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Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)
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Auteur:  Art Core [ 11 Avr 2022, 09:23 ]
Sujet du message:  Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

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Un film à la fois d'une désarmante simplicité et très étrange dans sa construction et même sa conception. 80% du film (à la louche) c'est une évocation en vignettes d'une enfance heureuse dans les années 60 d'une famille de classe moyenne qui vit au Texas, à deux pas de la Nasa en pleine course spatiale. C'est très mignon, très réussi dans son côté nostalgique et positif, ça te donne envie de faire partie de ce monde "d'avant" sans internet, sans réseaux sociaux avec la télé et ses trois chaînes et cette insouciance joyeuse d'une jeunesse témoin direct d'un des évènements les plus spectaculaires de l'histoire qui lui faisait croire que tout était possible. Il y a là une espèce de regard tendre sur ce qui semble être le dernier moment d'histoire où régnait une pure insouciance tournée vers le futur. Le film est assez classiquement écrit, tout en voix-off (et il commence quasiment avec l'inénarrable "ça c'est moi") et il fait s'enchaîner les vignettes volontairement anecdotiques les unes après les autres, avec un name dropping plutôt réjouissant sur la culture de l'époque (musique, cinéma, séries...). Alors ça s'épuise un peu parce qu'il n'y a finalement aucune vraie "scène" où la voix-off s'arrêterait pour laisser vivre un peu les persos. Au contraire on sent que Linklater veut absolument pas sortir de cette construction en pure chronique sans véritable fil rouge narratif. Alors c'est plutôt réussi dans son aspect charmant, l'animation très coloré est agréable et le film est vraiment plaisant. Cependant pour le comparer à un film pas si éloigné, le récent Licorice Pizza faisait peu ou prou la même chose sans ce systématisme un peu trop évident d'une voix-off trop littérale (on pourrait voir le film les yeux fermés on ne manquerait absolument rien) et d'une succession d'épisodes déconnectées les uns des autres. En fait le film est très BD, c'est vraiment le sentiment qui domine, chaque petite scénette semble être une planche de BD racontant un aspect de l'enfance du personnage avec comme vague ligne directrice et point de fuite l'alunissage de Apollo 11.

Mais et c'est là que film est assez étrange, Linklater vient rajouter à cette première couche, une intrigue uchronique limite SF qui, à postériori paraît totalement superflue et surtout très mal racontée. Donc le personnage principal, celui qui nous raconte son enfance (et ce n'est pas un spoil c'est la première scène du film) est contacté par la Nasa qui lui propose de partir sur la lune avant Apollo 11 parce qu'ils ont construit un vaisseau un peu trop petit pour des astronautes adultes et donc ils veulent pas gâcher... On nous raconte donc une aventure incroyable, un enfant de 10 ans qui s'entraîne comme les adultes et qui va aller tout seul marcher sur la lune, sauf que c'est un truc secret défense qu'il ne pourra jamais raconter à personne. Il y a dans ce pitch quelque chose d'amblinien, le merveilleux de l'exploration spatiale pour un enfant rêveur. Sauf que le traitement de cette intrigue c'est peut-être 20min. C'est traité totalement par dessus la jambe, l'entraînement du gosse c'est trois scènes, puis le départ, puis l'alunissage etc... Surtout que c'est très bizarre, c'est montré une première fois en trois plans puis on y revient à la fin pour une plutôt jolie scène où en parallèle de l'alunissage de Apollo 11, le gamin revit son propre alunissage et la solitude qui l'accompagne. Mais on sent que Linklater en a tellement rien à foutre de cette seconde intrigue que ça déséquilibre tout le projet, on se demande même si le gosse n'a pas tout inventé ou imaginé (mais rien ne le laisse penser). C'est très bizarre parce que le film serait finalement meilleur sans cette intrigue pas crédible, mal racontée et surtout totalement superflue.

C'est un peu un cas d'école, parce qu'on imagine bien Linklater vendre le film sur ce concept et tout faire dans un deuxième temps pour le réduire au maximum parce que clairement ça ne l'intéresse pas. Dommage, parce que le film est vraiment plaisant, un vrai truc feel good dans le bon sens du terme qui donne envie d'aller jouer au base-ball avec ces gamins en regardant décoller les fusées, cependant ça ne "prend" pas totalement, la dernière partie du film paraît limite hors sujet et on comprend mal ce que c'est supposé apporter à tout ce qu'on nous a raconté avant... Bref le projet dans son ensemble paraît raté même si ça n'en fait pas pour autant un mauvais film du tout.

4/6

Auteur:  Film Freak [ 11 Avr 2022, 09:24 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linnklater, 2022)

Bande-annonce moche et qui sent encore la banalité des petits riens linklaterienne. Sans façon.

Auteur:  Art Core [ 11 Avr 2022, 09:29 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linnklater, 2022)

Oui c'est totalement dans la lignée de son cinéma. Avec les mêmes avis délirants des suceurs habituels.

Auteur:  Cosmo [ 11 Avr 2022, 10:19 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Je ne vois pas de qui tu parles.

Auteur:  Lohmann [ 12 Avr 2022, 12:23 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linnklater, 2022)

Art Core a écrit:
Oui c'est totalement dans la lignée de son cinéma. Avec les mêmes avis délirants des suceurs habituels.

L'idylle avec Marin fut de courte durée :cry:



https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/apollo-10%c2%bd-les-fusees-de-mon-enfance/

Auteur:  Art Core [ 12 Avr 2022, 12:52 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Il fait quand même très fort dans sa critique en omettant totalement l'autre aspect de l'intrigue. C'est sûr c'est plus facile comme ça en enlevant ce qui ne nous plaît pas. Sinon je suis d'accord avec son texte.

Et le prochain podcast de La gêne occasionnée sera sur le film, assez curieux d'entendre l'avis de Begaudeau (assez déçu d'ailleurs par le numéro sur Batman).

Auteur:  Azazello [ 12 Avr 2022, 13:06 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Il a aimé.

Auteur:  Art Core [ 12 Avr 2022, 13:09 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Qui Bégaudeau ? J'en doute pas mais je trouverais curieux qu'il adore sans réserves.

Auteur:  scienezma [ 30 Avr 2022, 10:25 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Linklater depuis Boyhood franchement ça vaut pas tripette, je l'ai défendu longtemps mais après ce film de 2014 ça n'est plus possible ça devient vraiment trop ringard, trop ricain relax dans ses bottes.

Quant à Bégaudeau la vraie critique du film se trouve généralement dans ses parenthèses ou dans ses réponses aux auditeurs (pour "The Batman" par exemple où c'est le seul moment où il finit par dire que tout se casse la gueule sur la dernière partie du film). Là il nous parle du rendu de la gelée qui est très bon avec la rotoscopie et dont le tremblé l'émeut encore plus, etc. C'est quasiment proustien son truc. Il te sort ça apparemment le plus sérieusement du monde, quoi que je me demande s'il n'y a pas quand même un petit sourire dans sa voix (avec son partenaire qui le relance, peut-être pour l'enfoncer comme le fameux clou)...

Auteur:  Karloff [ 30 Avr 2022, 15:22 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

On se demande même si le gosse n'a pas tout inventé
euh tu as dormi devant ? Il est dit explicitement qu'il raconte des bobards à l'école car son père a un boulot de sous-fifre à la Nasa. Sinon, à part ça tu as tout dit.

Auteur:  Art Core [ 30 Avr 2022, 15:54 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

C'est marrant parce que Bégaudeau et son pote partent du principe que le gosse a évidemment tout inventé, comme si c'était un acquis du scénario. Mais ça n'a strictement aucun sens d'un simple point de vue narratif. Parce que ce n'est plus lui qui nous raconte ça mais l'adulte qu'il est devenu. Du coup ça n'aurait aucun sens qu'il raconte un mensonge imaginé 20 ou 30 ans avant sans le recul de nous dire que c'était un fantasme.

Sinon j'ai tiqué au même endroit sur le podcast de Bégaudeau, le moment de la gelée j'ai pas compris, ça m'a fait rire tellement ça cet extase sur ce micro détail paraît ridicule. Mais oui là podcast est presque plus intéressant sur ce qu'il dit de l'époque que sur ce qu'il dit du film.

Auteur:  scienezma [ 01 Mai 2022, 03:08 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Je rebondis sur deux trois choses à la volée sans forcément citer. Oui, il me semble qu'il raconte un mensonge aux spectateurs inventé non pas quand il était gosse mais au moment où il raconte (c'est là sans doute que Linklater rejoint le plus le gosse, on peut imaginer qu'il est devenu cinéaste comme lui pour continuer à raconter de "vrais mensonges" - ne pas oublier que Linklater a tourné un film autour de Welles à une époque...). Mais bon, comme ça toute la partie où il raconte l'alunissage à la TV est plus ou moins foireux il me semble (il aurait dû continuer dans un trip un peu crâneur genre "moi je l'ai déjà fait" plutôt que très introspectif). C'est sans doute en fait un mélange des deux, il fantasmait là-dessus étant gosse d'où l'aspect déceptif de l'événement ET il invente le mensonge qu'il a été embauché par la NASA dans le présent... Je crois au contraire de ce qui a été dit plus haut que le film est vendu à Netflix avec dans le cahier des charges l'aspect autobio du film plutôt que le "concept" de mensonge d'être allé sur la lune, ça paraît cohérent avec le catalogue récent de la plateforme pour les "auteurs" (La main de Dieu, Roma, etc.). Et c'est donc là-dessus que Linklater met le paquet, tout à fait en phase avec Netflix. A vrai dire c'est surtout ça qui me pose un grave problème face au film, cette espèce de reconstitution de l'époque, cette "immersion" comme on dit, qui semble ne jamais s'adresser à des spectateurs ayant plus de 12 ans d'âge mental, on est vraiment du côté Spielberg (on pourrait faire une lecture psychanalytique du film, le trou de la sexualité - il n'en est jamais question ou presque ds le film - remplacé par une grande fusée qui va dans la lune). L'absence de prise de recul (sinon pour dire "on était plus libres") très gênante elle est là, comment un type qui a la soixantaine peut revenir de cette façon là sur son adolescence quand bien même il en garde un bon souvenir personnel ? Heureusement pour lui, Linklater bénéficie d'une espèce d'aura d'auteur de gauche auprès de la critique (explicable) qui lui permet auj de faire des films assez moisis sans que la critique ne l'attaque car déjà avec Last Flag Flying et Everybody Wants Some !! c'était très limite mais avec ce film là il se roule vraiment dans un univers (certes pe progressiste du pdv de la science mais) plutôt bien conservateur du pdv de la société. Il y a d'ailleurs un côté vraiment flippant dans cet entre-soi familial (les frères tjs avec les soeurs, les enfants tjs avec les parents), sans dehors ou presque, mais qui n'est absolument pas pris en compte par le film qui reste comme je le disais ds une vision 12 ans du gamin et y maintient les spectateurs. Et le "critique" Bégaudeau qui est tout content d'y retrouver une part de sa propre adolescence et oublie l'"angle mort" de ce qu'il voit à l'écran. Il va même jusqu'à trouver le passage où on parle de qq noirs américains qui critiquent l'alunissage superflu (sic) et trop netflixien (re sic), merde le type veut rester dans son bain de jouvence jusqu'au bout sans être emmerdé par des voix discordantes, c'est ça le (bon) cinéma ! Encore une fois il se positionne ainsi dans le ventre mou (comme de la gelée) de la critique de cinéma française, pourquoi pas mais on peut se demander comment il arrive à défendre avec ces arguments-là un tel film tout en nous vendant ailleurs des bouquins entiers consacrés à sa haine de la petite-bourgeoisie française (certes moins "cool")...

Auteur:  Karloff [ 01 Mai 2022, 10:38 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Dis donc, pondre un pavé pareil pour regretter le manque de sexualité dans la filmo de Linklater, je conseillerai plutôt Pornhub

Auteur:  scienezma [ 01 Mai 2022, 11:17 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Karloff a écrit:
Dis donc, pondre un pavé pareil pour regretter le manque de sexualité dans la filmo de Linklater, je conseillerai plutôt Pornhub


je ne le regrette pas, je le trouve "suspect", nuance.

j'avoue que mon intervention est lourde et sans doute peu agréable à lire, je devrais faire un effort d'aération mais ça correspond probablement à mes conditions de vie actuelles...

Auteur:  Art Core [ 02 Mai 2022, 11:28 ]
Sujet du message:  Re: Apollo 10 1/2 (Richard Linklater, 2022)

Non je trouve intéressant ce que tu dis. Oui il y a une forme de candeur presque énervante dans le film comme un instantanée de bonheur tellement poussé qu'il en devient factice. Mais je crois que c'est un peu le but du film et ce qui lui donne sa singularité aussi.

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