Forum de FilmDeCulte

Rentrée littéraire

- Yoga (Emmanuel Carrère)
- Comme un empire dans un empire (Alice Zeniter)
- Le jour où (Amélie Antoine)
- 2030 (Philippe Djian)
- Nickel Boys (Colson Whitehead)
- Clint et moi (Eric Libiot)
- Chavirer (Lola Lafon)
- Je craque pour toi (Chris Charvel)

Et bien c'est pas top, tout ça. Je passe charitablement sur Je craque pour toi, romance sans aucun intérêt et aussi mal écrite que les deux précédents livres de l'auteur, que j'ai lue pour faire plaisir à une amie. Mais le reste, dont j'attendais quand même un certain niveau, m'a semblé bien moyen. Le seul que je sauve, finalement, reste le Amélie Antoine. Et je soupçonne le Colson Whitehead d'être surtout bien mal traduit.

J'enchaîne avec Les Démons (Simon Libérati), dont les premières pages sont déjà d'une lourdeur proche de l'insupportable, puis Les Métamorphoses, du grand pote de FF Camille Brunet.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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J'étais vaguement tenté par Chavirer...Et puis comme j'avais beaucoup aimé la clé usb l'année dernière je vais lire "Les émotions" de Jean-Philippe Toussaint

Pas convaincu par le Carrère, Cosmo?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Non vraiment pas. Déjà, j'avoue que le sujet de base ne m'intéresse pas du tout. Mais au delà du yoga, j'ai eu du mal à comprendre ce que l'auteur voulait nous raconter. Il raconte sa vie, quoi... ok. C'est variablement intéressant.

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Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
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Même ressenti. Le yoga est un vague fil conducteur, mais il manque une cohérence. Il s'éparpille. Et ce qu'il raconte n'est pas super intéressant.

Un peu comme Un roman russe ?

Comme Le royaume. Le mec prend un sujet et brode autour de son petit nombril. Celui-là avait l'air plus fort parce qu'il raconte une profonde dépression mais les retours m'ont découragé.

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CroqAnimement votre

Ah non, dans le Royaume il commençait par parler de lui et faisait des digressions WTF sur la branlette mais à part ça il traitait vraiment son sujet et prenait un angle vraiment intéressant pour parler de la Foi et de la chrétienté.

Un roman russe, là il racontait juste sa vie.

Pas lu Un roman russe mais Le royaume m'avait soulé pour tous ces passages hyper égocentrés hors sujet même si oui il y avait un vrai boulot sur le reste du bouquin (que j'ai globalement oublié d'ailleurs).

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CroqAnimement votre

Si c'est toujours Serge Chauvin à la trad, non, c'est pas mal traduit.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Concernant Yogo, l'ex d'Emmanuel Carrère a écrit un droit de réponse cinglant.
https://www.vanityfair.fr/culture/voir- ... yoga/81120

Elle conteste le fait d'avoir été citée sans avoir donné son accord (alors qu'un contrat entre eux le spécifie) et révèle des "aménagements" avec la réalité des faits racontés. On est davantage dans le roman personnel que dans le récit biographique...

Il peut rejoindre le club des gros connards présidé par Desplechin.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Sinon commencé Leurs Enfants après eux de Nicolas Mathieu.
Des aspects sont intéressants (l'intériorisation de la sélection académique dans la vie quotidienne, très française, le rapport d'une région en déshérence à la frontière luxembourgeoise), mais il joue trop systématiquement sur l'opposition "roman du politique" (avant, pendant les 30 gloorieuses) / "roman du social" (pendant la crise) et est très sec dans la caractérisation(,pourtant très développée, des personnages, pareillement extérieur au groupe et à l'individu. Même Aragon (dans une registre finalement pas si éloigné) donne plus d'espace à ses personnages (et pourtant il tente de justifier le communisme à travers eux).
Cela occasionne les malentendus. Le quatrième de couverture parle ainsi d'un portrait littéraire de "la France qui écoute Johnny Halliday" (de manière assez dédaigneuse, dans l'ère du temps) alors que les personnages sont plus compliqués que cela (le personnage d'Anthony écoute Janis Joplin par exemple, il sait distinguer la copie de l'original et comprendre que l'écart forme complexe qui peut être surmonté). Je me retrouve plutôt dans ce qu'écrit (mais sur une autre époque) François Bon.
Les mauvaises langues disaient que cela faisait un Prix Goncourt de la même couleur que la Ministre de la Culture.
Mais bon il y a quand-même quelque-chose d'intéressant, une ambition balzacienne pour parler du contemporain et d'ados délaissés par le roman, l'esprit des années 90 n'est pas mal cerné malgré quelques anachronismes (la langue avec laquelle il fait parler ses personnages est plutôt celle des années 2000, des expressions comme cassos ou j'avoue... ne se disaient pas en 1992-1996).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Un petit peu eu du mal avec Aurélien (non pas que cela soit mauvais, mais c'est une brique), dès lors je me suis reporté au début du cycle romanesque d'Aragon dans l'espoir de reprendre.



Et c'est excellent. Influencé (et en concurrence avec le second) par Balzac et Proust, mais aussi, de façon plus inattendue, pas sans rapport (notamment dans la manière d'inscrire partout le cataclysme de la première guerre mondiale, jusque dans les gestes les plus anodins de la fin du XIXème sicème, et de le percevoir voir comme un fait culturel plutôt que national) avec l'angle de l'Homme sans Qualités de Musil ou les Somnanbules d'Hermann Broch. Aragon a finalement envers le communisme le même rapport d'attraction et en même temps de doute diffus qu'ils entretenaient avec le positivisme (et la phénonomélogie qui à la fois le critique et l'accomplit) .
Et style excellent, fluide et dense.
Il me semble que les romans d'Aragon sont un peu oubliés de nos jours, qu'on le réduit aux chansons édifiantes de Jean Ferrat qu'écoutait un oncle enseignant, alors que son oeuvre est plus complexe et retorse.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Lu que Les Beaux Quartiers ado, qui m'ont induit à penser que Aragon était un romancier néo-classique essentiellement bon à divertir la menagère. J'ai sans doute tort mais je lirais plus volontiers Martin du Gard que cette baderne d'Aragon.