Au Musée Reine Sofia de Madrid, une salle obscure est dédiée aux Cénotaphes de Miralda. Difficile de décrire ce que c'est (https://www.museoreinasofia.es/en/colle ... -cenotaphs) mais l'oeuvre frappe car elle atteint un point de rencontre rarement réussi entre esthétisme décadent et précieux, jusqu'au morbide, et une colère politique franche et directe (l'œuvre est liée à la normalisation franquiste), tout en assumant à la fois l'humour et l'opacité mystérieuse (et même un peu effrayante) qui résultent d'une telle conjonction. Avant cette oeuvre, Miralda, à Paris (c'était à la fois ce qu'on a cessé d'appeler un réfugié politique et un artiste), avait réalisé ce court-métrage à la fois modeste et d'une grande intégrité artistique. C'est comme un film des Straub (le dispositif du film est assez proche des Affaires de Monsieur Jules César, fait la même année, mais avec Paris à la place de Rome, et la mémoire nationale à la place du Capital) filmé par Robert Dhéry. Le geste anticipe aussi le cinema de Quentin Dupieux, mais dans une version à la fois plus poétique et plus politique, moins obsédée par le sens, ce dernier étant finalement moins opaque que le fait de témoigner du réel, lorsqu'il sait qu'il a besoin de l'art pour se justifier.
Les raccords visuels et sonores sont remarquables.
(Et Peretjatko a vraisemblablement pompé le début de la Fille du 14 Juillet dessus)
Et Charles Doudelet a vraiment existé, et commis un Guerre et Paix, mais est plus connu comme illustrateur Art Nouveau que comme écrivain aussi lénifiant que fulgurant
(Quel est l'air d'opérette que l'on entend au milieu ?)