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Gemini Man (Ang Lee, 2019)
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Auteur:  Film Freak [ 27 Sep 2019, 23:04 ]
Sujet du message:  Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Imaginé en 1997 par Darren Lemke, l'idée au cœur de Gemini Man est passé entre les mains de plusieurs scénaristes, réalisateurs, acteurs, producteurs et studios avant de se concrétiser enfin maintenant que la technologie le permet. Le pitch - un assassin est poursuivi par son clone jeune - était caractéristique des high concepts qui faisait le sel des blockbusters d'action des années 90. Une décennie où chaque année semblait avoir son mètre-étalon du genre à partir d'une idée improbable : Speed (1994), Une journée en enfer (1995), The Rock (1996), Volte/Face (1997)...

On pense beaucoup à ce dernier devant Gemini Man : pour le face-à-face qui traverse le film, pour la présence d'un réalisateur chinois expatrié derrière la caméra, mais surtout pour le potentiel dramaturgique derrière le postulat vaguement ridicule. John Woo avait su en tirer une réflexion sur la figure du héros chère à ses obsessions doublée d'un actioner redoutable, signant son meilleur film américain et l'un des meilleurs films de sa carrière. Malheureusement, Ang Lee ne s'en sort pas aussi bien.

Toujours dans sa phase d'expérimentation technologique après L'Odyssée de Pi, tourné sur fonds verts et déjà en 3D, et Un jour dans la vie de Billy Lynn, en 3D mais surtout en 120 images par seconde, le cinéaste paraît, au vu du résultat mais également quand on l'entend parler du film, avoir été motivé en premier lieu par le défi technique que lui a inspiré le pitch du film : faire jouer les deux rôles par un seul et même acteur. À l'inverse de bien des exemples récents, notamment dans les productions Marvel, Gemini Man ne se contente pas de rajeunir par un "lifting numérique" le visage de Will Smith. En effet, le comédien a bien interprété son propre clone jeune sur le plateau mais recouverts d'une combinaison et de marqueurs de performance capture, comme pour Gollum pour citer l'exemple le plus connu. Ainsi, le personnage de Junior est donc une création intégralement composée d'images de synthèse. Le chemin parcouru depuis la trilogie animée du pionnier Robert Zemeckis est dingue. À l'exception de quelques mouvements de bouche encore un peu bizarres et d'un épilogue bizarrement moins convaincant, ce "faux" Will Smith jeune est à 99% indissociable d'une personne réelle.

L'aspect méta que revêt cette prouesse n'est évidemment pas innocente : le clone aussi humain, si ce n'est plus - il est bien plus émotif que son double âgé - que son modèle. Toutefois, il s'agit là d'une des nombreuses ébauches de thématique que le film ne traite que superficiellement. Intégralement dénué de surprises, l'écriture déroule un récit des plus simplets sur la trahison du protagoniste par ses employeurs, la rencontre avec le clone et les conséquences attendues de celle-ci. Tardivement, le film aborde la question de la parentalité bienveillante, de l'inné vs. l'enseigné, mais, comme pour tout ce qui attrait à la psychologie des personnages, le scénario se contente de l'exposer de façon didactique et élémentaire au cours de scènes de dialogues plates.

Par ailleurs, dans ces séquences, l'utra-clarté du HFR (high frame rate, déjà pas convaincant sur les Hobbit de Peter Jackson) ne pardonne pas. Au bout du 10ème champ-contre-champ suréclairé, on se demande où réside l'intérêt des images supplémentaires par seconde. Il faut attendre l'arrivée du premier morceau de bravoure, une longue course-poursuite à pied puis en moto, pour apprécier la qualité d'immersion proposée. Jusqu'alors, on avait l'impression d'être aux côtés des personnages mais que ce fusse dans l'image ou dans l'histoire, on aurait dit du b-roll. Comme si le "réalisme" de l'image amplifiait l'inconséquence de la scène basiquement écrite. Dès que ça bouge, c'est pas la même limonade. On y est. On est accrochés aux basques du héros. On se cache avec lui derrière un mur. On est au volant de la moto.

Inventif, le set-piece demeure la meilleure séquence du film. Suivront un combat plutôt réussi et une fusillade à la spatialisation bien gérée mais si le film s'anime durant ces passages, il peine à s'incarner le reste du temps. Au final, ce qui aurait pu être le nouveau Volte/Face est plutôt le nouveau Assassins.

Revoyez Looper.

Auteur:  Déjà-vu [ 28 Sep 2019, 08:11 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Film Freak a écrit:
Au final, ce qui aurait pu être le nouveau Volte/Face est plutôt le nouveau Assassins.

Le nouveau Assassins ?

Image

Auteur:  Film Freak [ 28 Sep 2019, 08:20 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

J'ai de l'affection pour ce film aussi.

Auteur:  bmntmp [ 28 Sep 2019, 12:16 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Le "que ce fusse" bien caché dans l'aviq

Auteur:  Film Freak [ 28 Sep 2019, 12:31 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Concordance des temps, ma gueule.

Auteur:  bmntmp [ 28 Sep 2019, 14:06 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Ouais mais ça n'existe pas. "Mais fût-ce dans la qualité" aurait marché.

https://www.toutelaconjugaison.com/conjugaison-verbe-être.html

Auteur:  Film Freak [ 28 Sep 2019, 14:29 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

J'ai mal.

Auteur:  Abyssin [ 28 Sep 2019, 16:22 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Mes condoléances.

Film Freak a écrit:
pour la présence d'un réalisateur chinois expatrié derrière la caméra,
Passe pas tes vacances à Taïwan, tu vas te faire étriper.

Auteur:  Film Freak [ 28 Sep 2019, 21:07 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Alleeeeeez

Auteur:  Déjà-vu [ 03 Oct 2019, 11:33 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Film Freak a écrit:
À l'exception de quelques mouvements de bouche encore un peu bizarres et d'un épilogue bizarrement moins convaincant, ce "faux" Will Smith jeune est à 99% indissociable d'une personne réelle.

T'es pas sérieux Bob, en image fixe je ne dis pas, mais en mouvement on est surtout à 50 ou 25% selon les plans (le pire étant la dernière scène où on tombe à 10 - fin tournée après coup non ?), ce qui est déjà beaucoup dans l'idée de le rendre "indissociable", mais donne plutôt l'impression que le personnage est échappé d'un Zemeckis. Il y a bien des plans à 99% aussi (par exemple quand il est habillé en noir avec casquette et lunettes au début et menace Mary Elizabeth Winstead), mais là je t'avoue que je soupçonne l'emploi d'une doublure dont on aurait seulement remplacé la tête (si ce sont uniquement à 100% des CGI, au temps pour moi). Sinon le film est faible, tout générique, tout fade, indigne d'Ang Lee.

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 14 Oct 2019, 17:29 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Le film est en effet tout générique et fade, mais c'est presque ça qui le rend unique. Le contraste entre ce pitch old school et cette technologie new school, avec ces fameux champ-contrechamp fixes et suréclairés qu'évoque Film Freak, c'est fascinant. On est en HFR mais pour filmer quasiment rien... D'ailleurs pas super convaincu par le 60fps, qui faisait presque motion smoothing avec des accélérés brutaux. En 120fps ça aurait sans doute été plus fort. Ce parti-pris ajoute en tout cas à l'idiosyncrasie du film, surtout lorsque Ang Lee nous emmène en Colombie, avec sa lumière sans contraste, ses murs colorés... On a presque l'impression d'un hommage à la telenovela.

Pour le reste, c'est ultra-basique et attendu. Mais c'est tellement humble et presque innocent que ça en devient désarmant. J'aime bien les touches d'humour (la blague sur Mandela, géniale), et lors de l'échange "We need to go to Budapest! / What's in Budapest?" j'aurais aimé que Smith réponde "Tax rebates." Bon après, c'est clair que le potentiel dramaturgique et troublant du pitch passe par pertes et profits. C'est survolé.

Sinon, je l'ai vu en 4DX (24€30...), ce qui rajoute au contraste "Film tout plat"/"Projection inoubliable". C'est une expérience très sympa: j'ai craint que la démo pendant la séance soit plus probante que le film lui-même (comme la pub Haribo) mais en fait ça envoyait bien. Les shakes, les inclinaisons, c'est du gimmick mais en même temps ça te fait te questionner sur le point de vue: qui suis-je dans le film ? Suis-je Junior qui met un coup de poing, ou suis-je le figurant colombien dont la chute est accompagnée d'une secousse dans mon dos ? Si j'étais du genre à me pignoler, je dirai que cette quête d'identité du spectateur rejoint celle du personnage, mais bon...

Auteur:  Le Cow-boy [ 14 Oct 2019, 17:40 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

24 euros !!! Non mais sérieux...

Auteur:  Cantal [ 14 Oct 2019, 22:59 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

C'est mort pour le voir en 120 fps ?

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 14 Oct 2019, 23:22 ]
Sujet du message:  Re: Gemini Man (Ang Lee, 2019)

Cantal a écrit:
C'est mort pour le voir en 120 fps ?
Je crois bien.

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