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MessagePosté: 16 Sep 2016, 21:16 
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Antichrist
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C'est reparti pour un tour avec l'excellent site Festivalscope...

Vingt films pris dans deux Festivals Locarno et Rotterdam....

Voici ma sélection

Etats-Unis (3)
James White de Josh Mond (Locarno) 3/6
Je n'avais pas lu le pitch... Bon, le cancer donc, mais pas au centre du film, portrait d'un trentenaire en colère contre la vie. Le film a un problème de rythme - 1h25 qui en paraissent 2 - mais l'acteur que je ne connaissais pas - Christopher Abbott - porte le film et toute la douleur du monde sur ses épaules. Pas inintéressant et la fin est très belle mais ça manque de nerf dans la mise en scène pour vraiment m'emporter.

Listen Up Philip d'Alex Ross Perry (Locarno) 4/6
Film à la fois passionnant et irritant, brillant et poseur. Alex Ross Perry a énormément de talent pour croquer des personnages, saisir leur vacuité, jouer avec la narration. Mais, revers de la médaille, comme Alexander Payne, par exemple, on ressent une certaine misanthropie, un "jugement" sur les personnages et les situations, ce qui empêche l'empathie. Mais j'aimerais bien avoir son talent d'écriture...

Les Miller, famille en herbe (Locarno) 2/6
Je suis Team Aniston, comme on dit. Bon, là c'est assez faible. J'ai souri deux-trois fois mais que l'on arrête de parler de la faiblesse de la comédie française quand on voit l'équivalent ricain à nos comédies à pitch.

France (4)
Le Grand jeu de Nicolas Pariser (Locarno) 4/6
Premier film très original, pas totalement abouti - le deuxième tiers patine un peu et la scène d'action manque de peps - mais toujours prenant grâce à un excellent personnage - joué par le précieux Melvil Poupaud - et le sentiment (que j'aime au cinéma) d'être autant dans le flou que le héros. Cela m'a fait penser au Ghost Writer de Roman Polanski. J'aime beaucoup le background du film, qui m'a d'ailleurs fait penser - et l'on en retrouve des traces dans la répression exagérée des manifs de la loi travail que jusqu'en janvier 2015 -, le véritable ennemi intérieur pour le renseignement était les groupuscules de l'ultra-gauche.

Les ogres de Léa Fehner (Rotterdam) 5/6
Belle surprise que ce film français dont je ne savais rien - pas vu le précédent Féhner - et qui ressemble à un mix entre Blier dans sa meilleure forme, et Kéchiche sans sa misanthropie sociale. Cela frise toujours l'hystérie mais ça retombe toujours sur ses pattes, grâce aux acteurs, tous géniaux. Mention spéciale à Marc Barbé, acteur que j'aime d'amour.

Un Jeune Poète de Damien Manivel (Locarno) 3/6
J'ai beaucoup aimé Le Parc, le second film de Damien Manivel donc j'étais très intrigué par celui-ci. L'argument est assez mince : on suit un jeune homme qui veut devenir poète dans les rues de Sète et c'est tout. C'est charmant, un brin poseur aussi, cela tient beaucoup sur un fil comme le jeu de l'acteur... La durée est parfaite car je commençais à ressentir une légère impression de tourner en rond.

La loi de la jungle d'Antonin Peretjatko (Locarno) 4/6
Comédie française décalé dans l'esprit des Pierre Richard. J'ai plus souri que ri mais je trouve que le film a une vraie originalité dans le contexte français contemporain entre You Tubeurs mauvais comme cochons devant la caméra et vieux ringards de l'humour TF1. J'aime plus les gags visuels que le côté OSS117 de l'intrigue. Et Vimala Pons est parfaite dans le registre de l'aventurière dure à cuire so sexy. Non, c'est vraiment pas mal.

Europe (7)

La Peau de Bax d'Alex van Warmerdam (Locarno) 2/6
Je suis jamais entré dans le film, trop cynique, trop calculé, cela m'a fait penser au cinéma de Denis Coté... après il y a des idées dans l'écriture, je reconnais aussi qu'il utilise bien son "espace", un peu comme dans Borgman, mais ce cinéma détaché ne me touche absolument pas.

Il est difficile d'être un Dieu d'Alexei Guerman (Rotterdam) 5/6
Le gros morceau de mon auto-festival. Presque trois heures dans la boue, la morve et les viscères d'une expérience cinématographique hors norme. Pas sûr d'avoir bien tout saisi de la métaphore philosophique de cet Homme-Dieu qui observe les malheurs d'un monde bientôt plongé dans l'obscurantisme religieux et fasciste. Les tableaux sont fascinants, l'aspect film-monde assez incroyable. Vraiment une expérience malaisante et suffocante mais ça change du tout-venant cinématographique...

Dead Slow Ahead de Mauro Herce (Locarno) 4/6
Film-trip hypnotique qui évoque aussi bien «Leviathan» de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel que les installations visuelles du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul - on pense beaucoup à «Syndrome and a Century» lors de la scène finale, «Dead Slow Ahead» est une expérience immersive à laquelle il ne manque juste qu'un petit supplément d'âme - Mauro Herce s'intéressant plus aux machines qu'aux hommes, subjugué par la beauté de ses monstres d'acier.

Two Years at Sea de Ben Rivers (Rotterdam) 4/6
Du cinéma chamanique impressionnant formellement, avec des séquences qui convoquent un certain Béla Tarr. On ne cachera pas qu'il faut s'accrocher pour ne pas sombrer dans les limbes tant le fil narratif est mince - un ermite, la neige, le brouillard et un hors champ à s'inventer. Le dernier plan est magistral, dans sa composition et dans ce qu'il dit - en tout cas ce que j'en ai compris. Voilà qui ferait un beau double-programme avec Homo Sapiens.

Les Ardennes de Robin Pront (Rotterdam) 3/6
Polar extrêmement noir et violent, pas très bien écrit - les persos sont hyper sommaires, surtout la fille-qui-se-fait-prendre-en-levrette-et-qui-vomit-avant-de-se-balader-à-poil, mais dont le troisième acte prend quand même un peu aux tripes. Un remake serait en cours aux Etats-Unis, honnêtement je pige pas trop tant il est évident que le talent est derrière la caméra et non la plume.

Bella e perduta de Pietro Marcello (Locarno) 4/6
Un conte documentaire italien où les buffles parlent et les hommes souffrent en silence dans des châteaux en ruines. Formellement, le film est aussi beau que son affiche, d'une beauté à tomber amoureux de la campagne italienne. Souvent le film déroute - pas sûr d'avoir bien compris toute la thématique autour de Polichinelle - mais il m'a tenu en suspension, jusqu'à sa très belle fin. Un OFNI.

Suntan d'Argyris Papadimitropoulos (Rotterdam) 2/6
Encore un remake de la Piscine ? C'est presque ça... Un gros médecin local tombe amoureux d'une belle et jeune touriste. Le début est plutôt séduisant - scope d'été, fille sublime - mais ça se gâte à mi-parcours pour prendre une trajectoire trop prévisible. Une déception, donc, même si le réal a du talent.

Asie (3)
Ascent de Fiona Tan (Locarno) 5/6
Locarno 2016. Film expérimental de Fiona Tan qui, à l'aide de photos, raconte l'importance du Mont Fuji dans l'imaginaire japonais et dans son histoire d'amour avec un homme nippon. Simple dans son dispositif, beau, surtout quand la narratrice tisse le lien intime entre son histoire et le Mont Fuji, captivant pour qui s'intéresse au Japon ou juste à la manière de raconter des histoires juste avec des photographies.

Sayonara de Koji Fukada (Rotterdam) 5/6
Film très étrange et passionnant de Koji Fukada (Au revoir l'été et bientôt Harmonium), une fable SF post-apocalyptique qui convoque aussi bien Philip K. Dick (les androïdes rêvent-ils de moutons électriques) que Béla Tarr (l'humanité résumée à une maison à la campagne). Cela prend beaucoup son temps, surtout dans la première partie où les dialogues ressemblent parfois à une lettre d'intention sur le thème de l'exil et de l'impossible oubli - on retrouve ces thèmes dans les autres films de l'auteur. Par contre, la dernière demi-heure est absolument magnifique. Le film se resserre sur le couple androïde-femme seule, les dialogues se résument à des haikus et des poèmes et la photographie d'Akiko Ashizawa (Vers l'autre rive) est une merveille. Je suis persuadé que Koji Fukada va signer un chef d'oeuvre dans les années qui viennent.

Bangkok Nites de Tomita (Locarno) 4/6
Nouveau film fleuve de Katsuya Tomita (Saudade) filmé en Thaïlande et au Laos, qui suit un Japonais (joué par le réal), qui revoit la prostituée dont il était éprise et part avec elle au Laos (je simplifie l'intrigue). C'est à la fois langoureux - trois heures tout de même -, incroyablement riche, pas toujours "parfait" sur le plan narratif, mais toujours stimulant et souvent super beau formellement même si la lumière thaïlandaise aide beaucoup. La jeune actrice thaï Subenja Pongkorn parvient à distiller une vraie Saudade au film. Très attachant même si le film aurait pu presque s'arrêter sur la fin de la deuxième partie.

Amérique du Sud (2)
Los Hongos d'Oscar Ruiz Navia (Locarno) 4/6
Ne pas se méfier à l'affiche bien repoussante, c'est une très belle chronique sur l'adolescence à Cali, le street art et l'amitié masculine. Je trouve le scénario très bien écrit - on retrouve d'ailleurs le réal de La Terre et l'ombre en co-scénariste -, le tempo parfait pour une sieste éveillée, j'aimerais beaucoup voir un film identique en France (mais peut-être que j'ai raté Vandal).

Poesia sin fin d'Alejandro Jodorowsky (Locarno) 4/6
Généreux, poétique, baroque.... Alejandro Jodorowsky revisite l'histoire familiale avec des idées de mise en scène brillantes et un amour communicatif pour la poésie. C'est bien sûr trop long (2h08) et inégal - la première heure est meilleure que la seconde - mais ça respire le cinéma - Doyle à la photo messieurs-dames. Plutôt embarqué même si, bien sûr, ce n'est pas aussi extraordinaire que ses films des années 70.

Océanie (1)

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler (Rotterdam) 4/6
Dimanche, on oublie tout avec cette histoire d'amour mythologique (mais pas tant que ça, c'est surprenant) dans une tribu polynésienne. C'est très beau quand ça oublie de faire sens, notamment toutes les scènes sur le flanc du volcan et avec la petite soeur, mais l'acteur principal joue vraiment comme un pied, avec une seule expression soucieuse. La voix de Lisa Gerrard fait toujours son petit effet - ça m'a donné envie de m'y remettre. Et puis cela fait du bien de savoir que des humains, quelque part, ne savent pas qui est Donald Trump (c'est aussi le projet du film de nous rappeler qu'il y a un autre modèle que nos sociétés consuméristes occidentales).


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MessagePosté: 16 Sep 2016, 22:20 
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Karloff a écrit:
Le Grand jeu de Nicolas Pariser (Locarno)

Curieux de te lire, une de mes bonnes surprises de 2015 avec ce premier film français qui dénote.



Karloff a écrit:
Schneider versus Bax d'Alex van Warmerdam (Locarno)

Mineur mais extrêmement plaisant avec l'humour absurde propre à van Warmerdam


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MessagePosté: 17 Sep 2016, 14:39 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Abyssin a écrit:
Karloff a écrit:
Schneider versus Bax d'Alex van Warmerdam (Locarno)

Mineur mais extrêmement plaisant avec l'humour absurde propre à van Warmerdam

Oui c'est vraiment sympa sur le moment, un côté Coen, mais finalement vite oubliable.

Sinon Love & Friendship est bien un film irlandais..

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 17 Sep 2016, 16:15 
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Ah moi je m'en souviens encore mais je suis d'accord on sent vraiment une récréation que s'offre van Warmerdam avec ce film. L'humour tient effectivement des Coen mais avec un sens de l'absurde typiquement nordique qui évite la redite.


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MessagePosté: 17 Sep 2016, 18:19 
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Antichrist
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Arnotte a écrit:
Abyssin a écrit:
Karloff a écrit:
Schneider versus Bax d'Alex van Warmerdam (Locarno)

Mineur mais extrêmement plaisant avec l'humour absurde propre à van Warmerdam

Oui c'est vraiment sympa sur le moment, un côté Coen, mais finalement vite oubliable.

Sinon Love & Friendship est bien un film irlandais..



en fait, je prends en compte la nationalité du réal. Après, ce sont les films ricains que je me presse le moins à voir, car j'en vois déjà bcp toute l'année...


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MessagePosté: 13 Nov 2016, 21:18 
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Et nous voici au grand soir du palmarès de mon auto-festival Locarno-Rotterdam.

Un peu moins de deux mois pour voir vingt films des sélections passées de Locarno et Rotterdam. Belle sélection au demeurant - je n'ai aucun mérite, je vois ce qui est disponible sur Festivalscope et en VoD, garanti sans piratage. Beaucoup de films très aventureux dont je ne comprends pas les non-sélections dans les trois gros festivals mais il manquait sans doute de casting....

Comme à mon habitude digne de la psychiatrie, voici mon palmarès.... Etant donné que j'ai mélangé Léopards et Tigres, j'ai appelé ça les Félins.

Félin d'or : Il est difficile d'être un Dieu d'Alexei Guerman (Rotterdam) 5/6
Le gros morceau de mon auto-festival. Presque trois heures dans la boue, la morve et les viscères d'une expérience cinématographique hors norme. Pas sûr d'avoir bien tout saisi de la métaphore philosophique de cet Homme-Dieu qui observe les malheurs d'un monde bientôt plongé dans l'obscurantisme religieux et fasciste. Les tableaux sont fascinants, l'aspect film-univers
assez incroyable. Vraiment une expérience suffocante mais ça change du tout-venant cinématographique... Le film a super bien vieilli.

Grand prix du Félin : Sayonara de Koji Fukada 5/6
Film très étrange et passionnant de Koji Fukada (Au revoir l'été et bientôt Harmonium), une fable SF post-apocalyptique qui convoque aussi bien Philip K. Dick (les androïdes rêvent-ils de moutons électriques) que Béla Tarr (l'humanité résumée à une maison à la campagne). Cela prend beaucoup son temps, surtout dans la première partie où les dialogues ressemblent parfois à une lettre d'intention sur le thème de l'exil et de l'impossible oubli - on retrouve ces thèmes dans les autres films de l'auteur. Par contre, la dernière demi-heure est absolument magnifique. Le film se resserre sur le couple androïde-femme seule, les dialogues se résument à des haïkus et des poèmes et la photographie d'Akiko Ashizawa (Vers l'autre rive) est une merveille. Je suis persuadé que Koji Fukada va signer un chef d'oeuvre dans les années qui viennent.

Prix du Félin : Ascent de Fiona Tan (Locarno) 5/6
Locarno 2016. Film expérimental de Fiona Tan qui, à l'aide de photos, raconte l'importance du Mont Fuji dans l'imaginaire japonais et dans son histoire d'amour avec un homme nippon. Simple dans son dispositif, beau, surtout quand la narratrice tisse le lien intime entre son histoire et le Mont Fuji, captivant pour qui s'intéresse au Japon ou juste à la manière de raconter des histoires juste avec des photographies.

Félin du meilleur acteur : Marc Barbé dans Les Ogres de Léa Fehner 5/6
Belle surprise que ce film français dont je ne savais rien - pas vu le précédent Féhner - et qui ressemble à un mix entre Blier dans sa meilleure forme, et Kéchiche sans sa misanthropie sociale. Cela frise toujours l'hystérie mais ça retombe toujours sur ses pattes, grâce aux acteurs, tous géniaux. Mention spéciale à Marc Barbé, acteur que j'aime d'amour.

Félin de la meilleure actrice : Subenja Pongkorn dans Bangkok Nites de Katsuya Tomita 4-5/6
Nouveau film fleuve de Katsuya Tomita (Saudade) filmé en Thaïlande et au Laos, qui suit un Japonais (joué par le réal), qui revoit la prostituée dont il était éprise et part avec elle au Laos (je simplifie l'intrigue). C'est à la fois langoureux - trois heures tout de même -, incroyablement riche, pas toujours "parfait" sur le plan narratif, mais toujours stimulant et souvent super beau formellement même si la lumière thaïlandaise aide beaucoup. La jeune actrice thaï Subenja Pongkorn parvient à distiller une vraie Saudade au film. Très attachant même si le film aurait pu presque s'arrêter sur la fin de la deuxième partie.

Félin du meilleur scénario : Listen Up Philip d'Alex Ross Perry (Locarno) 4/6
Film à la fois passionnant et irritant, brillant et poseur. Alex Ross Perry a énormément de talent pour croquer des personnages, saisir leur vacuité, jouer avec la narration. Mais, revers de la médaille, comme Alexander Payne, par exemple, on ressent une certaine misanthropie, un "jugement" sur les personnages et les situations, ce qui empêche l'empathie. Mais j'aimerais bien avoir son talent d'écriture...

Félin de la mise en scène : Ben Rivers pour Two Years at Sea (Rotterdam) 4/6
Du cinéma chamanique impressionnant formellement, avec des séquences qui convoquent un certain Béla Tarr. On ne cachera pas qu'il faut s'accrocher pour ne pas sombrer dans les limbes tant le fil narratif est mince - un ermite, la neige, le brouillard et un hors champ à s'inventer. Le dernier plan est magistral, dans sa composition et dans ce qu'il dit - en tout cas ce que j'en ai compris. Voilà qui ferait un beau double-programme avec Homo Sapiens.

ex-aequo avec Bella e perduta de Pietro Marcello (Locarno) 4/6
Un conte documentaire italien où les buffles parlent et les hommes souffrent en silence dans des châteaux en ruines. Formellement, le film est aussi beau que son affiche, d'une beauté à tomber amoureux de la campagne italienne. Souvent le film déroute - pas sûr d'avoir bien compris toute la thématique autour de Polichinelle - mais il m'a tenu en suspension, jusqu'à sa très belle fin. Un OFNI.

Voici dans l'ordre de préférence les films qui repartent sans "prix".

Los Hongos d'Oscar Ruiz Navia (Locarno) 4/6
Ne pas se méfier à l'affiche bien repoussante, c'est une très belle chronique sur l'adolescence à Cali, le street art et l'amitié masculine. Je trouve le scénario très bien écrit - on retrouve d'ailleurs le réal de La Terre et l'ombre en co-scénariste -, le tempo parfait pour une sieste éveillée, j'aimerais beaucoup voir un film identique en France (mais peut-être que j'ai raté Vandal).

Le Grand jeu de Nicolas Pariser (Locarno) 4/6
Premier film très original, pas totalement abouti - le deuxième tiers patine un peu et la scène d'action manque de peps - mais toujours prenant grâce à un excellent personnage - joué par le précieux Melvil Poupaud - et le sentiment (que j'aime au cinéma) d'être autant dans le flou que le héros. Cela m'a fait penser au Ghost Writer de Roman Polanski. J'aime beaucoup le background du film, qui m'a d'ailleurs fait penser - et l'on en retrouve des traces dans la répression exagérée des manifs de la loi travail que jusqu'en janvier 2015 -, le véritable ennemi intérieur pour le renseignement était les groupuscules de l'ultra-gauche.

Poesia sin fin d'Alejandro Jodorowsky (Locarno) 4/6
Généreux, poétique, baroque.... Alejandro Jodorowsky revisite l'histoire familiale avec des idées de mise en scène brillantes et un amour communicatif pour la poésie. C'est bien sûr trop long (2h08) et inégal - la première heure est meilleure que la seconde - mais ça respire le cinéma - Doyle à la photo messieurs-dames. Plutôt embarqué même si, bien sûr, ce n'est pas aussi extraordinaire que ses films des années 70.

La loi de la jungle d'Antonin Peretjatko (Locarno) 4/6
Comédie française décalé dans l'esprit des Pierre Richard. J'ai plus souri que ri mais je trouve que le film a une vraie originalité dans le contexte français contemporain entre You Tubeurs mauvais comme cochons devant la caméra et vieux ringards de l'humour TF1. J'aime plus les gags visuels que le côté OSS117 de l'intrigue. Et Vimala Pons est parfaite dans le registre de l'aventurière dure à cuire so sexy. Non, c'est vraiment pas mal.

Tanna de Bentley Dean et Martin Butler (Rotterdam) 4/6
Dimanche, on oublie tout avec cette histoire d'amour mythologique (mais pas tant que ça, c'est surprenant) dans une tribu polynésienne. C'est très beau quand ça oublie de faire sens, notamment toutes les scènes sur le flanc du volcan et avec la petite soeur, mais l'acteur principal joue vraiment comme un pied, avec une seule expression soucieuse. La voix de Lisa Gerrard fait toujours son petit effet - ça m'a donné envie de m'y remettre. Et puis cela fait du bien de savoir que des humains, quelque part, ne savent pas qui est Donald Trump (c'est aussi le projet du film de nous rappeler qu'il y a un autre modèle que nos sociétés consuméristes occidentales).

Dead Slow Ahead de Mauro Herce (Locarno) 4/6
Film-trip hypnotique qui évoque aussi bien «Leviathan» de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel que les installations visuelles du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul - on pense beaucoup à «Syndrome and a Century» lors de la scène finale, «Dead Slow Ahead» est une expérience immersive à laquelle il ne manque juste qu'un petit supplément d'âme - Mauro Herce s'intéressant plus aux machines qu'aux hommes, subjugué par la beauté de ses monstres d'acier.

James White de Josh Mond (Locarno) 3/6
Je n'avais pas lu le pitch... Bon, le cancer donc, mais pas au centre du film, portrait d'un trentenaire en colère contre la vie. Le film a un problème de rythme - 1h25 qui en paraissent 2 - mais l'acteur que je ne connaissais pas - Christopher Abbott - porte le film et toute la douleur du monde sur ses épaules. Pas inintéressant et la fin est très belle mais ça manque de nerf dans la mise en scène pour vraiment m'emporter.

Un Jeune Poète de Damien Manivel (Locarno) 3/6
J'ai beaucoup aimé Le Parc, le second film de Damien Manivel donc j'étais très intrigué par celui-ci. L'argument est assez mince : on suit un jeune homme qui veut devenir poète dans les rues de Sète et c'est tout. C'est charmant, un brin poseur aussi, cela tient beaucoup sur un fil comme le jeu de l'acteur... La durée est parfaite car je commençais à ressentir une légère impression de tourner en rond.

Les Ardennes de Robin Pront (Rotterdam) 3/6
Polar extrêmement noir et violent, pas très bien écrit - les persos sont hyper sommaires, surtout la fille-qui-se-fait-prendre-en-levrette-et-qui-vomit-avant-de-se-balader-à-poil, mais dont le troisième acte prend quand même un peu aux tripes. Un remake serait en cours aux Etats-Unis, honnêtement je pige pas trop tant il est évident que le talent est derrière la caméra et non la plume.

Suntan d'Argyris Papadimitropoulos (Rotterdam) 2/6
Encore un remake de la Piscine ? C'est presque ça... Un gros médecin local tombe amoureux d'une belle et jeune touriste. Le début est plutôt séduisant - scope d'été, fille sublime - mais ça se gâte à mi-parcours pour prendre une trajectoire trop prévisible. Une déception, donc, même si le réal a du talent.

La Peau de Bax d'Alex van Warmerdam (Locarno) 2/6
Je suis jamais entré dans le film, trop cynique, trop calculé, cela m'a fait penser au cinéma de Denis Coté... après il y a des idées dans l'écriture, je reconnais aussi qu'il utilise bien son "espace", un peu comme dans Borgman, mais ce cinéma détaché ne me touche absolument pas.

Les Miller, famille en herbe (Locarno) 2/6
Je suis Team Aniston, comme on dit. Bon, là c'est assez faible. J'ai souri deux-trois fois mais que l'on arrête de parler de la faiblesse de la comédie française quand on voit l'équivalent ricain à nos comédies à pitch.


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MessagePosté: 14 Nov 2016, 09:17 
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Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8358
Karloff a écrit:
Bella e perduta de Pietro Marcello (Locarno) 4/6
Un conte documentaire italien où les buffles parlent et les hommes souffrent en silence dans des châteaux en ruines. Formellement, le film est aussi beau que son affiche, d'une beauté à tomber amoureux de la campagne italienne. Souvent le film déroute - pas sûr d'avoir bien compris toute la thématique autour de Polichinelle - mais il m'a tenu en suspension, jusqu'à sa très belle fin. Un OFNI

Pas compris grand chose non plus, et j'ai pas trouvé cela spécialement beau, ça aurait été intéressant d'avoir l'avis détaillé de Zad qui semble l'avoir adoré.


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