Marlo a écrit:
Art Core a écrit:
Là Corto Maltese c'est assez particulier et ambitieux, c'est de l'aventure mais il n'y a quasiment pas d'action (enfin ceux que j'ai lus en tout cas).
C'est même assez chiant. Dans le top all time des bd surcotées.
Mais puisque tout le monde connait le personnage et que personne n'a jamais lu les bd, Gans a les coudées franches pour construire n'importe quoi autour du caractère iconique (comme il a l'habitude de faire), à la manière de ce que Richet semble faire avec Vidocq. Il suffit de convoquer vaguement le mythe.
Assez de ventes pour voir pléthores de rééditions foutraques et une reprise qui a l'air de bien marcher (pas lu, Blacksad m'a largement désinstéressé des nouvelles BD) ne veut pas dire que ceux qui prétendent aimer les lisent, mais pas plus que ceux qui n'aiment pas les aient vraiment lues.
Corto Maltese, ça va du grand art au gros foutage de gueule, plus ou moins chronologiquement.
Hugo Pratt s'est brisé à peaufiner des centaines de planches dans sa jeunesse et à proposer un ton rare pour son époque; une fois reconnaissance et fortune faite, difficile de savoir dans quelles mesures il s'est perdu ou se moquait du monde.
Le malentendu, c'est que beaucoup de gens commencent par La Ballade de la Mer salée, remarquable, surtout dans le contexte BD de l'époque. Mais ce n'est pas à proprement parler une aventure de Corto Maltese, où il ne tient qu'une place secondaire. C'est l'histoire de deux naufragés adolescents sur une île de pirates (plus ou moins fous et/ou dépressifs, Corto compris) au milieu du Pacifique pendant la Première Guerre mondiale (où nombre, durée et importance des conflits ont été plus que limité). C'est pas vraiment la grande aventure, le propos porte plus sur la puberté que sur la piraterie. On peut trouver ça chiant. Mais surcôté, vraiment ?
Puis ya la série à proprement parler. Celle époque Pif et sur 22 planches par histoire, c'est de l'aventure pure et dure, carrée, avec une vraie part accordée à la tension et à l'action. On peut ne pas aimer, trouver ça inégal mais chiant, non. Dans ces dizaines d'histoires, ya largement matière à franchise grand public.
Le contemplatif et les dialogues poético-obscuro-abscons, c'est la caricature de Corto Maltese, à laquelle Pratt est certes loin d'être étranger sur la fin de sa carrière et les one-shots hors-formats.
Gans s'attaque au 1er one-shot, Corto Maltese en Sibérie (comme l'animé raté La Cour secrète des arcanes). Qui est plutôt épique et carré sur les 3/4 du récit. Pratt s'y perd un peu et a une façon un peu trop roublarde pour finir son histoire (ce qui n'ira pas en s'arrangeant dans les albums suivants), mais du coup, et pour calibrer 2 heures (au contraire de l'animé qui s'étirait artificiellement, sous prétexte que "Corto Maltese, c'est contemplatif"), ça laisse même moyen de coller un Dacascos et une Yeoh sans trop s'éloigner ou faire autre chose qu'une adaptation fidèle dans les grands lignes, ce qui serait un beau gâchis. Autant écrire un scénario original basé sur les histoires courtes caraïbéennes plutôt que de proposer un marin qui passe la moitié du temps sur un train en Sibérie. Corto et la neige, c'est pas le visuel que tu retrouves en déco de ton airbnb.
Ou alors c'est qu'on a pas vraiment la production pour.
Sibérie, c'est pas forcément moins cher, moins lourd, moins complexe que Rahan ou 20 000 lieues sous les mers.
2 mois avant le tournage, faire de l'annonce sur Jovovich (forcément pour la duchesse, rôle à la James Bond girl secondaire), un acteur à la renommée relative pour Corto (qui a l'air d'avoir un peu la gueule quand même, on échappe à Cassel), et on discute avec Yeoh, le gros nom chinois (qui n'a même pas de rôle pour elle dans l'original) mais prétendre à Indiana Jones, Sherlock Holmes ou Pirates des Caraïbes, c'est pas rassurant.
Faut du pognon comme ce n'est possible en France que pour Besson. Si yavait un accord de Yeoh, ça pourrait laisser penser qu'une timballe chinoise a été décrochée (style plan B après un Némo chinois à l'eau) mais même là, faudrait une annonce d'une jeune star chinoise pour être crédible. Ya une carte à jouer avec le personnage de Shangaï Li qui a le potentiel pour être une icône du PC chinois dans une production internationale.
Ca serait dommage qu'on enfume la pauvreté du budget dans de la brume numérique, et s'éloigner de l'original avec l'excuse qu'on est dans l'esprit, "Blueberry" style.
D'autant que Gans, avec cette envie du petit pas de côté contemplatif, a vraiment le profil pour être un fan sincère de la BD, gros réceptacle d'influences cinémas par ailleurs.
Ya eu un projet canadien sur "Fable de Venise". Un album très surréaliste et hyper risqué à adapter en film. Et certainement pas l'histoire que choisiraient les fans. Sauf que c'est aussi l'album de Corto Maltese le moins cher à voir au cinéma. Bah ça faisait peut-être moins peur.