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La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
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Auteur:  Art Core [ 27 Nov 2018, 10:38 ]
Sujet du message:  La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
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Six histoires différentes de l'Ouest américain.

C'est marrant parce que le film ressemble au western qui est en train de se faire avec Alden Ehrenreich dans Avé César avec ce côté très cartoon et pas du tout réaliste. Enfin c'est surtout ce qui ressort des deux premiers vraiment excessifs en mode blague limite carambar.

Le film est magnifique visuellement, très ludique, on s'ennuie pas une minute mais ça m'a pas du tout parlé. Je trouve que tout y est tellement artificiel, tout y est tellement traité comme une petite blague qu'on se raconte entre le fromage et le dessert que je me suis attaché à rien. Alors c'est moins vrai pour le cinquième épisode, clairement le meilleur de tous qui développe un peu ses persos et parvient à trouver une émotion et une sensibilité très touchante (excellente Zoé Kazan) mais le reste m'a laissé sur la touche, j'ai sans cesse l'impression d'une récréation un peu fainéante pour les frangins qui se sont surtout fait plaisir sur les décors et sur l'ambiance.

Petit topo :

1 : Amusant vite fait, très stylé, la mort avec la table de poker est fun.
2 : Celui-là je l'ai trouvé vraiment nul. J'aime bien l'attaque de banque du début mais la blague finale est naze.
3 : Le plus nul, pas compris du tout celui-là. Puis prendre Liam Neeson pour ça...
4 : Sublime visuellement, amusant vite fait, j'aime bien Tom Waits. Mais encore une fois à la fin, tu vois la blague mais pas grand chose d'autre.
5 : De loin le meilleur, le film parvient à développer une vraie dramaturgie, c'est touchant, c'est émouvant, la fin est terrible.
6 : Le deuxième plus nul. Les acteurs en font des caisses, j'ai pas trouvé ça drôle.

Bref, c'est pas désagréable et le film est encore une fois très divertissant et une splendeur visuelle mais je trouve que ça reste vraiment une belle petite coquille vide.

3/6
Auteur:  bmntmp [ 27 Nov 2018, 10:57 ]
Sujet du message:  Re: La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
La plupart des films des frères Coen sont très cartoon pour moi et donnent l'impression de voir un story board très élaboré avec des personnages fin comme du papier (ou relevant de la caricature). C'est un cinéma qui visuellement tends vers le kitsch et letoc avec plus ou moins de réussite.
Ce dernier film : des historiettes sans intérêt à l'ironie cruelle facile. N'est pas Maupassant du cinéma qui veut.
Auteur:  Erik Vonk [ 11 Fév 2019, 08:09 ]
Sujet du message:  Re: La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
Pas leur meilleur film, mais peut-être leur plus grand accomplissement sur le plan pictural.

C'est un film vraiment inoubliable dans sa réinterprétation des icônes et des mythes du Far-Ouest (comme pour faire état de ce genre à travers un siècle de cinéma et d’œuvres d'art). C'est presque une expérience muséale. Chacun des 6 segments présentent une facette particulière et un style synthétisant avec force tout ce que l'on connaît du western. C'est le Far-Ouest à la fois bédéesque, baroque, naturaliste, expressionniste, théâtrale, avec un p'tit feeling macabre à la Edgar Allan Poe. J'avoue que le segment de l'homme tronc m'a particulièrement brisé le coeur. Mais ça va tellement loin dans le pathétique de l'humain, qu'on ne peut s'empêcher d'éclater de rire. En castant Liam Neeson comme "aidant" de cet homme tronc au regard de chien battu, les Coen ont fait de ce segment un p'tit film presque délicieusement sadique sur la nature humaine.
Auteur:  Film Freak [ 12 Avr 2019, 21:27 ]
Sujet du message:  Re: La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
Formellement, c'est impeccable.

À part sur le dernier segment, avec son approche chromatique délibérément choquée comme ses fonds verts voyants, Delbonnel ne fait pas son Delbonnel et sublime les vistas (le segment du milieu, avec la vallée verdoyante là, c'est le jardin d'Edan tellement c'est la pureté de la nature magnifiée).

Mais même au-delà de la photo, c'est remarquable dans la mise en scène, cette précision et cette élégance et cette originalité, dans l'humour (les morts du premier segment, avec cet esprit qui te rappelle que les Coen ont été colocs de Raimi et que chacun a bossé sur les films de l'autre) comme dans "l'action" (l'attaque des indiens qui arrivent de loin dans le 5ème et meilleur segment).

Par contre, dans l'écriture, je ne comprends pas.
Enfin si, je vois bien que les frangins poussent leur amour de l'anecdotique jusqu'à l'extrême, voire l'absurde, mais ça vire à la caricature.
À l'exception de la première histoire, amusante, et donc de la cinquième, "The Gal Who Got Rattled", qui prend son temps et trouve sa beauté dans son humanité toute simple, les récits sont d'une inconséquence tout bonnement sidérante.

J'ai eu l'impression de voir Love, Death & Robots.
Auteur:  FingersCrossed [ 18 Avr 2023, 19:49 ]
Sujet du message:  Re: La Ballade de Buster Scruggs (Joel & Ethan Coen, 2018)
j’adore plusieurs films des frères, mais j’avoue que film à sketchs + western + netflix, j’avais zappé. Mais netflix est généreux avec ses films en ce moment et j’ai profité d’une projection à la filmothèque pour le découvrir au cinéma.

alors c’est évident que c’es un film mineur, qui n’aurait sûrement pas vu le jour dans un autre contexte que des plateformes désireuses de se payer des grands cinéastes. mais la transition entre les histoires est bien trouvées et ça ressemble effectivement plus à un recueil de nouvelles filmées qu’un film à sketchs : les histoires sont moins reliées par une thématique que par la vision des auteurs, qui s’expriment juste à travers des histoires plus courtes que d’habitude.

on retrouve donc un thème fondamental des frères : l’absurdité des destins, la futilité des existences prises dans un grand tout qu’on ne maitrise pas et qui n’a aucun sens. et cela colle particulièrement bien au genre du western, où la mort des uns et des autres est omniprésente et n’a guère d’importance, et à l’époque, où la mort était omniprésente et la rapidité avec laquelle elle pouvait survenir modifiait naturellement le rapport de chacun avec.

et ils explorent ça avec leur talent – leur génie, allez – habituel. Il y a 150 idées géniales, les cadres sont splendides, les dialogues ont une tonalité de l’époque tout en restant les leur, la direction de ces acteurs de profils différents est parfaite, il y a une vraie profondeur aux histoires tout en restant drôles et divertissantes et parfois touchantes… leur talent est partout.

beaucoup de choses sont formidables mais vus les commentaires au dessus, je me sens de dire un mot positif sur l’histoire avec liam neeson, qui m’a beaucoup plu. j’y ai vu une histoire émouvante sur la manière dont l’art et le besoin de divertissement a toujours existé et trouvait des incarnation différentes, puis une histoire désabusée sur la manière dont les gens ont toujours préféré des grosses conneries plutôt qu’un artiste qui dévoile son âme et donne sa vie. le fait que cette ballade soit visiblement leur dernier film ensemble rend la fin de l’histoire de ce duo inséparable particulièrement émouvante.

mon grief est sûrement l’étalonnage digital particulièrement bourrin, qui couplé à l’image en 387250037k propre à netflix donne une tonalité agressive aux visuels, loin de la beauté et l’intelligence de leur mise en image et de la photo.

c’est mineur, mais ça a toute sa place dans leur filmo et j’étais très heureux de le voir au cinéma.
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