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 Sujet du message: La crise des librairies
MessagePosté: 26 Aoû 2022, 21:01 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Louvain-La-Neuve, probablement la plus grande ville universitaire de Belgique francophone.
Il y a quelques mois, la grande libraire Agora, dont la chaîne avait été reprise par le Furet du Nord, avait fermé et reste vidd. A présent, c'est le bouquiniste les Fleurs du Mal, bien visible sur la Grand Place depuis une trentaine d'années, et qui était doté d' un fond très riche en sciences humaines et philosophie qui jette le gant. On pouvait en fouinant y dénicher des introuvables en dehors des B.U.(Instructions païennes de Lyotard, Au Coeur des Sociétés de Sahlins) La petite boutique carrée est vide, démembrée et remplie d'ombres. Un autre bouquiniste bruxellois, Nijinski, dans le quartier du Chatelain qui s'est boboïsé, a connu un peu le même sort (même s'il s'agit là d'un déménagement, mais pendant les livres partent au pilon - exemple : l'histoire de la Littérature américaine par D.H. Lawrence détruit. La boutique a été remplacée par un concept store de vélo électriques de luxe pendant 6 mois puis une boutique de vêtement.
Un bouquiniste qui ferme, ce n'est pas la même échelle que la fermeture du magasin d'une chaîne, mais participe de la même crise, à la fois culturelle et économique. Les acheteurs vieillissent, les bouquinistes aussi et peu de jeunes vont reprendre le fond, surtout avec le renchérissemebt des loyers, même s'il y a eu quelques ouvertures a Bruxelles dans les Marolles et à Stalingrad, mais à la lisière avec la zone touristique, en dehors de cela le désert culturel croit. Les crises économiques iqus liées au COVID et à la guerre rendent improbables un soutien public pour amortir le choc. C'est une situation qui résonne, tout comme la pénurie d'enseignants et la généralisation des contractuels pour y pallier, très fortement, mais de manière inarticulée et inquiétante, avec la crise écologique. Non seulement l'attention et même l'activité d'écriture sont accaparées par l'Internet permanent, mais les jeunes qui passeraient à travers les mailles du filet et se montreraient désireux d'explorer un autre rapport à l'écrit et à l'expression risquent de ne plus rien trouver de qui soit matériel et incarné dans un lieu pour les appuyer. Il n'est plus sûr que la lecture ait un futur, et cela dans des pays qui ont axé une large part de leur politique culturelle et de leurs débouchés universitaires sur la valorisation du patrimoine.Celui-ci, comme les autres ressources, peut se tarir.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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 Sujet du message: Re: La crise des librairies
MessagePosté: 27 Aoû 2022, 08:05 
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Inscription: 21 Aoû 2021, 19:41
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Lecteur de facture honnête (j'essaye de lire au moins une dizaine de pages chaque soir), ça fait au bas mot quinze ans que je n'utilise pas les librairies.

Tarifs prohibitifs (les classiques à 8, 10 euros : vaste pantalonnade), stocks peu fournis (autant commander soi-même que de passer par le commerçant), part belle faite à "l'actualité" littéraire surabondante, peu de sections en langues étrangères (souvent dominées par les sortie YA), trop rares sections occasion (déjà vers 2009/2010 chez Gibert les prix de l'occasion étaient trop élevés à mon goût... il n'y a que Boulinier qui reste réglo mais ils sont envahis de conneries). Amazon propose sa plateforme à des petits vendeurs qui écoulent notamment les ouvrages de bibliothèques américaines ou britanniques voués au pilon à des prix qui on légèrement augmenté au cours des dernières années, mais toujours parfaitement avantageux, avec une sélection vertigineuse et qui me parle. Momox s'en tire plutôt bien, par exemple.

Je vois les librairies comme des salles de shoot pour bibliophiles qui ont un budget, s'intéressent aussi bien à l'objet livre qu'aux dernières publications et qui prennent plaisir à flâner dans un commerce, ce qui n'est pas mon cas. Au pire je vais passer chez Cultura en catastrophe le 24 décembre en fin de journée pour un cadeau. D'ailleurs la dernière fois c'était il y a 2 ou 3 noëls, sans trop d'espoir, et j'ai quand même trouvé ce que je cherchais : Désert Solitaire d'Edward Abbey, que j'étais à peu près certain de ne pas trouver dans une librairie de quartier indépendante.

Et puis ma foi, libgen c'est quand même bien pratique aussi.

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Looks like meat's back on the menu, boys!


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 Sujet du message: Re: La crise des librairies
MessagePosté: 27 Aoû 2022, 08:45 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 35751
Localisation: Paris
Soutine aux librairies

Je ne commande presque jamais de livres sur internet. J'essaie de les acheter en présentiel dans le magasin, ou alors je les commande au magasin. Forcément y a que pour certains livres en anglais que c'est plus difficile et là j'ai recours au web, mais si possible pas à Amazon.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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 Sujet du message: Re: La crise des librairies
MessagePosté: 27 Aoû 2022, 08:55 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 27759
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
J'avoue que j'achète presque uniquement les livres d'occasion. La découverte de Chassauxlivres (qui te cherche la meilleure occasion en ligne) n'a fait qu'accentuer ce mode de fonctionnement avec des livres en état neuf au moitié du prix voire moins (la semaine dernière, payé Une toute petite seconde, 11€ envoi compris). Mais il y a quelques rares exceptions pour les nouveautés (récemment la saga Blackwater) où je vais en libraire. Là je vais me prendre la réédition de La maison des feuilles.

Sinon il y a l'ironie des dotations CE, j'ai chaque année au moins 150€ a dépenser mais ça marche que dans des grandes enseignes type Fnac ou Cultura...

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CroqAnimement votre


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 Sujet du message: Re: La crise des librairies
MessagePosté: 27 Aoû 2022, 09:18 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22323
Localisation: Paris
Même « problème » avec le CE.
Sinon le vrai problème que j’ai aujourd’hui, c’est simplement le stockage. J’ai du vendre plusieurs centaines de bouquins faute de place. J’aimerais en acheter plus mais petit appart. Donc en dehors de quelques rares achats (Djian, Houellebecq…), c’est liseuse.

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso


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 Sujet du message: Re: La crise des librairies
MessagePosté: 27 Aoû 2022, 10:10 
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Inscription: 01 Sep 2013, 17:45
Messages: 393
Mouais je boycotte Amazon (sauf pour l'achat de nouveautés en comics VO où je passe par une de ses filiales pour les prix les plus avantageux), mais la librairie de neuf n'est pas un modèle si vertueux notamment sur le plan écologique : bouffée par la diffusion-distribution dans son organisation, les livres neuf qu'elle propose sont manutentionnés jusqu'au délire. Quand on sait que les nouveautés restent en rayon moins de deux mois (de mémoire 3 semaines en moyenne aujourd'hui), on imagine bien les allers-retours de cartons dans des camions et le bilan carbone de cette activité est catastrophique, même si les camions sont hybrides. Et cette logistique qui s'impute sur le prix du livre neuf (représentant la part du lion, au moins 40% de son prix) s'appuie sur des intérimaires dont les conditions de travail ne sont pas radicalement différentes de celles des employés des entrepôts d'Amazon. Il s'agit de passer ses journées à transporter des cartons en toute précarité et sous pression de rendement maximum.

Après j'aime bien parfois lire des livres au hasard, sans influence d'un milieu culturel ou suggestion d'un algorithme, et pour ça rien ne remplace les librairies en centre-ville, bouquinistes et bibliothèques. Je fais pas mal d'emprunts en bibliothèques car oui les livres à force prennent beaucoup de place.


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