Mais clairement, papier honteux

La compile des 70 courts de 60 à 90 secondes qui dissertent sur le futur du cinéma pour l'anniversaire de la mostra valait son pesant de cacahuètes. On oublie vite de s'intéresser à ce qu'on voit (comment montrer quelque chose de consistant sur une durée aussi courte?) pour jouer au blind test, les courts étant ordonnées par ordre alphabétique (d'ailleurs pas bol, Krzystof Zanussi - salut - choisit de sortir les poubelles, quel beau dénouement... Alors, qui filme? Alors après Hellman, deux asiats qui clopent en sortant des banalités, facile, Hong Sang-Soo! K... Tiens, une vieille asiate... Kore Eda? Ah non, elle est éclopée: Kim Ki-Duk. Bon, c'est pas toujours évident, il doit y en avoir une bonne vingtaine que je ne connaissais pas.

Au rayon des gros melons: Michele Placido t'explique face caméra que le cinéma est mort et enterré (surtout pour ceux qui ont vu ton truc avec Kasso et Daniel Auteuil, Michele)... Des jeunes dans un café (Tiens, si on allait au cinéma? Voir quoi? Le nouveau Catherine Breillat! Oh non, trop prise de tête... Surtout ne pas réfléchir!). Et la palme au James Franco, sobrement intitulé "James Franco: the future of cinema" avec plein de plans de James Franco.

Au rayon j'en ai rien à foutre, Benoît Jacquot filme le visage d'une étudiante (ou peut-être de Deborah François) en plan fixe. J'espère pour lui que ça lui aura au moins permis de niquer. Pas mal de bonnets de nuits, et parfois quelques lèche-culs comme un italien inconnu au bataillon ("Vive le cinéma! Bravo Bernardo" - Bertolucci qui te filme les roues de son fauteuil au passage, cinéastes vous saviez ce qui vous reste à faire pour décrocher le lion d'or cette année... Bon, ils restent beaucoup moins nombreux que les courts d'aigris)

Certains prennent directement la parole comme Schrader ou Egoyan qui filme son smartphone. Parfois, les enchaînements sont idéaux (Solondz qui succède à Seidl), parfois pas du tout (et après Sono Sion... Jean-Marie Straub!). Dans l'ensemble, ça reste très indigeste et inconséquent mais on n'a pas le temps de s'ennuyer. A peine a-t-on vu Pablo Larrain sur une planche à voile que Tobias Lindholm fait sauter des soldats sur une mine antipersonnel.

Quant à Sacro Gra que j'aime bien mais dont j'ai déjà du mal à me souvenir alors que je l'ai vu il y a trois jours, pas sûr que ce genre de récompense soit si utile à ses frêles épaules, au-delà du coup de boost à une industrie italienne au bord de l'implosion, tant cette idée de récompenser un documentaire pittoresque donne l'impression un peu frelatée que la réalité l'emporte nécessairement sur la fiction.

En tout cas, si UFO distribution achète et distribue le film on pourra lui dire merci