entre autres films.
Et la caméra s'avance donc vers l'entrée du manoir, en vue subjective, vous pénétrez dans le hall et trois portes s'offrent à vous. A chaque ouverture de porte, un "draft" (jeu de mot avec le dessin des architectes) vous propose trois pièces différentes, chacune avec leur décor, leurs indices, leur pouvoir spécial. Et vous construisez le manoir de porte en porte, avec quelques contraintes: un plan de cinq par neuf à respecter, des pièces qui forment une impasse, des ressources à chérir comme des clés et des gemmes. Si vous êtes dans une impasse totale, ou que vous êtes épuisés (50 "pas" par jour, dépensés à chaque franchissement de seuil), vous devez "call it a day" (le jeu est en anglais uniquement) et retourner à votre bivouac pour passer la nuit.
Et le lendemain, vous recommencez un "run". Oui, car le manoir a été totalement remis à zéro. Comme dans un rogue-like. Il y a un léger saut de foi fantastique à faire mais le jeu le justifie dans l'histoire. Cette histoire justement, est extrêmement prenante. A mesure que les infos sont découvertes, on mesure la richesse de l'univers créé et des mystères cachés par cette famille. Une splendide direction artistique, avec aussi des musiques qui interviennent discrètement sur un mode rêveur et mélancolique, aident à créer une atmosphère unique.
Ce qui est brillant, c'est que chaque run apporte son lot de découverte, pas toujours dans la direction qu'on avait commencé à emprunter le jour d'avant, certes, donc il faut être un peu patient, on peut facilement passer à côté du jeu au bout de deux runs en se disant "bof", mais perso j'ai tout de suite été happé.
Et c'est un jeu d'énigme avec tout ce que ça comporte de moments "eureka", mais aussi extrêmement addictif dans sa mécanique de draft. Comme tout bon roguelike/lite, il y a des avantages à débloquer, des objets à se procurer, et c'est particulièrement bien intégré à l'histoire. Chaque élément de gameplay se retrouve dans les choix graphiques, tout est très organique.
Bref, une bonne claque, j'en suis à 15 heures de jeu mais beaucoup ont déjà empilé les dizaines d'heures de jeu. Parce que la "fin" de l'objectif principal ne constitue pas la fin du jeu, il y a paraît-il encore énormément de choses à découvrir, ce n'est vraiment qu'un autre début que de trouver cette 46e pièce. Là encore, serait-on tenté de dire, comme dans tout bon roguelike, le jeu franchit constamment des palliers de profondeur. Là je peux pas jouer pendant deux jours, ni encore quatre jours en fin de semaine et je suis deg, ça fait longtemps que ça m'était pas arrivé.
Honnêtement, je recommande à un peu tout le monde, les Abyssin, deudtens, Art Core, Castorp, Cantal, Puck... C'est un jeu unique et délicieux.