La gare la plus impressionnante (que j'ai vue):
Milan Centrale. Un énorme bloc monolithique, mélange d'Art Déco, de fonctionnalisme futuriste et de rétro-pompirérisme antique mussolinien. Touit en hauteur. Les trains partent à l'étage, dans un énorme hall. Les accès se font pae des embrasures de portes démesurées à moulure, qui évoquent un intérieur d'appartement second empire, mais agrandi 10 fois. Il était prévu d'accéder au cours central en voiture (on sent que le diriigeable était envisagé). Il règne à l"intérieur une effervescence d'aéroport. On peut accéder à toute l'Italie, toute l'Allemagne et toute la Suisse. Le réseau de triage de ferroviaire de la gare est énorme, pour l'approcher on passe sous d' anciens postes d'aiguillages aux enjambements colossaux.
D'autres gares italiennes sont aussi très belles (Roma Termini, énorme aussi, mais toute en longueur quand Milan est verticale comme la Tour de Babel, Florence, Venise) mais ont une achitecture fonctionnaliste, sobre, presque Bauhaus (forme de résistance indirecte avec le fascisme?).
J'aime bien aussi le jardin d'hiver d'Atocha à Madrid, mais la vieille gare est en fait désaffectée et , dédoublée par une gare moderne souterraine, où les trains sont cachés.
On sent que la grandeur et le beauté des gares en Italie et en Espagne est un signe de leur industrialisation tardive par rapport à au nord de l'Europe
J'aime bien aussi la gare de Bâle, mais comme celle d'Atocha, l'ancienne gare est une façade commerciale pour une gare ultramoderne, mais Bale vit plus (elle a conservé ses guichets). C'est une gare fascinante car on peut accéder à toute l'Europe, noeud entre le Nord et le Sud, l'Ouest et l'Est. Et puis il y l'aspect amusant de la gare française cachée sur les côté et de la gare allemande qui est une enclave terrotiriale à l'opposé de la ville. on se croirait dans un roman de John le Carré. Comment la gare allemande fonctionnait pendant la deuxième guerre mondiale?
Malheureusement on a supprimer le train entre Bruxelles et Bâle (qui fonctionnait comme un Corail entre Thionville et Mulhouse), il y avait encore un aspect du charme décadent de TEE qui se mélait à la réalité de l'est de la France.
La plus belle ligne:Celle qui longe la vallée du Doubs entre Belfort et Besançon.
Il y aussi le train à voie unique entre Aix-les-Bains et Annecy. Au moment de franchir le Fier, on passe brutalement d'une aimable et paisible prairie à vache à un énorme canyon que l'on franchit et refranchit.
Le passage entre Port Bou en Espagne et Cerbère en France, dans des criques hallucinantes au bord de mer, des montagnes que le train est le seul à franchir quand des chemi,s et routes doivent monter très haut. Cerbère a un énorme hôtel pour voyageurs désaffecté et fantomatique (du fait de la guerre d'Espagne il n'a jamais dû vraiment fonctionner) à côté d'une gare délaissée et crasseuse, tout autant fantôme, mais ou tous les voyageurs solitaires transitent devant un unique guichet électronique.
La gare la plus WTFTours, une gare énorme et magnifique, digne d'une capitale, mais qui apparement ne sert qu'à aller à Saint-Pierre-des-Corps?
Le voyage le plus instructif géopolitiquementIl y a 10 ans je passais quelques jours à Bratislava. La ville était assez petite, toute en hauteur, et a un centre ville avec des bâtiments baroques et art nouveau intéressants. Malheureuement la période soviétique a éventré le charme de la ville (un pont autoroutier qui rase la cathédrale, détruisant obstensiblement la plus grande place de la ville), créant un certain étouffemment, et la colline n'a pas beaucoup de charme (pavillon résidentiels et restes post-communistes). J'avais envie de voir pendant ce séjour une autre ville d'Europe Centrale, et avait déjà vu Vienne qui est juste à 60 km (mais qui semble être sur une autre planète). J'avais donc décidé de passer une nuit à Budapest. La gare principale de Bratislava est curieuse, une rotonde sans vraie façade, assez petite, complètement circulaire, donnant sur une gare d'autobus, avec une énorme fresque réaliste soviétique sur les moyens de transports, du vélo au spoutnik
A l'aller on longe le Danube, dans un beau paysage qui rappelle les Vosges et le Jura, mais avec des vallées plus larges. Au moment de passer la frontière, double contrôle, d'abord par la police slovaque (un jeune homme et une jeune fille, sympa et affables qui avaient l'air d'être très préoccupés l'un de l'autre, puis par la douane hongroise, un mec tout gros, bougon et moustachu; qui renifle presque le passeport, le film de Béla Tarr).
J'arrive à Budapest et constate quatre choses:
-il ya une rive médiévale avec le château (en fait la plus riche) et une autre moderne qui rappelle beaucoup Paris, mais avec une sorte d'art nouveau néo-mauresque à la place de l'architecture hausmanienne, c'est assez beau
-personne ne parle anglais
-c'est complètement dérégulé économiquement (mon hôtel était près d'un Tesco ultra-moderne ouvert 24h sur 24, mais vide, plus d'employés que de clients)
-le métro est impressionnant
-c'est visiblement la capitale informelle de la production de film de cul, du coup je sentait une certaine méfiance vis-à-vis de mon profil d'homme seul, étranger, trenteianire sans but précis et sans bagages, que je prenais pour de la xénophobie.
Au retour je repars par la très belle gare de Nyugati (je crois). Je demande au guichet un billet pour Bratislava. La guichetière s'énerve et me congédie sèchement. je regarde les indicateurs de chemins de fer et je remarque nulle part Bratislava. J'y reste 30 minutes. Je comprends nullement le hongrois. Je m'énerve et je sors, décontenancé (j'allais probablement rater le dernier train), croyant presqu'à un sortilège ("tu n'es par réellement à Budapest, tu n'as jamais réellement atteint cette ville, tu la rèves et la fantasme, ces gens ce sont toi"). Puis je décide de revenir dans la gare et d'épelucher les horaires. Je remarque un train pour Vienne, qui s'arrête 40 minutes avant l'arrêt final à "Pozony". Bingo. C'est Bratislava en magyar. Si dans n'importe quel autre pays on aurait traduit à côté des noms aussi dissemblables, ici non . Je reviens au guichet et retrouve la même femmequi me fait comprendre d'un air énervé qu'on dit "Pochony" et pas "Pozony". Je m'aperçois qu'elle avait très bien compris où je voulais aller la première fois, et cela m'énerve (les pays à problèmes linguistiques, je connais, mais je n'ai jamais vécu cela avec une telle grossiéreté). Dans le compartiment du train, ma seule compagne de voyage, une femme bien mise prend peur quand elle s'aperçoit que je ne parle pas myagar, littéralement terrifiée à l'idée que je puisse lui adresser la parole, je m'enfonce dans mon bouquin ("Tendre est la Nuit"). Par la suite j'ai appris qu'il y avait des minorités hongroises au sud de la Slovaquie (justement dans la région traversée), et que c'était très tendu politiquement, le pouvoir nationaliste hongrois exploitant la mémoire de l'Autriche impériale pour revendiquer ces territoires , et ces minorités étant à leur tour perçues un peu comme une 5ème colonne dans leur pays (la situations est aussi comparable en Roumanie).