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Après la mort de sa femme, un homme s'enferme dans son appart qu'il repeint en noir

Film expérimental d'Alain Cavalier qui tient autant de l'installation plastique que de l'introspection autobiographique et qui a été tourné après la mort de sa femme dans un accident de voiture. Le visage revêtu de bandes comme James Whale dans l'homme invisible, on va suivre pendant une heure le chaos mental du personnage hanté par l'accident. Le film va passer de lettres, de souvenirs parlés à des moments totalement Beckettiens mais d'une grande beauté formelle comme les nombreux moments de peinture.

Je trouve le geste de cinéma radical mais d'une grande beauté. Suite de plans claustros, le film est une vraie installation mentale qui pourrait être totalement inepte à l'écran mais comme le dispositif est d'une rare justesse ça bouleverse. C'est filmé à l'instinct (1 ou 2 plans max) en 7 jours, acte de survie cinématographique d'un cinéaste endeuillé qui ne ressemble à nul autre et qui va en rebuter plus d'un tellement c'est radical et peu aimable, c'est une plongée unique au sein des ténèbres intérieures d'un cinéaste qui se sert de la caméra pour guérir.

J'ai trouvé ça magnifique et je tenterais bien de vous le conseiller vu la courte durée (64 minutes) mais le mieux est de se faire une idée avec le trailer :

https://www.dailymotion.com/video/x5dvz1j

5/6

Pas vu ce film (les Cavalier de cette période ont quelque chose que je trouve humainement assez dur, au vu du Plein de Super, une fofme de nihilisme masculin pré-houellbecquien, où le rapport à l'autre est complètement raté) mais j'ai vu il ya quelques années (2009 ) Irène, un film difficile à définir mais qu'on pourrait qualifier de journal intime (faute de mieux) qui reprenait le même évènement, sous une forme (un peu) apaisée, et qui était assez marquant. Il tenait le pari de faire de la mélancolie radicale et de la culpabilité non liquidée un moyen de surmonter ce nihilisme.

La culpabilité de Cavalier pratiquement identifée à la foi chrétienne, c'est à dire ce qui appelle en retour le pardon - or dans la situation de Cavalier il n'y avait plus personne ni pour accuser, ni pour pardonner - ce qui coincidait avec l'incertitude ontologique de l'existence de Dieu (la morale, quand elle est dérivée d'une douleur radicale qui la devance, tranforme l'ontologie elle-même en réponse, quelque chose de rassurant là où il cesse d'être un commencement) .

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Si tu as aimé Irène, je peux t'envoyer le lien streaming (légal). Pour rien te cacher, c'est effectivement un film assez dur d'un point de vue humain mais passionnant.