Alien (Ridley Scott, 1979)
Le film séminal. Sur le papier, c'est juste Les Dents de la Mer dans l'espace, avec néanmoins un univers dense (les oeufs, les Facehuggers, le Space Jockey, l'Alien). Avec l'arrivée de Ridley Scott, le film prend une richesse toute autre. En faisant du personne de Ripley une femme et en choisissant les designs de l'obsédé Giger, Scott blinde son film de référants sexuels, de renversement de rôles (le mec qui accouche, le capitaine mâle qui crève, la femme seule survivante) avec face à face une femme initialement secondaire et un monstre phallique de partout (son crâne, sa langue, sa queue, ses tubes dans le dos). A côté, en faisant des camionneurs spationautes dans un vaisseau crade, tout en te foutant des décors parfaits absolument magnifiques, le mec redéfinit le film de SF.
La version alternative (qui n'est pas un Director's Cut) apporte un ajout intéressant mais non-canonique à cause du 2.
Aliens (James Cameron, 1986)
A l'instar d'Abyss, la version longue du film donne encore plus de sens au récit, faisant de Ripley la mère d'une gamine morte avant qu'elle n'en trouve une de substitution, devenant ainsi la seule capable de combattre la Reine Alien. Au délire sexuel succède un délire maternel. Et à côté, le film joue habilement la carte de la surenchère, non seulement dans l'univers (Weyland-Yutani développée, le système "reproductif" des Aliens...même si j'aime moins le design des crânes d'aliens selon Stan Winston) mais évidemment dans le genre. Influencé par la guerre du Vietnam avec ses soldats plongés dans un environnement hostile où ils sont dépassés. Il n'y a plus un mais des centaines d'Aliens et la machine de guerre n'y peut quasiment rien. Belle galerie de personnages également et puis le face à face final, avec l'exosuit, c'est juste cadeau.
Alien 3 (David Fincher, 1992)
On sent que le film est inabouti quelque part. On sent les idées qui viennent de scripts précédents (les codes barres suggérés par William Gibson, la foi apportée par Vincent Ward), Fincher essaie de faire son truc mais le scénario est plus faible. J'aime qu'il renvoie au premier film (lieu plus exigu, un seul Alien), j'aime aussi qu'il fasse explorer toujours plus de genres à la franchise (après le film d'horreur/SF, après le film d'action/de guerre, le film de prison) et qu'il approfondisse toujours plus l'univers (l'Alien quadrupède). La version alternative (pas un Director's Cut non plus) apporte là aussi quelques ajouts intéressants, explorant plus avant la folie du personnage de Golic, fasciné par le monstre, mais ça reste boîteux et les autres modifs (le boeuf, Bishop II humain, le Chestburster Reine qui sort pas) sont nases. Les thèmes, comme le retour de la sexualité de Ripley, auraient pu être développés. Reste un film classe et de très belles scènes, même s'il se passe pas grand chose.
Alien Resurrection (Jean-Pierre Jeunet, 1997)
Cinq ans plus tard, le monstre on l'a vu sous toutes les coutures, la saga aussi, donc Jeunet signe une espèce d'amalgame des autres (le goûts pour la beauté des décors du Scott, l'équipe de protagonistes mercenaires à la Cameron) avec beaucoup d'humour (la patte de Joss Whedon se ressent aussi), limite second degré, mais tout en assumant le premier degré de ses passages les plus zarb (le labo des clones ratés, la communion entre Ripley et les créatures, tout le délire autour du Newborn). Ca va de l'action à l'horreur au dégeu à la comédie à la SF etc...là aussi, je trouve ça foisonnant.
Si je devais les classer, ça donnerait :
1. Aliens
2. Alien
3. Alien Resurrection
4. Alien 3
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