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MessagePosté: 18 Oct 2012, 13:43 
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Successful superfucker
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Théâtre de la prison de Rebibbia. La représentation de "Jules César" de Shakespeare s’achève sous les applaudissements. Les lumières s’éteignent sur les acteurs redevenus des détenus. Ils sont escortés et enfermés dans leur cellule.
Mais qui sont ces acteurs d’un jour ? Pour quelle faute ont-ils été condamnés et comment ont-ils vécu cette expérience de création artistique en commun ? Inquiétudes, jeu, espérances...
Le film suit l’élaboration de la pièce, depuis les essais et la découverte du texte, jusqu’à
la représentation finale.


Récompenser de l'ours d'or ce documentaire de making of d'une pièce shakespearienne en prison a une porteur aussi symbolique que d'acheter un calendrier d'aquarelles d'éclopés peignant de la bouche et du pied. Outre que c'est de très loin ce que j'ai vu de plus faiblardissime de la compète de la dernière Berlinale (où Captive et Tabou sont repartis bredouilles, faut-il le rappeler), cette daube m'agace probablement car le sujet est le même que le film que mon ancien coloc. Même si le résultat était tout aussi pourri, je l'ai vu porter son projet à bout de bras et ramer pendant plus d'un an pour le sortir en salles, sans subvention ni rien. Les Taviani, eux, ont la bonne conscience du jury de Mike Leigh et une commande du ministère de la culture italien, mais aucun style ni aucune idée de mise en scène. Pire, le docu est fabriqué de toutes pièces, d'une embarrassante absence de naturel et d'instantané. Il faut entendre les prisonniers faire semblant de philosopher, hum pardon, réciter les dialogues surlignés des Taviani comme des moutons qui surjouent, en caressant une banquette en se disant "J'espère qu'une femme va s'asseoir dessus" ou cerise sur le gâteau, voir le taulard retourner en cellule (après une scène sur du vermillon criard faisant opposition au noir et blanc anémique du reste de film, qu'on se sera cogné en double exemplaire au début et à la fin dans cet étron qui ne dépasse pas l'heure seize, accompagné d'une pure instru au saxophone digne d'un Herbert Léonard rendant un tribute à Sylvia Krystel) et asséner face caméra: "Depuis que j'ai connu l'art, ma cellule ressemble à une prison." On peut subir ça avec la politesse désintéressée de la mule qui regarde passer un train en ayant l'air d'avoir effectué sa BA, mais on peut aussi dire que, franchement, on en a rien à cogner de ce genre de navet pseudo humanitaire.
0-1/6


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MessagePosté: 18 Oct 2012, 14:21 
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Je croyais qu'ils étaient morts les Taviani. Accueil presse pas trop mal.


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MessagePosté: 15 Avr 2013, 23:28 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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DPSR a écrit:

mais aucun style ni aucune idée de mise en scène.


J'ai trouvé ça remarquable d'intelligence et de précision que ce soit dans la mise en scène ou le regard porté par les Taviani. Alors oui, c'est un faux documentaire mais la captation du réelle est telle qu'on n'a pas un moment l'impression que les émotions ou le ressenti du duo des cinéaste soient fabriquées. Mise en scène sobre mais très loin d'être classique. Très classe même et je trouve que ça regorge d'idées, la manière dont les frères laissent le réel faire irruption dans les répétitions (scène de l'harmonica au casting). Et puis cette théâtralisation stylisée à l'extrême des rapports entre prisonniers, cet art de capter les figures et leurs expressions, c'est autant le texte de Shakespeare qui se nourrit de ses prisonniers que réciproquement.

Et la liberté que laisse les Tavianis aux spectateurs, aucun regard sentencieux ou morale appuyée sur l'expérience de ces prisonniers, aux personnes dans la salle de se faire la pleine interprétation de cette expérience et de son effet sur les prisonniers. Parce que c'est avant tout un film sur l'imagination, la puissance que l'art a sur chaque individu et la mise en scène même. Tout le long, le film tient comme un équilibriste sur un film mais jamais il ne tombe dans le vide ou la facilité. Film exigent et d'une densité rare, c'est vraiment un gros morceau de cette année 2012 et il n'a pas volé son Ours d'or (bon je n'ai pas vu Tabou).
C'est dommage que peu de personnes l'aient vu, c'est vraiment admirable.


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MessagePosté: 15 Avr 2013, 23:30 
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Cesar doit mourir, Perfect mothers, Bachelorette...

MAIS PUTAIN MEC T'AS DES GOÛTS DE CHIOTTE!


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MessagePosté: 15 Avr 2013, 23:41 
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J'ai failli écrire le même message...:D

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MessagePosté: 16 Avr 2013, 00:25 
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Je suis admiratif devant la hauteur des arguments mais je dois pas être le seul à aimer vu l'ours d'or décerné.
Bon pour me rattraper, j'ai aimé Oblivion ;)


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MessagePosté: 20 Avr 2013, 12:52 
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Abyssin a écrit:
Bon pour me rattraper, j'ai aimé Oblivion ;)


J'aurais dû m'en souvenir avant d'y aller.


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MessagePosté: 20 Avr 2013, 13:21 
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DPSR a écrit:
Abyssin a écrit:
Bon pour me rattraper, j'ai aimé Oblivion ;)


J'aurais dû m'en souvenir avant d'y aller.


Surtout la première partie. Déçu aussi par le reste?


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MessagePosté: 22 Avr 2013, 10:25 
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Petit joueur

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Bonjour, je trouve que ce film est un véritable chef d'œuvre!

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MessagePosté: 22 Avr 2013, 10:51 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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Amandine840 a écrit:
Bonjour, je trouve que ce film est un véritable chef d'œuvre!


Non mais argumente plus, tu m'aides pas du tout là ;)


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MessagePosté: 22 Avr 2013, 10:54 
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Teacher

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Te fatigue pas, c'est un bot (signature...)


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MessagePosté: 22 Avr 2013, 13:31 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Tom a écrit:
Te fatigue pas, c'est un bot (signature...)


Mais non voyons, tu vois bien qu'Abyssin est un travelo schizophrène. Quel manque de tact!


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MessagePosté: 22 Avr 2013, 14:47 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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Le générateur de vannes informatisé made in tourette a encore frappé.
Vu le topic, j'ai envie de te dire va mourir.


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MessagePosté: 31 Jan 2016, 21:05 
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Antichrist
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Oh, voilà une bonne surprise. J'en attendais rien et je trouve que c'est une des meilleures adaptations récentes de Shakespeare que j'ai vues. Alors bien sûr, faut passer par des aphorismes un peu surlignés, un musique au saxo improbable, mais le film est parvenu à m'émouvoir et il y a vraiment quelque chose qui se passe devant l'écran, comme une libération par le jeu et le théâtre.

4/6


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MessagePosté: 02 Déc 2019, 16:49 
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Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
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Je serais un peu chêvre-choutiste, entre dspr et Karloff.
Sur le coup le film impressionne, le background des prisonniers (pour la plupart des mafieux, sans doute importants - et doués d'un certain talent d'organisation et d'un bon sens politique- vue la lourdeur des peines) leur confère de façon automatique une compréhension particulièrement aïgüe du texte de Shakespeare, une histoire de violence, de complot et de pouvoir. Cela confère au film une forme de distanciation brechtienne, qui actualise le texte. L'opposition -bel et bien manipulée par ce qui est déjà du populisme mais restant pourtant inaccessible et idéale, indistinctement cause et moyen - entre ordre et liberté résonne de façon particulièrement intense avec notre époque ... la pièce est sur le lyrisme radical du populisme, foncièrement anti-religieux, matérialiste , ne promettant finalement rien d'autre que l'ordre social, présenté comme une alternative au salut, .

On pense au Macbeth de Polanski, même âpreté et même lyrisme, à la fois suicidaire et obliquement critique du réel
Mais avec avec le recul le film apparaît (ce qui est souvent le cas chez les Taviani... qui assument et intègrent dans le film justement ce côté manipulateur d'un dispositif dans le film) plutôt roublard, utilisant la violence "naturelle" des acteurs -ni amateurs ni pro, mais dans un flou et singulier entre-deux, comme là encore souvent chez les Taviani- comme un artifice qui renforce l'impact de l'écriture, qui finalement palie à une forme d'impuissance qui délimite d'un même mouvement à la fois l'imaginaire du spectateur et le propos "humaniste" des auteurs.

Disons qu'il aurait été finalement plus subversif de leur faire jouer du Feydeau ou du Pirandello que du Shakespeare, leur vie de mafieux étant déjà une pièce de Shakespeare. Nul ne sera surpris que des mafieux soient capables d'avoir une lecture lucide de ce type de situations et de leur enjeu. Ce savoir moral est justement entièrement confondu avec leur "métier" (cette absence de décalage et de contradiction est sans doute une caractéristique de l'illégalité).

Par contre j'ai apprécié la forme, et l'utilisation de l'espace de la prison. Il ya un malentendu, ce n'est pas du tout un documentaire.
Ce que disent les gardiens, les sursauts de violence entre prisonniers, les discussions sur la mise en scène sont vraisemblablement encore plus écrits et joués que le texte de Shakespeare (même si les passages en couleurs où le film revient vers l'enfermement -montrés deux fois de la même manière comme si cette insistance était celle du réel lui-même- posent un problème éthique que DSPR avait raison de souligner).
La musique est aussi une belle autocitation, modulée sur un mode jazz, de celle de Nicolas Piovani pour la Nuit de San Lorenzo

_________________
Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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