Sur le tournage d’un film, Anna, une cascadeuse de 30 ans, tombe amoureuse de la star qu’elle double.J'ai commencé à regarder
cette série Slash à cause de son pitch. C'est écrit et réalisé par Iris Brey, celle qui a écrit le livre sur le "Female Gaze" au cinéma.
Bon j'ai vu que deux épisodes pour l'instant (sur les cinq, 19 minutes chacun, on se demande un peu pourquoi le format série et pas long mais bon...) donc c'est difficile de se prononcer aussi tôt, mais je trouve que ça va trop vite: histoire d'amour qui commence sur les chapeaux de roue, dès l'épisode 2 elles sont déjà en couple clandestin... Rapido là. Certes à la fin du 2 y a
qui vient relancer l'intrigue donc attendons de voir mais pour l'instant ça me paraît trop rapide pour entrer vraiment dans la chair des persos.
Sinon concernant le potentiel génial et très DePalmesque du pitch, pour l'instant j'en vois rien du tout (à part des split screens lâchés de toute part mais sans véritable sens). Pareil, on va donner sa chance à la suite, mais on sent que le centre de gravité de l'intrigue se déplace davantage sur le sociologique/lesbien que sur le trouble méta. A la limite peut-être y aurait-il un truc à jouer sur la notion d'
homosexualité, d'amour du
même, qui pourrait être intéressant mais pour l'instant là y a rien, elles sont actrice et cascadeuse et se ressemblent mais ça s'arrête là. Amusant en tous cas que l'univers du film dans le film soit à nouveau celui de Musidora, sur lequel riffait déjà les deux IRMA VEP (Brey a dû s'étrangler lorsqu'elle a su que la série d'Assayas était en chantier).
Le vrai problème c'est qu'on sent trop la démarche pédagogique et éducative. Y a un côté "geste militant" (équipe presque entièrement féminine, ça à la limite on s'en fiche, tant mieux j'ai envie de dire) où on est là pour sensibiliser le jeune public de Slash. Mais ça se fait tellement à la truelle...
Au début y a une scène de tournage avec un acteur qui retient l'actrice plaquée au sol, là on est censés comprendre que c'est hyper malaisant car "il est entre ses jambes", mais de tout ça on ne voit absoluement rien à l'image. Et la cascadeuse doit lever le doigt pour se proposer de la remplacer (et après l'actrice est limite à bout de souffle, traumatisée -- alors que nous spectateur on a rien vu et encore moins ressenti). Théorique et plaqué...
Et après tout est là pour namedropper et donner des conseils de choses à lire ou regarder: on lit Violette Leduc, on va voir des films de Germaine Dulac (avec une spectatrice butch qui vient saluer les héroïnes à la fin), on débat de la féminisation des noms de métiers (étrange d'ailleurs que ce soit le perso de la lesbienne qui y soit réticent et cette de l'hétéra [oui, ce mot est prononcé à l'image] enthousiaste). A côté de ça t'as Pauline Chalamet en perso de la copine hétéro nunuche ; le seul homme blanc qui prononce un mot dans le premier épisode c'est un acteur maladroit, et dans le deuxième c'est un bobo de 25 ans barbu du 11eme qui lâche une insulte homophobe
Autour de ça, on fait des collages "Je te crois", le premier plan de la série veille bien à montrer que l'héroïne n'est pas épilée sous les aisselles (le nouveau Save the Cat ?), et sur les scènes de sexe, on fait attention à prononcer à l'image "
Je peux t'embrasser ?" "
Je peux te pénétrer ?".
Bref, un pitch cool mais j'ai l'impression que l'aspect "sensibilisation" de la démarche prend le pas sur l'histoire et même sur l'émotion. Mais je vais continuer à regarder en mangeant mes tostadas.