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100 écrivains, 100 tops
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Auteur:  Castorp [ 09 Déc 2014, 01:15 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ouhla, oui, fatigué moi. Tu l'as lu ?

Auteur:  The Scythe-Meister [ 09 Déc 2014, 09:53 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Castorp a écrit:
Ouhla, oui, fatigué moi. Tu l'as lu ?

Oui. A mon sens, c'est un écrivain atteint du syndrome du "grand livre américain" : chaque livre doit tout dire sur tout (à l'opposé du syndrome du "petit livre français", qui ne doit rien dire sur rien). Par conséquent, chacun de ses livres a un tiers en trop, et des quantités de pages ni bonnes ni mauvaises, qui déroulent leur programme. Et de temps en temps des pages admirables.
S'il écrivait moins et prenait le temps de se concentrer, il rivaliserait avec les plus grands, mais c'est un boulimique alors ça n'arrivera sans doute pas. En l'état, ça vaut quand même le coup.
Le meilleur truc que j'ai lu de lui, c'est un extrait de Rising up and Rising down, son livre en 7 volumes (3352 pages, lol) sur la violence. La version synthétique de 900 pages est sortie en français mais je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de m'y plonger.

Son dernier recueil d'histoires de fantômes, The last stories and other stories, est très tentant aussi.

Ceci étant dit, le fait qu'il ressemble à un serial killer me le rend attachant :

Image

Auteur:  Karloff [ 09 Déc 2014, 14:15 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

krasznahorkai, j'ai lu Guerre & Guerre, que j'ai trouvé assez prenant - mais long, très long.

sinon dans les contemporains post 2000, mes romans préférés sont:

"Kafka sur le rivage" de Haruki Murakami
"La Possibilité d'une île" de Michel Houellebecq
"Les Mille Automnes de Jacob de Zoet" de David Mitchell
"Tokyo, ville occupée" de David Peace
"La Route" de Cormac McCarthy
"Peste et choléra" de Patrick Deville
"Retour à Killybegs" de Sorj Chalandon
"L'Adversaire" d'Emmanuel Carrère
"Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" de Mathias Enard
"L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni

Auteur:  Arnotte [ 09 Déc 2014, 14:25 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ah tiens, Sorj Chalandon! J'ignorais qui il était mais j'ai terminé pas plus tard que hier soir LE QUATRIEME MUR. J'ai trouvé ça très fort.

Auteur:  Castorp [ 11 Déc 2014, 21:09 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

The Scythe-Meister a écrit:
Oui. A mon sens, c'est un écrivain atteint du syndrome du "grand livre américain" : chaque livre doit tout dire sur tout (à l'opposé du syndrome du "petit livre français", qui ne doit rien dire sur rien). Par conséquent, chacun de ses livres a un tiers en trop, et des quantités de pages ni bonnes ni mauvaises, qui déroulent leur programme. Et de temps en temps des pages admirables.


Oui, je n'en ai lu qu'un de lui (The Ice-Shirt), et c'est plus ou moins l'impression que ça m'avait donné. Mais il a un talent fou, et ça vaut vraiment la peine de le lire. Ilou, tu sais quoi faire !

Tu as lu beaucoup de trucs de lui ?

Ah tiens, à ma liste, j'ajouterais peut-être William Gass, mais pareil, je n'en ai pas encore assez lu pour vraiment en parler.

Auteur:  Ilouchechka [ 11 Déc 2014, 23:12 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Art Core a écrit:
Ilouchechka a écrit:
J'avoue qu'à part krasznahorkai (Merci Bela Tarr) et dans les morts frais, David Foster Wallace, je n'ai pas lu grand chose qui m'ait étendu, soufflé, bouleversé, mais je lis très peu de très contemporains. Des recommandations ?


Ah tiens j'adore Bela Tarr mais j'ai jamais pensé à lire les romans dont ses films sont adaptés.
Tu conseilles lequel ?


Commence peut être par Guerre et Guerre, qui est celui qui m’a le plus remué. Le récit d’un archiviste, Korim, qui découvre un manuscrit qui change sa vie, et se met en tête de témoigner, d’aller au centre du monde, New York (alors qu’il ne parle pas l’anglais), et de dire, de parler, convaincu que le livre qu’il détient est celui qui sauve.

Mais qui est t’il, Korim ? Est-ce un faux prophète, un benêt qui ne fait que délirer ? ou un serviteur de Dieu, porteur d’une parole sacrée ? Ou est-ce que cette question n’a finalement pas d’importance ?

Kraznahorkai est profondément désespéré de notre époque (comme tout être sainement constitué l’est) et la question de l’Apocalypse est centrale dans son œuvre. Or, L’Apocalypse, c’est avant tout (étymologiquement) l’action de découvrir, et donc la révélation (l’apocalypse de Saint Jean par exemple, c’est le livre de la Révélation), et cela ne va pas sans la question du messager. Qui parle, pour aller où ? (d’où le titre).

Le style peut te paraître éreintant dans un premier temps, au vu des très longues phrases, avec une ponctuation erratique, absente, qui vise à recréer une expression orale via une expansion continue par accrétions régulières, comme un flot de paroles. Ce n’est pas nouveau, absolument innovant, complètement génial, Faulkner, Bernhard, Beckett, Joyce (pour ne citer que les sources) sont passés par là, mais K. ne se place pas dans le registre de la nouveauté, mais dans une recherche qui transcrit de façon adéquate ce qui se passe dans son crâne :

K a écrit:
What would reflect an Oriental concept of time would be not long or short sentences, but silence. The sentence structures that I use result, rather, from an internal process. I generally spend my days alone, I don’t talk much; but when I do, then I talk a lot and continuously, never ending a sentence. Many people are like that. You may notice that the majority of people talk the way I write.

Source : http://quarterlyconversation.com/the-la ... -interview


D’ailleurs, au sujet des langues, Il y a une anecdote qui revient souvent dans les lectures/interviews de K. :

K a écrit:
‘Ok, a short story for you. I don’t know how long but I spent many years on the road, trying to find architecture that a human being had built in defence against the bad, and that’s why I was in Denmark because of a certain city wall. At night, I couldn’t sleep so I listened to Danish radio between 1 and 2am. I found a program in which sometimes a woman, sometimes a man read some wonderful poems, unbelievably beautiful and sad.’
‘After a few weeks I went back to Copenhagen to my girlfriend, and said what a wonderful kind of late night literary program you have between 1 and 2am! But we don’t have such a program, she said. But I’ve heard it, I said, it must be a literary program. No, we haven’t one, she said, again, and slowly, she said, it’s almost 1am, please, show me. I found the station on the radio: listen, do you hear? But László, she said, this is the weather report!

Source : http://www.lit-across-frontiers.org/tra ... znahorkai/



Et, effectivement, ce n’est pas la même chose que Bela Tarr, K. le pose ainsi (et se pose en cinéphile):

K a écrit:
I gave him (Tarr) everything, all I knew, body and soul, really everything, and despite all this he created an absolutely original cinema, something utterly authentic, a form of art quite different from mine. I willingly gave my heart to helping him and now, looking back at these works, these collaborations between myself and Tarr — Tarr’s work — I must say that I almost like the results, that Tarr’s cinema is the only cinema I can really tolerate.”

Source: http://www.themillions.com/2012/05/anti ... orkai.html


Je ne saurai pas te dire ce que vaut la traduction française (l’ayant lu dans une autre langue) mais je fais confiance à Asensio quant il souligne la qualité du travail de traduction (publié aux éditions Cambourakis) Image

Castorp a écrit:

Chon Myonggwan et son exceptionnel La baleine, un de mes romans préférés de tous les temps.
Et Lyonel Trouillot, dont je trouve la voix singulière et belle.

Bonus : Imre Kertesz, que tu as peut-être déjà lu.
Et Thomas Vollmann, mais je ne le connais pas encore assez pour vraiment en parler.


Myonggwan a pour avantage d'avoir le même titre qu'un des plus belles nouvelles du monde, High hopes. Trouillot avait fait quelque chose de sympa sur le "dur devoir d'exister" (sic) même si j'avais frisé l'exaspération par endroits, tu as une recommandation particulière ?

Vollmann est aussi avenant que mon voisin, je ne sais pas si ça en dit beaucoup sur mes fréquentations, ou sur lui. Bref, quant j'aurais du temps, j'avalerai un de ses pavés.

Billy Budd a écrit:
Si tu lis l'américain, DeLillo.

Dans les écrivains français, Renaud Camus, mais il écrit des choses tellement différentes que cela dépend essentiellement de tes goûts voire penchants.


Sans être aussi outrancier que Caribou, j'avais "bien aimé sans plus" (pire compliment possible avec "c'est pas mal" Outremonde, et ça m'avait un peu découragé de poursuivre l'enfilement de toutes ces pages, Cosmopolis, sinon ?

Merci Karloff (sauf pour Carrère :D) et Cantal aussi, je regarderais tout cela !

Auteur:  Castorp [ 11 Déc 2014, 23:31 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ilouchechka a écrit:
Trouillot avait fait quelque chose de sympa sur le "dur devoir d'exister" (sic) même si j'avais frisé l'exaspération par endroits, tu as une recommandation particulière ?


Hum, c'est difficile à dire, parce que justement, ce côté potentiellement exaspérant me semble présent dans tout ce que j'ai lu de lui : sa façon de raconter Haïti avec amour est entêtante, comme le son régulier d'un marteau frappant l'enclume.
Là, comme ça, je te dirais La belle amour humaine, parce que j'aime sa narration en "tu", la densité de ses pages, et la beauté de ses portraits. Mais j'ai peur qu'il t'agace : Trouillot est souvent trop direct, et c'est sans doute le reproche que je lui ferais le plus.

Auteur:  Ilouchechka [ 11 Déc 2014, 23:58 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Castorp a écrit:
Hum, c'est difficile à dire, parce que justement, ce côté potentiellement exaspérant me semble présent dans tout ce que j'ai lu de lui : sa façon de raconter Haïti avec amour est entêtante, comme le son régulier d'un marteau frappant l'enclume.
Là, comme ça, je te dirais La belle amour humaine, parce que j'aime sa narration en "tu", la densité de ses pages, et la beauté de ses portraits. Mais j'ai peur qu'il t'agace : Trouillot est souvent trop direct, et c'est sans doute le reproche que je lui ferais le plus.


Ça aura au pire le mérite de faire réagir, ce qui n'est déjà pas si mal :D Haïti est une terre passionnante (alerte truisme) et son rapport à l'Occident s'est encore complexifié avec le Séisme, et devrait être étudié de beaucoup plus près d'ailleurs...

Tu tapes Haïti comme mot-clé dans Youphil et tu déprimes autant (si ce n'est plus) qu'n regardant une vidéo sur la RDC : http://www.youphil.com/fr/article/07145 ... ng-bashing

Auteur:  The Scythe-Meister [ 12 Déc 2014, 00:18 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ilouchechka a écrit:
Vollmann est aussi avenant que mon voisin, je ne sais pas si ça en dit beaucoup sur mes fréquentations, ou sur lui.


Mais non, regarde, il peut sourire aussi :
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Je suis mauvaise langue, il sait vraiment sourire parfois :
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Vallait mieux pas en fait.

Mais faut pas croire, lui aussi a été jeune, beau et optimiste :
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Ah oui, et il s'habille en femme et a fait un bouquin dessus :
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Voilà un auteur qui sait donner envie de le lire.

Auteur:  Art Core [ 12 Déc 2014, 00:48 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Merci Iloutcheka pour toutes ces précisions sur Krasznahorkai. Je mets Guerre et Guerre sur ma Wishlist ;) !

Auteur:  Ilouchechka [ 12 Déc 2014, 18:20 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

The Scythe-Meister a écrit:
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Fucking genius !

Comme quoi, ce n'est pas si compliqué le marketing.

Auteur:  Karloff [ 12 Déc 2014, 20:59 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ilouchechka a écrit:
Merci Karloff (sauf pour Carrère :D) et Cantal aussi, je regarderais tout cela !



Je te conseille David Peace dont l'écriture hallucinée me fait justement penser au Hongrois 'enfin dans l'autre sens du coup'

Auteur:  Cantal [ 13 Déc 2014, 00:23 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Ilouchechka a écrit:

Sans être aussi outrancier que Caribou, j'avais "bien aimé sans plus" (pire compliment possible avec "c'est pas mal" Outremonde, et ça m'avait un peu découragé de poursuivre l'enfilement de toutes ces pages, Cosmopolis, sinon ?


Tu risques aussi de bien aimer sans plus mais dans un autre genre j'avais été séduit par le lynchéen-cronenbergien "Bruit de fond".

Karloff a écrit:
Je te conseille David Peace dont l'écriture hallucinée me fait justement penser au Hongrois 'enfin dans l'autre sens du coup'

je sais pas ce que ça donne en anglais mais on sait rapidement si le style de ses bouquins est fait pour nous ou non. J'ai réussi à tenir sur deux, c'est déjà pas mal. Après je connais des fans.

Auteur:  The Scythe-Meister [ 13 Déc 2014, 01:25 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Castorp a écrit:
Tu as lu beaucoup de trucs de lui ?

3 plus des textes courts.

Castorp a écrit:
Ah tiens, à ma liste, j'ajouterais peut-être William Gass, mais pareil, je n'en ai pas encore assez lu pour vraiment en parler.

En même temps, il a écrit 3 livres.

Auteur:  Karloff [ 13 Déc 2014, 09:33 ]
Sujet du message:  Re: 100 écrivains, 100 tops

Karloff a écrit:
Je te conseille David Peace dont l'écriture hallucinée me fait justement penser au Hongrois 'enfin dans l'autre sens du coup'

je sais pas ce que ça donne en anglais mais on sait rapidement si le style de ses bouquins est fait pour nous ou non. J'ai réussi à tenir sur deux, c'est déjà pas mal. Après je connais des fans.[/quote]

C'est clair. Parfois ça me tombe des mains. Le premier de la trilogie Tokyo, Tokyo année zéro, je n'avais pas réussi à le lire la première fois.

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