Je suis un lecteur de merde relativement inculte en littérature (même complètement inculte en fait), n'ayant lu ni les "vrais" classiques, ni les classiques du genre et même un écrivain accessible comme Stephen King m'est presque étranger. De lui, je n'ai lu que Rage, Un élève doué et Cellulaire. Un peu n'importe quoi donc, de l'anecdotique principalement.
Attaquer La Tour sombre relevait de la tâche dantesque. Outre les sept - pardon, huit, parce que Monsieur fait des midquels alors que tout est fini - tomes, j'ai cru comprendre que plusieurs autres ouvrages de l'auteur s'inscrivent dans une sorte d'univers partagé et entre mes TOCs d'exhaustivité et mes troubles de l'attention dès qu'il s'agit de lire, je n'avais jamais vraiment prévu de m'y atteler.
Comme souvent, c'est l'approche d'une adaptation qui aura été le déclic. Toutefois, ce coup-ci, c'est surtout la peur de voir une grosse trahison (ce que les premiers échos laissent entendre), et donc potentiellement un ratage, qui m'ont poussé à privilégier la découverte à l'écrit plutôt qu'à l'écran de la saga. Je me suis donc mis en tête de lire les huit livres avant la sortie du film en février prochain.
Tout ce préambule inutile pour dire que j'ai fini The Gunslinger (je les lis en anglais, je connais pas les titres VF) et que ça m'a bien accroché. Rien qu'au vu de ce topic, je ne vais rien apprendre à personne en disant que j'ai trouvé ça franchement laborieux, dans le rythme très lâche que s'autorise le récit, avec sa structure quelque peu décousue, inégale, gérant ses allers-retours temporels en s'attardant parfois trop ou trop peu sur le "présent". Pour ce qui s'apparente en somme à une interminable introduction, il ne se passe pas assez de choses pour réellement maintenir en haleine. J'ose pas imaginer ma réaction si j'avais lu ça à sa parution (surtout qu'il y a eu cinq ans avant la sortie du suivant).
Malgré tout ça, j'ai été instantanément séduit par l'univers imaginé par King, cet improbable mélange de western et d'heroic fantasy dans un monde (parallèle) post-apocalyptique, et son style, plutôt économique mais diablement évocateur. Ensemble, ils aboutissent à la création d'une ambiance proprement cauchemardesque. Pas cauchemardesque dans le sens horrifique, et ce malgré le passif de King, mais malaisante dans son onirisme. Chaque fois que je reprenais la lecture, je me retrouvais plongé dans cette réalité autre, pas claire, où les lignes se brouillent, passé et présent, songe et réel, comme on se retrouve largué en plein milieu d'un rêve ou qu'on est largué au réveil. Et si toutes les allusions bibliques ne suffisaient pas à conférer à l'ensemble une dimension mythologique, la vision cosmogonique finale m'a nanisé autant que le protagoniste.
J'espère ne pas être déçu par la suite et je suis très curieux de voir les choix de l'adaptation (je kiffe déjà le casting en tout cas).
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