The Elephant man en VO (avec John Hurt et Anthony Hopkins)
Londres, 1884. Le chirurgien Frederick Treves découvre un homme complètement défiguré et difforme, devenu une attraction de foire. John Merrick, " le monstre ", doit son nom de Elephant Man au terrible accident que subit sa mère. Alors enceinte de quelques mois, elle est renversée par un éléphant. Impressionné par de telles difformités, le Dr. Treves achète Merrick, l'arrachant ainsi à la violence de son propriétaire, et à l'humiliation quotidienne d'être mis en spectacle. Le chirurgien pense alors que " le monstre " est un idiot congénital. Il découvre rapidement en Merrick un homme meurtri, intelligent et doté d'une grande sensibilité.
« Bonjour, je m’appelle John Merrick, je suis très heureux de vous connaître. » Une phrase, répétée en boucle, comme pour se rassurer d’être quelqu’un. Cette phrase, c’est celle de John Merrick, usuellement appelé l’homme Elephant. The Elephant man reste LE chef d’œuvre de Lynch. Une œuvre humainement juste qui provoque la prise de conscience quant à notre condition d’êtres humains, plein de vices et de cruauté pour certains, de bonté et d’amour au-delà de tout, pour d’autres. Et parfois même les deux en même temps, source de torture mentale sans précédent. Notre vie entière peut défiler sous nos yeux, sans que nous ayons conscience de nous-mêmes, de notre place dans la société. Nous contemplons alors notre souffrance face à cette passivité comme nous contemplons un tableau, fascinés, non pas par ce qu’il dégage, mais plutôt par notre incompréhension face à celui-ci. Cette même incompréhension qui fait ce que nous sommes : des hommes, simples poussières dans l’univers et au-delà qui tentons de donner une raison à notre existence malgré tout.
John Merrick, n’est pas un éléphant ni un animal, c’est un être humain, un homme. Lui le sait, mais encore faut-il qu’il l’hurle pour que la horde de sauvages « civilisés » en prennent conscience. « La plupart des gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas, c’est d’ailleurs aussi difficile à comprendre pour moi, parce que ma mère était si belle… » John Merrick / The Elephant man. Visuellement, le film de Lynch est conduit comme un rêve, un rêve du début à la fin, un noir et blanc entouré d’un épais brouillard. Comme dans Un tramway nommé désir ( -1951-Elia Kazan avec Vivian Leigh et Marlon Brando), ce brouillard témoigne de la confusion des esprits, de l’errance, du doute, et peut-être même de l’hystérie sous toutes ses formes. Le plan final, celui d'un ciel étoilé à l'infini que l'on reconnait aisément dans Une Histoire vraie, nous réduits tous autant que nous sommes face à l'infini,tout en laissant cette note d'espoir qui nous oblige à continuer de vivre face à l'immoral : "Rien ne meurt jamais".
C’est sans compter sur le compositeur John Morris qui sait en quelques notes mettre en évidence le côté « décalé et troublant » d’une réalité qui met mal à l’aise, qui perturbe mais que nous acceptons, parce que face à que nous sommes, à ce que nous faisons et surtout victimes de notre ignorance, on ne peut rien faire.
Un bon film à revoir, pour un dimanche en rétrospection.
_________________ "Si tu vis dans l'ombre, tu n'approcheras jamais le soleil." Mesrine-L'instinct de mort.
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