Non mais non quoi. Tu peux écouter dix fois l'intégrale de Vladimir Cosma, ça n'en fera pas du Mozart. J'ai saigné des oreilles devant Sweeney Todd, on dirait un Cure récent, tout est passé du magique au grotesque.

Ah mais s'ils ont fait exprès de faire une mauvaise musique, là, je dis pas.
Pour le côté grotesque (qui désignait plutôt Fat Bob que le film en question), justement, j'aurais rien eu contre une bande-son plus grotesque, plus barnum, plus Moulin Rouge, plus trop. Là je l'ai juste trouvée chiante, plate, répétitive et lourdasse. Après, les goûts et les couleurs hein.

Vraiment. Je ne pige rien à toute cette réticence face à la musique de Sweeney Todd.

Elle est géniale! Et il faut réécouter le film plusieurs fois pour l'apprécier à sa juste valeur. C'est comme un morceau de Mahler ou n'importe quel oeuvre classique, il faut laisser le temps à la musique de mûrir dans nos oreilles. C'est une musique trop complexe pour être savouré à la première écoute. Et quand on s'y ouvre, eh bien Sweeney Todd renferme des classiques un après l'autre. Et il en ressort une puissance, une viscéralité, un lyrisme, une complexité, une ironie dans les textes, que l'on ne retrouve même pas dans les meilleures Danny Elfman, surtout pas The Corpse Bride en tout cas.

Moi, la chanson chanté par Johanna ne m'a pas dérangé du tout du tout. En fait, l'imperfection des voix ajoute à l'émotion au cinéma. J'ai aimé que Burton ne choisisse pas ses acteurs pour leur technique vocale, mais pour ce qu'ils dégageaient, pour l'émotion qu'ils portaient. Ça rend leur personnage plus humain. Et j'aime bien la naïveté de la chanson de Johanna... et celles chanté par le jeune matelot naïf "I feel you Johanna". J'aime cette naïveté fragile qui s'oppose à cette noirceur. Ça confère une certaine ironie cruelle, un certain ludisme à l'ensemble (ce morceau naïf chanté par le jeune matelot au visage immaculé de sang, trop fort). Et ça aide le film à ne pas trop nous saturer de noirceur déprimante.

Ça fait quand même du bien de se passer de Eflman le temps d'un film. Un bain de fraîcheur. C'est une question de goût, mais je trouve que la musique de Sondheim est beaucoup plus souple que celle d'Elfman (qui se tient souvent dans les mêmes teintes sonores monotones, et colle d'une manière trop illustrative aux images). Je trouve la musique de Sondheim plus culotté, dans le sens où il risque la naïveté, le lyrisme, les sommets opulants, le grandiose, tout ça dans un récit sombre et claustrophobique. Sa musique est plus décalé, ne se contente pas d'illustrer un ton, elle apporte un supplément, une puissance. C'est ce qui confère tout le génie à l'oeuvre de Sondheim, et l'énergie au film de Burton.

Pour moi, ce film est du 5/6. Le chef-d'oeuvre de Burton.

D'après ce qu'on m'a expliqué elles sont sur-orchestrées par rapport à la pièce originale, d'où leur aspect mélasse indigeste qui n'en finit plus (sans compter la mauvaise qualité de l'interprétation).
Je regardais Jersey Girl l'autre jour, dans lequel on entrevoit un court passage du Musical de Broadway, et tout de suite la musique m'a semblé plus agréable.

En quoi l’une est-elle sur-orchestrée par rapport à l’autre ? Je ne vois pas, sincèrement et je pourrais multiplier les comparaisons.

Effectivement. Je trouve ça néanmoins affreux...