Drôle de série.
On me souffle dans l'oreillette un argument classique, susceptible de déranger les gens qui parlent russe : non seulement les personnages parlent en anglais, mais les attitudes, la manière de parler (je parle non seulement de gestuelle mais aussi d'un langage ordurier auquel on s'attendrait et qui n'est pas présent ici), le physique des acteurs empêchent apparemment quelqu'un de russe de faire ce saut de foi qui fait qu'on s'implique dans la série. J'ai trouvé la remarque intéressante.
Par ailleurs, on a peu idée des dysfonctionnements à l'oeuvre avant le dernier épisode qui apporte enfin un vrai éclairage rétrospectif et critique sur la catastrophe. Entretemps, on a lu ou relu la page wikipedia, donc ce dernier épisode, semé de flashbacks, n'est pas très intéressant. Pas sûr que le spectateur lambda, dont je fais parti, comprenne davantage, muni des quelques notions de physique qui lui ont été lancées dans les précédents épisodes, ce qui s'est passé. Le personnage de Skarsgård sert d'ailleurs d'alter ego au spectateur en tant que bureaucrate ignorant du danger, pour qui la catastrophe a constitué une prise de conscience des dangers du nucléaire et des failles de l'organisation soviétique.
On a appris, en lisant Wikipédia, que jeter des sacs de sable sur le feu n'était pas forcément une bonne idée, idée qui reste bien sûr sujette à débat, on a appris que l'hypothèse d'une pollution des eaux qui répandrait la mort à travers la région était rétrospectivement peu probable. Le jeu entre ce qu'on devine aujourd'hui et ce que les évènements ont dicté comme mesures (gigantesques) à l'URSS crée une impression ambivalente, qui n'est pas inintéressante. On en fait beaucoup sur le fait que la région n'ait pas été évacuée assez tôt tout en insistant sur le fait que l'explosion était quelque chose d'inconcevable scientifiquement à l'époque. Tout ça se calcule en dizaine d'heures.
La catastrophe nucléaire est mise sur le compte de l'incompétence et de l'hypocrisie de la bureaucratie soviétique, laissant aussi penser que dans de bonnes conditions, c'est quelque chose qui ne présente pas de dangers.
Cette menace d'une mort immatérielle est l'idée la plus frappante de la série, pas résolue par la science. J'ai oublié le panneau de fin faisant référence au nombre de morts imputées à la catastrophe, qui va de 30, selon les chiffres officiels, à des millions. La vérité est entre les deux, intervalle vertigineux.
J'ai bien sûr repensé à ces articles qui évoquaient une nature florissante à Tchernobyl aujourd'hui, devenu un sanctuaire pour la faune et la flore car désertée par les hommes et j'aurais aimé voir une conclusion pseudo-lyrique, non pas pour démentir l'angoisse liée au nucléaire, qui est absolument légitime, mais pour montrer une terre paradoxale dont, à défaut de la préserver, on est loin de savoir comment elle marche.
https://news.nationalgeographic.com/201 ... y-science/"Essentially, this means that human populations have a bigger negative impact (on wildlife) than radiation."
Ce qui est une phrase étrange... sachant que les radiations sont le fait de l'homme cette fois-ci.
Et un autre article plus "scientifique"
https://www.wired.com/story/the-chernob ... -paradise/(où on parle du nucléaire comme une énergie verte ou greenish, adjectif un peu nonchalant, mais qui peut avoir des conséquences dramatiques).