Ne rêvez pas, point de
Nostromo prequel dans cette sortie Netflix, c'est juste une nouvelle adaptation du roman de Patricia Highsmith,
Monsieur Ripley, après
Plein Soleil et
Le Talentueux Monsieur Ripley : l'histoire d'un escroc américain missionné par une riche famille pour partir en Italie, tirer le fils prodigue de sa dolce vita et le ramener dans le droit chemin mais qui finit par prendre sa place.
Je n'ai vu que le premier épisode et je crois qu'on est là devant ce que les séries peuvent nous offrir de meilleur et de pire à la fois.
Le meilleur : carte blanche sur la réalisation, ils y ont mis le paquet et c'est sompteux, un noir et blanc magnifique où chaque plan est une gravure, une reconstitution des années 50 généreuse sans être dans le faste mais plutôt dans les détails. Tu les as vues les poignées de ma rame de métro, tu l'as vu mon téléphone à pièces, tu les as vus mes accessoires de dentiste dans une scène qui ne sert à rien ?
Le pire : "
Ils veulent 8x50 minutes ? Ils auront 8x50 minutes." Quand on sait où ça va et que les précédentes adaptations emballaient tout ça très bien en deux heures, comment dire ? Là on a Andrew Scott, solitaire et quasi mutique qui déambule, picole, prépare ses coups, voyage. Il ne se passe pour ainsi dire quasiment rien en 50 minutes qu'on n'aurait pu régler 15 minutes chrono. Tout le voyage de New York jusqu'à sa cible dans un village d'Italie consacre des scènes entières à chaque étape : dans le bateau, dans le train, dans la gare, dans le taxi, à l'arrêt de bus, dans le bus, au bureau de poste, dans les escaliers, à la maison, retour aux escaliers, au magasin de maillots et finalement à la plage. Bien vingt minutes là où n'importe qui fait un montage ou une ellipse avant de rencontrer enfin le fameux playboy et... ils n'ont presque rien à se dire. En fait, je crois que la plupart des scènes ont été écrites pour utiliser des décors, des repérages et des moodboards pour lesquels ils ont dépensé sans compter.
Je suis entre l'admiration et la consternation. En l'état ça me va hein, 8 heures de fétichisme en noir et blanc. Mais si il se passe des choses pendant ce temps, je m'en plaindrai pas non plus.
On se prend à rêver (ou trembler) de série faites par des esthètes qui se aiment se regarder filmer sans fin comme WKW, Malick ou même Kechiche.