Connaissez vous Link Wray ?
"Trois accords, deux mains, un poumon" (l'autre perdu des suites de la tuberculose).
D'origine indienne shawnee, sa carrière s'étend des années 1950 à sa mort, à Copenhague, en 2005, et va du rockabilly, au hard rock en passant par le folk dylanien voire le metal. Mais c'est surtout un son de guitare fuzz marquant, strident, agressif, brut mais en même temps porteur d'une sourde mélancolie.
Il faut le voir bouger sur cette vidéo, à 58 berges, accompagnés d'obscurs hardeux danois, avec un déhanché qui ferait passer Elvis pour Bernadette Soubirou, avant de taper une reprise extraordinaire de "Born to be Wild", pour le croire
Il y a souvent dans ses chansons quelques choses d'utlra-sexuel, cru et malaisé : "Well I'm a crowbar baby, and I'm sure I'm gonna ply you loose"
Au tournant des années 1970, suivant la veine à la fois militante et commerciale, il a fait un album de swamp-folk, avec des protest songs à la Dylan mélodiquement belles mais textuellement assez ratées (son talent était ailleurs que dans la plume engagée, c'est sans doute le plus anar de tous les musiciens de rock) et des drug-son tétanisantes (Jimmy Stokes).
Mais malgré toutes ces limites, on lui doit sans doute une des chansons les plus politiques et marquantes jamais produites par le rock aux USA : "Days Before Custer", tordant le folk pour dire l'histoire indienne disparue au XIX siècle, en retrouver quelques minutes la respiration et le rythme :
Son frère, Vernon Wray, dans une veine plus introspective, est aussi un musicien remarquable (malheureuement on ne trouve plus sur YouTube le superbe "Lonely Son") :
