Y en a qui s'enferment dans leurs créations comme Lucas avec Star Wars, Cameron avec Avatar ou Jackson avec Tolkien, des univers monstres, des épopées. Matthew Vaughn il fait ça avec Kingsman. Ouais.
Pour cet inutile troisième film dans la franchise, je me demande s'il n'a pas été obligé de recycler un autre projet en empruntant le nom de la licence pour lui permettre d'exister tant j'ai eu l'impression de voir deux films en un : d'un côté, un drame père-fils sur fond d'engagement dans la guerre, traité au premier degré, et de l'autre, une préquelle à son pastiche bondien donc, avec un ancrage historique où Vaughn retente la formule X-Men : First Class (le déclenchement de la Première Guerre Mondiale à la place de la Crise des Missiles Cubains) mais en gaudriole uchronique (un simili-Blofeld a comme hommes et femmes de main Raspoutine, Mata Hari, etc.).
Les deux récits s'imbriquent mal, l'un parasitant constamment l'autre, dans une structure qui peine à trouver une réelle propulsion narrative tant que le tandem de protagonistes n'est pas en mission. Et aucune des deux trames n'est 100% convaincante.
Le drame filial est correct mais trop cliché pour émouvoir (et Fiennes est moins à contre-emploi dans ce genre de rôles que Colin Firth) tandis que le film d'espionnage a abandonné l'esprit punk du premier opus pour de la vulgarité beauf, dans l'humour comme dans la politique.
Restent quelques scènes d'action sympa mais aucune qui saurait rivaliser avec les meilleurs morceaux des précédents volets et le rythme malaisé m'a fait respecter les Marvel. Les 2h11 de celui-ci se ressentent davantage que les 3h des derniers Avengers.
Un Kingsman 3 est toujours prévu. Et un spin-off Statesman aussi, je crois. Et celui-ci laisse la place à des épisodes situés avant le premier Kingsman aussi.
Fort heureusement, Vaughn a déjà tourné son prochain film et c'est pas du Kingsman...mais c'est à nouveau un film d'espionnage second degré.
Et il a annoncé un reboot de Kick Ass.
