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Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)
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Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 21 Sep 2019, 13:21 ]
Sujet du message:  Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Le roman a l'air super. Et le film est pas mal du tout. Ça commence avec un léger spectre "disparition d'enfant France 3" qui plane mais Boukhrief gère bien sa barque et réussit à faire exister toute une galerie de personnages, à saisir une ambiance, créer un mood, et surtout nous tenir en haleine (et gérer les SFX...). Le scénar est super. Parmi les acteurs, Pablo Pauly est vraiment bien, tout comme Margot Bancilhon, même si je ne crois pas totalement à son côté "fille du village". J'aime bien comment ces deux jeunes acteurs cohabitent avec les vieux de la vieille Bonnaire/Berling/Torreton, ça donne une double identité au film pas mal.

Dans son étau scénaristique implacable, le film fait penser à certains des meilleurs Woody Allen, mais il lui manque une certaine ironie. La musique de Rob, omniprésente et parfois pompière, assomme un peu ce film qui aurait mérité d'avoir plus de mordant.

Auteur:  Film Freak [ 21 Sep 2019, 13:35 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Et ça parle de quoi sinon?

Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 21 Sep 2019, 14:37 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Je suis pas un critique américain. :P

Auteur:  Cosmo [ 21 Sep 2019, 16:22 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Film Freak a écrit:
Et ça parle de quoi sinon?


Pour le coup, mieux vaut ne rien savoir.

Auteur:  Film Freak [ 21 Sep 2019, 17:32 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Sauf que là j'irai pas.

Auteur:  bmntmp [ 15 Fév 2020, 11:52 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Je suis un amateur des deux derniers films de Boukhrief donc forcément j'étais curieux de voir celui-ci. On y retrouve l'espèce de néo-classicisme de sa mise en scène, un soin assez rare en France, qui va de pair avec une foi dans l'image et un refus de la surexplication. Pas de voix-off débile par exemple, mais une opacité de tous les instants.
Cette opacité fait la force du film mais en constitue également la limite. Elle aurait pu être atténuée avec un rythme plus vif aussi. La première partie, enfant, est trop longue (c'est celle que préfère Marcos Uzal de Libération mais pour des raisons qui me semblent plus théoriques qu'autre chose). La critique évoque généralement une atmosphère de conte de fées, voire Moonfleet de Lang, choses auxquelles je n'ai pas du tout pensé alors que je suis un immense fan du film de Lang, sauf évidemment lors de la scène de la tempête de 1999.
Ne connaissant rien du film, j'ai été agréablement surpris par sa structure narrative avec l'ellipse "quinze ans plus tard" (stratagème finalement assez peu commun au cinéma, mais je veux bien que vous me citiez une flopée d'exemple). Uzal reproche alors au film de se transformer en étude psychologique. Perso je lui reproche de ne pas l'être assez et de rester superficiel. La mécanique du scénario est parfaitement huilée, voire trop, au détriment d'une certaine profondeur du personnage principal. Ce n'est pas tant la culpabilité qui le ronge que la peur d'être découvert, ou la honte de ne pas avoir su dire la vérité durant toute ces années. Le film répond en partie aux questions que nous nous posions à son sujet dans la première partie. Ces réponses sont décevantes et c'est peut-être là qu'on regrette encore plus que la première partie ait été si longue.
Le film atteint une forme de tragique assez belle dans ses dernières scènes mais le personnage principal, tout en restant opaque, en sacrifiant une part de lui-même, paraît paradoxalement s'être appauvri, sans doute parce que la narration finit par n'en faire qu'un jouet. Plutôt content que Boukhrief n'aille pas trop du côté de l'ironie. Sinon je remarque qu'à l'image du jeu de Charles Berling, Boukhrief a dû mal à filmer une certaine "dureté de la réalité". Ses images ou ses acteurs n'ont pas véritablement d'épaisseur mais tendent vers quelque chose d'un peu désincarné.
Je remarque un jeu sur les détails périphériques qui sert probablement à renforcer l'image de microcosme du village mais un peu artificiel et inutile (la caissière gironde demande au policier avec qui elle finira une cigarette près de l'église avant la messe de noël, et il y en a d'autres comme ça).

Ambiguïté sur laquelle je ne m'étais pas appesantie, curieux d'avoir l'avis de QGJ qui semble être le seul à avoir vu le film

le personnage principal propose de racheter le cabinet au médecin joué par Torreton en échange de son silence. Pour moi, il n'y a pas de cupidité de la part de Torreton, qui accepte ce compromis par altruisme en se disant qu'il est mieux que le village ait un médecin alors qu'il s'apprête à en partir. Pour ma copine, c'est l'appât du gain qui le fait changer d'avis, ce qui serait du cynisme facile. Les deux peuvent coexister.


Des avis ?

Auteur:  bmntmp [ 15 Fév 2020, 16:05 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Les premiers livres policiers de Pierre Lemaitre mettent en scène un policier du nom de Verhoeven.
Par coïncidence, Trois jours et une vie entretient quelques rapports avec Elle justement.

Lu la fin du roman de Lemaitre qui renseigne évidemment là où le film est opaque, sans compter quelques changements scénaristiques pas vraiment anodins en faveur du film (comme si le livre était un brouillon et que Lemaitre avec Boukhrief avaient su l'améliorer). Curieux comme le livre est pataud en comparaison du film, qui est loin d'être parfait lui-même mais infiniment moins lourd, notamment dans la description d'une campagne archaïque en 1999 jusqu'à dix années plus tard (tout le truc autour du "bâtard" notamment), ce qui me fait revaloriser le film évidemment.

Une chose bizarre dans le roman, la focalisation est interne et suit Antoine et ses pensées, mais sa mère est désignée comme Mme Courtin. C'est habituel ?

Auteur:  Abyssin [ 08 Juil 2022, 17:06 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Qui-Gon Jinn a écrit:
J'aime bien comment ces deux jeunes acteurs cohabitent avec les vieux de la vieille Bonnaire/Berling/Torreton, ça donne une double identité au film pas mal.
Oui c'est vraiment sympa cette cohabitation entre la vieille et jeune garde. Et ça fait toujours plaisir de revoir Torreton qui est toujours aussi bon et n'a pas eu la carrière qu'il aurait mérité après Capitaine Conan.


Qui-Gon Jinn a écrit:
Dans son étau scénaristique implacable, le film fait penser à certains des meilleurs Woody Allen, mais il lui manque une certaine ironie.
What?

bmntmp a écrit:

comme si le livre était un brouillon et que Lemaitre avec Boukhrief avaient su l'améliorer
J'ai beau apprécié le film, ça ne donne effectivement pas envie de lire le livre pour les raisons que tu évoques. L'impression que sur plusieurs centaines de pages, ça va donner un truc plus lourd alors que sur 2 heures à l'écran ça passe pile poil.


bmntmp a écrit:
On y retrouve l'espèce de néo-classicisme de sa mise en scène, un soin assez rare en France, qui va de pair avec une foi dans l'image et un refus de la surexplication. Pas de voix-off débile par exemple, mais une opacité de tous les instants.
Cette opacité fait la force du film mais en constitue également la limite. Elle aurait pu être atténuée avec un rythme plus vif aussi. La première partie, enfant, est trop longue
J'aime Boukhrief pour les raisons que tu évoques. Je dirais même que cette opacité que tu pointes, est une limite de son cinéma mais le rende paradoxalement attachant. Sur ce Trois jours et une vie, la structure est un chouïa déséquilibré mais globalement ça fonctionne et j'aime bien l'enchainement scénaristique de la dernière demi-heure, même si on peut la juger un peu trop mécanique. Le cinéaste se repose sur ses (bons) acteurs et l'émotion surgit de manière assez impromptue. J'aime bien la fin pour exemple.


bmntmp a écrit:

le personnage principal propose de racheter le cabinet au médecin joué par Torreton en échange de son silence. Pour moi, il n'y a pas de cupidité de la part de Torreton, qui accepte ce compromis par altruisme en se disant qu'il est mieux que le village ait un médecin alors qu'il s'apprête à en partir. Pour ma copine, c'est l'appât du gain qui le fait changer d'avis, ce qui serait du cynisme facile. Les deux peuvent coexister.

Ta copine a tort, je vois même pas comment on peut voir de l'appât du gain chez le personnage de Torreton qui carbure avant tout à l'humain. La scène de sa retraite fait plus que le confirmer.

Sinon est-ce qu'on est d'accord que
le polonais est le père d'Antoine? Je rêve ou pas? Qu'est-ce que dit le roman à ce sujet?

Auteur:  bmntmp [ 11 Juil 2022, 09:23 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Je ne m'en souviens pas assez pour te répondre !

Auteur:  Abyssin [ 11 Juil 2022, 09:29 ]
Sujet du message:  Re: Trois jours et une vie (Nicolas Boukhrief - 2019)

Ah dommage, j'aurais bien aimé une réponse concernant le spoiler mais merci quand-même. Sinon je suis étonné que QGJ ou toi-même n'avez pas cité l'influence de Simenon, qui est revendiquée par Boukhrief et est ici assez évidente. On peut aussi penser à du Clouzot, toutes proportions gardées dans le style "film de village". Les références sont lourdes mais Boukhrief les digère bien.

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