Un film plus prototypique de la qualité française que les deux derniers que j'ai vu récemment quoique Molinaro fût un jeune loup à l'époque : Le Dos au mur a ce glacis procuré par les éclairages et les décors de studio, une mise en scène assez hiératique et solennelle qui fait penser à l'expression "voix de stentor". Le métier est irréprochable, à commencer par le scénario, adapté de Dard, et les dialogues - ils se sont mis à cinq dessus - et les acteurs, avec une galerie de seconds rôles presque plus intéressants que le couple principal, pourtant très bon, interprété par Jeanne Moreau et un Gérard Oury vraiment épatant, en jeune industriel jaloux qui n'a pas l'habitude qu'on se mette en travers de son chemin. Les seconds rôles donc, Jean Lefèvbre en détective privé un peu minable, au cheveu imbibé de gomina et une certaine Claire Maurier en barmaid désabusée. C'est très bon mais ça ne reste que compétent et pas très mémorable sans parvenir à transcender véritablement ce métier. Celui-ci se réserve, dès l'entame, un morceau de bravoure, près d'un quart d'heure pratiquement muet sur lequel la critique de dvdclassik a raison d'insister. Mais le drame qui vient en éclairer les zones d'ombres est trop domestique, trop psychologique peut-être, la réalisation trop dépourvue de génie pour arriver à faire véritablement retentir les accents tragiques de la fin. Pas assez de fêlures.