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MessagePosté: 31 Jan 2024, 10:01 
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Petite idée de questionnaire qui m'est venue comme ça :

Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 10:14 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?
La même merde économiquement.
La même richesse culturellement.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?
Quand mon père avait mon âge, il a dû quitter clandestinement son pays avec femme et enfant donc en un sens, je suis quand même mieux loti. Ils ont connu vivre en foyer de réfugiés puis dans un studio puis avec ma tante e tmon oncle et ma cousine à 6 avec moi dans un micro-appartement.
Mais après, on a vécu en banlieue dans les années 80/90, moi je vis à Paris en 2024. Ils n'ont jamais gagné de gros salaires, moi non plus. Je pense pas que mes enfants ont l'impression de manquer de choses et je n'ai jamais eu cette impression enfant non plus.

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ?
En fait, tes questions ne concernent que ceux qui sont PAS restés dans le même milieu social que ses parents...
J'ai de la chance d'avoir des parents qui me soutiennent, encore aujourd'hui, dans ma vocation, que ce soit moralement ou financièrement (ils me dépannent souuuuuvent).

En général comment vous comparez-vous à eux ?
Je pense qu'ils étaient beeeaaauuucoup plus responsables financièrement.
Je me rappelle avoir fait plusieurs petits voyages enfants, même une fois aux USA, mais c'était toujours parce qu'on était logés chez quelqu'un.
Nous, clairement, au niveau des vacances, on est pas responsables du tout mais on veut assurer ça à nos enfants donc on souffre sur le reste.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?
Je suis fils unique donc pas de comparaison avec un frère ou une sœur.
J'ai grandi très proche de ma cousine et d'un ami de la famille que je considère comme un cousin. On habitait tous la même tour à Créteil.
Elle vit aujourd'hui en Belgique dans un triplex et lui vit à Montréal (enfin banlieue de) dans une maison. Moi je vis dans 57m2 à Paris.

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 10:26 
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Film Freak a écrit:
En fait, tes questions ne concernent que ceux qui sont PAS restés dans le même milieu social que ses parents...

C'est vrai, c'est surtout ce qui me rend le plus curieux.


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 10:37 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?
Je viens d'un milieu très prolétaire. Je suis clairement dans un niveau social supérieur, le seul de ma famille a avoir un bac+5, à être cadre, à avoir quitté ma région natale pour une grande ville etc... Mais le paradoxe c'est que je suis loin d'être supérieur d'un point de vue financier. Mon père était ferrailleur et a très bien gagné sa vie, mon beau-frère est plombier et semble nager dans le fric (il vient de s'acheter une voiture à 40k€). Et moi avec mon salaire modeste et le coût de la vie (prêt immo, crèche etc...) je suis loin d'être financièrement dans la même aisance.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?
Une ascension sociale évidente. Quand je vois autour de moi comment la famille s'est "contenté" de ce qui lui était accessible je trouve ça triste. Avoir eu l'opportunité d'étudier à l'étranger par exemple je le vois comme un immense privilège, je suis le seul de ma famille à l'avoir fait (cousins et cousines inclus).

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
J'ai eu une chance absolument énorme c'est d'avoir eu une passion qui a façonné totalement mon parcours scolaire et professionnel. Quand je vois autour de moi mes sœurs, mes cousins/cousines le plus gros problème c'est que les gens n'ont aucune idée de quoi faire de leur vie alors ils se laissent facilement porter par ce qui est à leur portée. Et le pire c'est que je suis en train de voir mes nièces/neveu ados prendre le même chemin et ça m'emplit d'une immense tristesse.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?
Non aucune. Certes je m'adapte, je vais pas leur parler du dernier Lanthimos ou de The Curse de Nathan Fielder, mais ça ne me pose pas de problème. Alors oui du coup il y a tout une partie de ma vie qui leur est inconnue mais c'est pas grave, c'est pas ce qui est important entre nous.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?
Mes potes de lycée venaient d'une classe supérieure (parents profs ou ingénieurs) et ont suivi le mouvement donc pas de différence. Mais comme je disais dans ma famille élargie je suis le seul à être aussi diplômé et à avoir une vie culturelle si "riche". Donc forcément je me sens parfois un peu à part mais sans que j'en ressente de la fierté ou un quelconque mépris.

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 10:43 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?
Milieu bourgeois de province, je suis clairement un produit de reproduction social dans ce domaine. On nous a trainés dans les musées, les théatres et les églises (mais seulement pour l'architecture) et je fais la même chose aujourd'hui.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?
Ni l'un ni l'autre, du coup.

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
J'ai beaucoup flippé du déclassement quand j'étais jeune et c'est ce qui m'a fait m'accrocher à des études où je galérais pas mal. Il était entendu qu'un Bac+5 serait le minimum comme pour un peu tout le monde autour de moi, sans pression sociale j'aurais sans doute lâché l'affaire.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?
Ma vie ressemble beaucoup à la leur, la grande différence vient du temps passé avec les enfants pour mon père et le partage des taches, mais ça c'est surtout un signe des temps. Si je trouve une vraie différence avec mes parents, c'est dans le déracinement local. Mon père n'est pas mort très loin de son lieu de naissance, ma mère a toujours vécu (et finira sa vie) sous le même code postal, tous deux étaient bien ancrés dans le tissu local et fréquentaient par leur travail toutes les couches sociales. Moi j'ai déménagé de multiples fois, ma compagne est étrangère ce qui est un point commun avec la majorité de nos potes aujourd'hui, quasi aucun n'est un "local" et il y a des fortes chances qu'on soit beaucoup à partir à un moment ou un autre.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?
C'est un peu pareil que moi pour ma soeur, mais mon frère a quand même gravi quelques échelons économiquement en devenant chef d'entreprise, pas du tout dans notre culture à la base, culturellement il a beaucoup moins reproduit que moi et transmets encore moins à ses enfants par contre.
Pour les potes d'enfance, pour autant que j'ai pu voir, on a tous plus ou moins reproduit les schémas familiaux et les seuls dont j'ai encore quelques nouvelles sont ceux qui étaient du même milieu que moi à la base, les autres ont trouvé la même précarité que leurs parents.


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 11:30 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Économiquement :Oui même milieu. fils d'un médecin et d'une enseignante. L'ascenseur social a fonctionné avant. Mon grand père paternel était enseignant ( ma grand mère ne travaillait pas). Il était immigré flamnamd arrivé en France sans parler français et d'un père ouvrier.
Mon grand père maternel était ouvrier agricole et ma grand mère maternelle a fat des ménages quand il est décédé.

Culturellement : Mon père et ma mère lisaient beaucoup. Ma mère m'a fait découvrir la bande dessinée. Mon père le gout des voyages. ma mère celui des musées. et de la musique ( concert, etc). J'allais au cinéma toutes les semaines et on louait plusieurs films au videoclub pour les week ends. Je pense avoir dépassé culturellement au sens du nombre de films; bds , livres lus, musées visités. Par contre , les 2 ont énormément voyagé.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Maintien même si je pense que les médecins de la génération de mon père gagnaient mieux leur vie ( mais par contre travaillaient beaucoup )

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Non aucune barrière. Ils m'énervent parfois mais c'est souvent le cas avec les parents :mrgreen:

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

On partage les mêmes gouts. Mon frère est publicitaire. Mes meilleurs amis sont dentistes ou pharmaciens. Ma belle famille c'est directeur d’hôpitaux (rices) ou magistrats à la retraite. Niveau ouverture c'est pas ça :oops:


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 14:53 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Je vis actuellement dans un HLM, comme mes parents avant moi. Comme pour mon père musicien, mes revenus fluctuent beaucoup d'un mois sur l'autre, d'une année à l'autre. L'équilibre invite à la prudence. Pour le moment, et sauf progression dans ma carrière, je suis sensiblement au même niveau économique que mes parents, avec cependant un bagage culturel plus important. Classe moyenne de base.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Ces tarbas m'ont collé dans une école privée catho pour que je réussisse plus facilement dans la vie. Ce qui a marché pour mon grand frère (banquier millionnaire, collectionneur de montres de luxe, vrai transfuge de classe), n'a pas marché pour ma petite sœur (promeneuse de chiens, standardiste, secrétaire). Moi, avec mon activité dans le social puis dans le cinéma, j'ai échappé me semble-t-il à l'ascension comme au déclassement.

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

Maintenant que je suis père, je fais plus attention à mes revenus, au fait qu'il faille AUSSI les surveiller, et ne pas vivre QUE d'amour et d'eau fraîche.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Mes parents n'ont jamais compris mon attrait pour le social, mais sont plus investis et curieux depuis que je fais du cinéma. Cela dit, le fait qu'ils soient de droite (voire d'extrême selon les sujets) vient se heurter à mes convictions de gauche radicale.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

Je ne fréquente pas grand monde en règle générale, encore moins de la famille élargie ou des amis d'enfance lointaiiiiins.

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 15:48 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Famille pauvre en Union Soviétique, mais classe ultra cultivée. Départ avec mes parents, une de mes soeurs aînées et deux valises en 1979. Arrivée à Vienne, Autriche, où j'ai compris ce qu'était la pauvreté (1) et que l'on était pauvres (2). Arrivée à Paris quelques mois plus tard, mon père a soudain gagné de l'argent, nous sommes soudainement passés dans la classe moyenne (légèrement) supérieure. Ma mère passait son temps à écrire, mais n'en percevait aucun revenu et mon père était photographe free-lance, nous avons donc alterné des périodes correctes et d'autres au cours desquelles la banque appelait littéralement deux fois par jour.

Assez rapidement, j'ai correctement gagné ma vie, alors même que je poursuivais mes études et ne travaillais qu'à temps partiel. J'ai aussi partagé la vie de quelqu'un qui gagnait très bien la sienne. Résultat, à 25 ans, j'avais un train de vie supérieur à ce que j'avais connu auparavant et à 30, mes revenus avaient dépassé ceux de mon père et j'en ai toujours tiré une sorte de honte.

Je n'ai absolument pas le niveau culturel de mes parents ou celui de feu mon mari, j'en ai un peu honte aussi, mais d'une façon différente.


Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Ascension économique, assurément. Ma mère a eu six enfants (de cinq pères différents) et on peut dire que je suis le seul de cette famille à ne pas exercer une activité (plus ou moins) artistique.


Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

Ma mère exerçait une assez grosse pression sur moi, mais pas sur mes soeurs - la plus jeune est née en France, peu de temps après notre arrivée.


Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Il n'y a jamais eu de barrière, quelques difficultés parfois avec ma mère, sur la fin, lorsqu'elle estimait que je ne l'aidais pas suffisamment sur le plan financier.


Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

Je crois que je suis un peu celui qui a réussi "à l'Ouest", mais qu'ils surestiment énormément cette réussite économique - c'est classique, les gens s'imaginent que les avocats ont peu ou prou la fortune de leurs clients les plus aisés.

Je connais certains de mes amis depuis plus de quarante ans, certains ont une situation financière encore plus confortable que la mienne, ah la finance, d'autres vivent à quatre dans un studio. Je ne crois pas que nos relations soient altérées dans un cas ou dans l'autre.

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 16:06 
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Il manque une question sur le train de vie de nos aïeux et le nôtre en comparaison. Ainsi FF compare-t-il sa situation et celle de ses enfants, alors qu'à leur âge il vivait avec son oncle et sa tante dans un micro-appartement.


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 16:41 
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C'était une situation très temporaire ça. Mais ils l'ont connu alors que mes enfants non.

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 17:19 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?
Plutôt un déclassement par rapport à mes parents.
En revanche mon père venait d'un milieu très prolétaire du Nord (mais pas miséreux, il a grandi dans un bon tissu social, une vie de quartier riche) et a eu un très bonne position (qu'il n'a pas su garder jusqu'au bout) à cause de ce qu'il a perçu comme une promotion au mérite scolaire (mais ses soeurs qui n'ont pas étudié et travaillé tôt ont connu finalement le même processus). Il est aussi très à l'aise pour investir son argent, mais de manière assez obsessionnelle, cela ressemble à la psychologie du Père Goriot, en presque pire, focalisée sur l'idée d'aider ses enfants, mais plus rancunière et cynique, les dépossédant en fait de la moindre part d'initiative.
Il était clairement (au moins) névrosé. Il nous foutait une pression de dingue, il fallait être bon partout, à l'école sportivement, voire sexuellement, il élaborait des stratégies matrimoniales pour nous (et pour lui aussi, ma mère vient d'un milieu plus bourgeois mais désargenté, et il lui faisait sentir de manière assez humiliante). Il n'a aucune notion de ce qu'est uen vie privée pour lui et ses proches.
Il était rapidement jaloux de la réussite apparente d'autrui, qu'elle fusse matérielle, sentimentale ou intellectuelle . Il était mu par un sincère idéal de justice sociale, antiraciste, voire libertaire car il a fait mai 68 tout en étant confirmiste et omnubilé par l'idée de réussite, sans percevoir la contradiction entre ces deux logiques.
Il était implusif et sanguin, vite violent verbalement, rancunier, tout en étant hypersensible, comme on dit. Du coup sérieux problème psy chez ses fils. Par ailleurs, il a été assez marqué par la guerre d'Algérie, et le souvenir de la seconde guerre mondiale était très présenr dans la famille, autre facteurs qui expliquent cette violence rentrée.
Il n'a jamais eu honte de son milieu d'origine, et il regrette une forme de solidarité ouvirère guère présente dans la bourgeoisie (scolairement cela se traduisait par le fait qu'il privilégiait l'école publique, tout en ayant des stratégies de sélections sociales ostentatoires - il voulait en fait surtout marquer par là une forme de différence avec une bourgeoisie plus ancienne), mais n'a jamais perçu que sa violence ou les aspects destructeurs de son comportement envers ses proches pouvait être en fait un complexe de classe latent.Tout en exigeant que nous réussissions de manière impérieuse, il nous reprochait d'être dès la naissances les bourgeois qu'il avait voulu être par sa carrière professionnelle - ce qu'il percevait comme une identité de classe, chez les autres était traduite comme au plan individuelle comme une exigence de reconnaissance morale individuelle, démesurée et impossible ou satisfaite. C'est finalement une forme de construction déologique, devenue le fond visible de sa personnalité.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?
Déclassement voire plus haut

Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?
Dans mon cas oui, j'ai fait des choix scolaire et académidiques qui visaient à ne pas devenir un bourgeois comme mon père l'entendait, ce qui m'a un peu sauvé par rapport à mes frères, qui suivaient le moule familial avec moins d'opposition, et ont sombré à la trentaine.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?
Oui, totalement, mais il y eu aussi plusieurs évènement dramatiques liés à ma mère et à mes frères, du coup je suis bien oblige de communiquer avec mon père et de transiger avec lui pour en amortir les effet.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?

Cela se passe bien, un des avantages de la situation que j'ai vécue et que je comprends à la fois la psychologie, les manière de parler et les réalités de la bourgeoisie et celle des milieux plus populaires (plutôt urbains) donc malgré tout j'ai en fait une certaine aisance et peux lier des amitiés fortes dans les deux univers. Le fait que je sois à cheval sur deux pays m'aide aussi à comprendre le rapport au monde d'un immigré/ expatrié (même si ce terme est ambigu et qu'il fait s'en méfier, car justement parce qu'il véhicule une plus grande idée de reconnaissance sociale et de légitimité par la réussite matérielle).
En fac, mes meilleurs potes, avec qui je suis resté en contact, venaient de milieux plus populaire que la moyenne des étudiants, et je comprennais ce qu'ils ressentaient. Je décèlais bien les attitudes involontaires (et sans malveillance) de mépris social venant de personnes plus aisées (au départ sans en être affecté moi-même, mais au fur et à mesure que je vieillis et suis confronté à la vie j'ai tendance à me sentir moi-même vexé, une forme de susceptibilité sociale s'exaspère plus vite - mais l'inverse est aussi vrai, j'ai pas mal d'amis et de collègues, souvent dilômés et aisés, qui viennent de la région de Charleroi, sociologiquement pas si différente que les réalités de Lille ou Roubaix, et la manière dont ils présentent eux-même cette origine comme un motif d'une forme de honte ou de gène sociale plus ou moins subie m'exaspère aussi, même si la psychologie nationale belge joue ici un rôle).
Par ailleurs ma grand-mère qui venait du milieu ouvrier était plus curieuse et, plus solide aux plans moraux et intellecutels que la partie bourgeoise (et parisienne, même si avec de fortes racines à Lyon et en Provence) de ma famille (mais pas ses enfants). Mon respect pour la culture (plutôt classique et reconnue) vient en fait de la part ouvrière de mon histoire familiale, quand le côté bourgeois de ma famille et (d'une façon générale, il y a des exceptions, que j'ai mis du temps à percevoir, un peu comme la dynamique des romans de Proust - la vérité des personnes se manifeste lentement, c'est ce qui rend la vie intéressante) à la fois plus conservateur, décadent et cynique
Mon père en revanche n'a pratiquement pas d'amis, à cause de sa situation de transfuge de classe (et de sa psychologie compliquée)

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 17:49 
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Film Freak a écrit:
C'était une situation très temporaire ça. Mais ils l'ont connu alors que mes enfants non.


Yes la question de la consommation reste intéressante, comme en témoignait en son temps (?) l'usage du terme "nouveau riche". Il existe, en sus, un discours anti-boomers un peu confusionniste qui consiste à les accuser d'avoir profité d'une ère d'abondance sans penser à l'avenir de la planète, alors qu'il est probable qu'ils étaient plus austères sur leurs habitudes de consommation (case in point : les voyages) que nous.

Gontrand mille fois plus intéressant en quelques lignes qu'Annie Ernaux (qui ne fait pas de bien gros livres et qui, pour sa défense, n'a pas inventé ce terme ridicule de "transfuge de classe", lequel a plus de pertinence aujourd'hui qu'il ne l'aurait eu en son temps où la classe moyenne se constituait, mais je note que tu, Gontrand, finis par l'utiliser).


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 18:04 
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Oui, le terme ne me semble pas ridicule, je ne connais pas Ernaux, mais cependant je suis un peu perplexe quand le discours qui existe autout d'elle présente comme une blessure, engageant avant tout une forme de morale et de regards individuels, une mémoire refoulée (alors que tous ces complexes sont en fait hyper visibles et souvent assumés voire renvendiqués), une réalité sociologique massive des 30 glorieuses (cela me génait déjà un peu dans Retour à Reims d'Eribon, même si le livre est intéressant).

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MessagePosté: 31 Jan 2024, 19:53 
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Etes-vous resté dans le même milieu social que vos parents ou pensez-vous être un transfuge de classe (économiquement comme culturellement) ?

Je suis plus jeune qu'une partie d'entre vous. Je proviens d'une famille catholique pratiquante et nombreuse, tellement nombreuse par rapport aux critères d'aujourd'hui que le dernier né, qui n'était pas prévu, est trisomique avec une forme qui le rend particulièrement peu autonome, ce qui a dû influer sur ma vision de la vie.
Ayant grandi à Paris, dans cet environnement bourgeois mais relativement austère - nous portions les vêtements de nos frères et nous ne nous vêtions que de inesis blanches (par les pieds) et de Cyrillus (ce qui est bourgeois mais ne rapporte pas des points dans la cour d'école), je suis demeuré assez class-blind pendant longtemps. J'eu un ami qui était passé à l'école alsacienne au lycée et qui est devenu un peu prétentieux de ce fait. Maintenant il l'est moins et critique à la fois Gabriel Attal et Juan Branco. Je me surprends par ailleurs aujourd'hui à avoir été tant rétif au parcours bourgeois classique - j'accuse mes lectures et le petit frère dont j'ai parlé - alors que le déterminisme veut que souvent on embrasse ce sillon sans trop ciller.

Vivez-vous les choses comme une ascension ou un déclassement ?

Déclassement pour ma part dont je me demande si je pourrais l'inverser et qui de toute façon n'a rien d'honteux. Au point de vue de la carrière, c'est pas possible, il me faudrait imaginer d'autres solutions. J'aime m'imaginer imperméable à ces questions, mais en vieillissant, avec la vie de couple, la possibilité d'avoir un enfant, ces questions se posent avec plus d'acuité, en plus de mes ratages en la matière.
De manière amusante, je vois des amis d'enfance de temps en temps avec qui les rapports sont faciles le temps d'un verre : outre le fait que nous puissions parler de choses et d'autres, ils continuent de m'estimer comme ils affichent du mépris pour Gabriel Attal ou d'autres camarades qui ont partagé leurs bancs d'écoles. Ils me parlent comme si je gagnais moi aussi leur salaire, en Suisse ou ailleurs, et en effet je ne suis pas plus à plaindre qu'eux, même s'ils engrangent au niveau financier et moi non. Ils me fantasment presque alors que sur ce forum je suis méprisé, ce qui est sain. Je ne suis pas dupe.
Jeune, je me fantasmais caméléonesque, capable de frayer avec tout le monde, et surtout les plus pauvres que moi, ce qui était une illusion mais ça fait partie de cette insouciance de la jeunesse. Je suis misanthrope de base de toute façon.
Comment est-ce arrivé, est-ce que c'était conscient ?

En vieillissant, je me rends compte que la question économique devient "nerveuse". J'ai une très bonne amie qui vit à Marseille et qui est prof là-bas et dont la soeur s'est achetée une maison à SF à 1 millions, et qui me disait la dernière fois que sa soeur réussissait tandis qu'elle avait toujours été la meilleure élève. Bah voilà une chose à apprendre à tes élèves.

Sentez-vous une barrière aujourd'hui avec vos parents ? En général comment vous comparez-vous à eux ?

Non on est six frères et soeurs. L'arrière pensée est notre frère handicapé, pour lequel nos parents ont pris des précautions et nous sommes cinq à pouvoir nous en occuper.

Et avec le reste de votre famille ou vos amis d'enfance ?[/quote]

voir plus haut.


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MessagePosté: 31 Jan 2024, 20:06 
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bmntmp a écrit:
Ils me fantasment presque alors que sur ce forum je suis méprisé, ce qui est sain.

Non, tel le personnage principal d'un roman de Jim Thompson tu cherches à te faire mépriser, voir quand ça ne vient pas assez vite tu fais tout pour l'être. Ce qui colle assez bien avec le reste de tes réponses à ce petit questionnaire (auquel je ne pensais pas que tu répondrais).


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