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MessagePosté: 15 Mai 2021, 22:05 
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Jeune domestique d’une famille bourgeoise, Shino reçoit un jour la visite d’Eisuke, originaire du même village qu’elle. Celui-ci la viole, avant d’assassiner la maîtresse de maison. L’inspecteur Haraguchi est persuadé qu’il s’agit là du onzième crime du fameux « obsédé en plein jour ». Mais Shino refuse pour l’instant de livrer son identité : pour elle, seule Matsuko, sa femme, peut le dénoncer. Car cette furie criminelle trouve son origine un an plus tôt, dans un petit village au coeur des montagnes…


Film aussi connu sous le titre de Violences en plein jour. Pas forcément facile d’accès avec sa structure narrative un peu brutale qui navigue sans crier gare entre flashbacks, enquête policière du présent et zappe allégrement entre son quatuor d’acteurs principaux. Mais dès qu’on arrive à entrer dedans et qu’on se laisse bercer par cette histoire sombre et pessimiste sur la nature humaine, c’est assez formidable. Ce qui fascine tout d’abord c’est la vision de la société japonaise qu’offre Oshima avec notamment tout ce qui tourne autour de la culture du suicide et la vie de la petite communauté montagnarde.

Oshima se contrefout de l’enquête policière, on se concentre surtout sur un quatuor de deux couples villageois pour comprendre comment Eisuke a pu passer à l’acte et devenir ce criminel recherché dans tout le pays. Le film va très loin dans la description des relations sexuelles et amoureuses un peu sombres, entre les relations à l’argent et le criminel qui ne peut faire l’amour que la femme étant inconsciente, c’est assez dur sur le fond. Ce qui ressort surtout, c’est cette impression de désastre qui lient les quatre personnages principaux qui auraient pu accéder au bonheur mais le ratent. Jusqu’à l’apothéose que représente ce voyage dans le train à Tokyo, l’histoire se concentre de plus en plus sur ses personnages féminins et prend une nouvelle ampleur mélancolique.

Mais ce qui m’a soufflé et qui est absolument grandiose, et qui transcende totalement son histoire, c’est la mise en scène d’Oshima. Virtuose, quasi expérimentale, elle est de toute beauté, alternant le lointain, la proximité des visages, les mouvements de caméras sensoriels, il y a un savoir-faire rare qui rend encore plus intense ce drame sans tomber dans le piège de l’esthétisme à outrance. Rien que la scène dans le train, simple dialogue entre les deux heroïnes, montre le talent d’Oshima. Ce dernier se permet même un amusant clin d’oeil à Kurosawa dans la scène centrale du suicide. Bref en 95 minutes, on voit à quel point Oshima est génial et une cinéaste immense.

5/6


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MessagePosté: 15 Mai 2021, 22:14 
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Cela donne envie. Visible ou achetable ou avec sous titre français?


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MessagePosté: 15 Mai 2021, 23:12 
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Sous-titre français et collection Carlotta. Le prix je ne sais pas, je l’ai emprunté à ma médiathèque. Après je ne sais pas quelle est ton appréciation de l’oeuvre d’Oshima mais, même si j’aime beaucoup, ce n’est pas forcément celui que je conseillerais pour rentrer dans l’univers du réalisateur. Le diptyque des deux empire all course sont plus accessibles. Mais le montage et l’expérimentation esthétique de cet obsédé c’est quand-même d’un niveau impressionnant.


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MessagePosté: 16 Mai 2021, 11:57 
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Le coffret Carlotta est sold out il me semble


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MessagePosté: 16 Mai 2021, 13:48 
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Un des meilleurs Oshima. Mais je ne crois pas que la situation de départ soit celle de deux couples villageois. Les deux couples n'ont pas l'air paysans (surtout l'instit) et cela a plutôt l'air d'une sorte de communauté agricole communiste ou prudhonienne ou une sorte de kibboutz qui échoue à la fois du fait du desir sexuel de tous et d'un manque de connaissance technique (les deux aspects sont intriqués). C'est d'ailleurs une des singularités du film : partir d'une situation habituellement très connotée politiquement, mais sans l'expliquer, en en filmant très vite le délitement (qui n'est alors plus liée à l'illustration dr l'aspect incomplet d'une thèse politique, même s'il y a dans le film quand-meme l'idée que cette utopie politique n'articule pas ou très mal le rapport à l'autre, qu'il lui manque), racontant autre chose. La perversion du personnage central est déjà un rapport à "l'après", une invitation à ne pas le penser en terme de justification.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 16 Mai 2021, 21:16, édité 4 fois.

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MessagePosté: 16 Mai 2021, 18:06 
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Marrant, le film n'a pas de page Wikipédia en japonais - ils doivent pas être très opensource. Il est pourtant en quatrième position des pages Wikipédia en termes de pages consultées, avant le français, comme quoi... Apparemment il y a plus de 2000 plans dans le film que je crois avoir vu mais n'en ayant aucun souvenir, vous donnez envie de le revoir.


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MessagePosté: 16 Mai 2021, 21:19 
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@Gontrand: mets couples entre guillemets, c’est effectivement un peu plus juste.

@bmntmp : Les 2000 plans, ça pourrait donner un côté épileptique mais là c’est magnifié par le montage d’Oshima qui a un style sensoriel unique et mérite vraiment tout les superlatifs. Rien que pour ce côté technique, le film doit être vu.


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MessagePosté: 16 Mai 2021, 21:29 
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Je crois pas non plus qu'il faille mettre de guillemets, ce sont des vrais couples ils sont bel et bien mariés

le mystère et la force du film tient en grande partie que la prof bien bien-pensante et rigide choisit le violeur en connaissance de cause et ne l'abandonne pas. Cela inverse progressivement le sens du mariage (et c'est elle qui porte ce changement). L'actrice était d'ailleurs la femme d'Oshima...

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MessagePosté: 16 Mai 2021, 21:36 
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Le film se comprend aussi comme une réponse d'Oshima, cinéaste communiste qui comprend que le parti auquel il appartient va être décroché par mai 68, sans savoir encore comment exactement.

Il fait finalement beaucoup penser à la Guerre est Finie de Resnais à la fois pour cela et le montage. Les deux films sont de la même année, et bizarrement les passages dans le train des deux films se repondent, même si Oshima filme l'histoire d'un point de vue féminin, plus riche que le personnage de séducteur fatigué de Montand (peut-être une facilité fonctionnelle car Resnais n'était pas communiste, et Semprun cessait de l'être, quand Oshima assume cette position, même pour montrer ce qui lui échappe). Là où le film est complexe c'est que c'est un viol qui permet de décentrer et reconstruire progressivement le film autour des deux femmes.

Voilà, je l'ai rendu chiant du coup...

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MessagePosté: 16 Mai 2021, 21:57 
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Ah ok je n’avais pas compris ta première remarque. Par contre, non un des couples n’est pas marié et je disais de le mettre en guillemets car justement la relation entre ce duo est un peu spéciale sans vouloir trop spoiler.


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MessagePosté: 16 Mai 2021, 21:59 
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Ha oui ça me revient, j'avais oublié ce personnage et la logique des rapports entre les personnages

Oshima met en demeure le spectateur "bourgeois" de s'identifier de la façon la plus facile à ce type qui se suicide vite par un melange tordu de dépit amoureux et de compassion pour le statut de victime de Shino, avant que le film ne commence vraiment

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MessagePosté: 16 Mai 2021, 22:38 
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Il y a aussi un côté lié à l'argent. Shino se fait défleurer par Genshi pour qu'il lui prête le montant nécessaire à son élevage de truites. Mais il n'y a pas que ça, la relation entre els deux est effectivement assez complexe


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