dans la vague actuelle du true crime, il y a des trucs supers (les femmes et l'assassin), des trucs atroces (dans la tête de monique olivier) et puis il y a surtout des problématiques de format. sur arte, il y a tant qu'ils ne retrouvent pas le corps, sur l'affaire agnès le roux qui dure 3x50 minutes. la différence avec un film de 2 heures artificiellement découpé et allongé pour que adultes crevés après une journée de travail puissent juste le regarder en petits morceaux sans culpabiliser est donc subtile. à ce jeu, netflix avait multiplié les format 8 (ou même 10 !) fois 1 heure pour des histoires en justifiant 2 au grand maximum...
mais ici c'est autre chose : c'est la première fois que j'ai à ce point l'impression de voir un podcast filmé. d'un côté, c'est pas négatif : les podcats true crime quand c'est bien c'est quand même incroyable, et on est largement sous dotés en france parce qu'il y a pas de sous pour faire des podcasts, alors qu'il y a des sous pour des docs canal +. d'un autre, au bout de 1h10 cumulée à regarder des plans de drone survolant une foret de montage, la stimulation visuelle ne fonctionne plus trop. alors certes, ça alterne avec 15 minutes cumulées d'images d'un motard roulant sur une route de montage, mais bon...
mais dans l'absolu, un podcast avec plein de témoins a-list sur une histoire aussi riche, je prends. d'autant qu'ils n'abusent pas : 6 épisodes entre 20 et 30 minutes, parfaitement construits (1 épisode = 1 piste), c'est un excellent format.
et on arrive à l'originalité du programme : ce n'est pas un true crime qui regarde le mal dans les yeux, qui fouille la monstruosité de l'âme humaine. c'est un true crime sur un crime non résolu, sans solution, sur laquelle beaucoup de gens avec beaucoup de moyens se cassent les dents depuis 10 ans. donc très rapidement, ça devient un pur roman policier avec un crime impossible à interpréter avec certitude, ni à élucider. un mystère total. un autre aspect génial étant qu'il n'y a pas daniel craig qui vient résoudre tout ça en étant très bien habillé et avec un flegme extraordinaire, c'est jacqueline procureure fraichement mutée qui s'en occupe, et elle a l'air de bien faire son travail mais dans l'absolu elle en sait rien non plus.
alors ça devient une sorte de manuel sur la manière dont on mène des enquêtes à notre époque, un outil de formation pour la police judiciaire, étape par étape, raisonnements par raisonnements, preuves par preuve, avec un aspect procédural aussi. et à la fin, un mystère aussi insondable que zodiac. les témoins sont de premier ordre, tout le monde parle avec respect, tout le monde semble normal (on sent quand même que même sur un petit truc comme ça les anglais ont plus le sens du spectacle et de la punchline télévisée que les français), c'est riche. et c'est mis en image de manière artificielle (il y a concrètement 1 seul élément visuel fort - les dernières photos de tourisme prises par la famille tuée quelques minutes avant... - sinon ce ne sont que des images d'illustration plus ou moins laborieuse) mais élégante, c'est fait avec bon goût et rigueur. il y a un choix de ne pas s'attarder sur les victimes plus qu'il ne faudrait, ce n'est pas l'angle, mais tout est respectueux et intelligent.
je n'avais pas lu le grand dossier de society dont je ne peux pas dire si ça fait totalement doublon ou pas, mais j'imagine.
c'est sur canal +, qui se lance sur le créneau puisqu'ils ont en même temps une série sur alexia duvall, et ils sont assez prometteur.
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