Plusieurs années de creux en termes de découvertes, même si ça et là des pépites m'ont enthousiasmées comme le concerto pour piano n°2 de Prokofiev, mais je n'ai pas réussi à faire fructifier ça. Le temps me paraissait loin où je creusais un compositeur après l'autre en m'émerveillant quasiment toujours - et en pestant que la société ne mettent pas ces oeuvres plus en avant.
Et là, j'arrive enfin à percer la carapace Chostakovitch. J'avais tenté la symphonie 4 y a plusieurs mois et franchement c'était dur, moi qui pourtant vénère Mahler, la 4e de Chosta me déroutait trop. Il faut dire que je l'écoutais en streaming dans la rue ou le métro, et c'est en allant la voir en concert récemment que quelque chose s'est enfin ouvert dans mon esprit.
Là-dessus, je me renseigne sur le corpus des symphonies, c'est le genre qui me passionne le plus et qui est sans doute l'un des plus importants de l'histoire de la musique, et je vois que Chostakovitch a composé 15 symphonies toutes célébrées pour leur singularité. La 5 en particulier est décrite comme plus accessible qu'une 4e que le compositeur lui-même a remisées 26 ans par peur du courroux stalinien.
C'est donc par la 5e que la méga-claque me vient. 45 minutes de pure merveille, il y a les dissonnances et les ruptures de la 4e mais concentrées dans des cellules de temps plus restreintes, et le lyrisme y est globalement plus échevelé, en témoigne le premier mouvement qui donne la part belle aux cordes. Le 3e mouvement... est l'une des plus belles choses que j'ai jamais entendues, d'une tristesse sans fond contenue dans des subtils tapis de cordes. Le dernier mouvement est génial dans sa manière de simuler le triomphe du pouvoir soviétique alors que perce une profonde angoisse existentielle via les notes aigues tenues au pupitre de violons. Juste incroyable.
https://www.youtube.com/watch?v=cg0M4LzEITQ
(bon bien sûr vous vous doutez que ça demande un peu plus qu'une seule écoute pour vraiment accrocher)
Ce qui est génial en musique, c'est notamment ce sentiment d'enfin être admis dans le palais d'un compositeur, d'avoir "cassé le code". Et donc en réécoutant la 4e forcément ça a fait bingo, plus longue et plus heurtée, elle n'en demeure pas moins jouissive à de nombreux moments et je commence à percevoir la structure d'ensemble.
https://www.youtube.com/watch?v=Pr2H3LdeXXM
Du coup ça va être l'orgie de symphonies de Chosta dans les prochaines semaines
