Film Freak a écrit:
J'ai juste du mal à voir en quoi le fait que ce soit un comportement répandu invalide l'article (ou exige que l'article devienne une giga enquête de fond sur différents secteurs où l'on retrouve le même comportement). Il est fort probable que Daniel Perouzeux, vice-président de la société de gestion de recouvrement de façade La Jolie Truelle à Condom en Armagnac soit coupable du même comportement et qu'aucun article ne sortira sur lui (et encore, j'imagine que lorsqu'il y a plusieurs victimes qui témoignent contre un même gars, à un moment donné, même des anonymes comme ça peuvent faire l'objet d'un article) mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas en écrire un sur Philippe Garrel sous prétexte que les faits te paraissent "pas suffisamment grave", "banals", et en déduire que l'article veut "se payer Garrel" ou "vendre du papier", en niant les répercussions positives que l'existence même de l'article, dans sa plus pure fonction (exposer des faits, relater des témoignages), peut avoir sur la libération (de la parole) d'autres victimes.
Ben comme dit, vu l'angle de Mediapart, on a l'impression que ce genre de problèmes n'existe que dans le milieu du show-business, puisque TOUS les articles de Mediapart portent là-dessus.
Et au-delà de ça, à la lecture de cet article, que, je l'ai dit, je trouve d'une incroyable faiblesse, j'ai la sensation qu'il doit suivre une espèce de modèle rédactionnel du portrait à charge, où l'on brasse des témoignages d'accusatrices pour essayer de former "le portrait du pervers", et du coup, ce texte loupe complètement la cible, c'est à dire le fait que Garrel est un type totalement banal, que son comportement est répandu, et que la clé de l'équation, c'est de questionner ce comportement et ses automatismes, pas de pointer Garrel du doigt.
C'est rédigé comme s'il fallait égrener la liste des trucs qui font de Garrel un
outlier, des différentes tares qui conduisent au taré, alors que non, Garrel n'est pas taré, n'est pas malfaisant, n'est pas monstrueux : c'est un mec ordinaire qui profite de son pouvoir, tout en restant dans (ou en flirtant avec) la légalité.
Bref, l'article passe totalement à côté de son sujet, obsédé par l'idée de suivre la recette du portrait bessonien ou weinsteinien, alors que son objet est un type qui joue dans une cour totalement différente. Et ça se voit, parce qu'il rame pour atteindre ses 10 pages, tellement il a rien à raconter.
(Jéro, je pense que ça répond un peu à tes objections, donc je fais pas doublon en te répondant)