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Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)
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Auteur:  Qui-Gon Jinn [ 28 Sep 2018, 16:38 ]
Sujet du message:  Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

Hé ben c'est pas mal ! C'est pas parfait, mais franchement c'est une "proposition" (beurk) qui fait très plaisir. Car si on sort du film en ne comprenant guère plus à la Révolution si ce n'est que "c'était le bordel", on ressent surtout le tumulte d'une époque, et le tout avec style, et un constant pas de côté.

Sans en faire trop à la Tom Hooper (que j'adore pourtant), Schoeller imbue son film de crasse et de réalisme. Dès la première scène, avec ces nobles parfaitement castés (et cette sosie géniale de Marie-Antoinette) qui ricanent derrière la porte, on voit l'Histoire par un trou de souris (j'ai adoré d'ailleurs la réplique du gamin avant le titre... scène géniale). Pareil lorsque, après avoir éludé la prise de la Bastille, Schoeller montre le soleil qui frappe pour la première fois la ruelle du faubourg où vivent les héros. L'effet est gâché par le soleil studio "Plus-belle-la-vie-esque" mais l'idée confère de la physiqualité à une situation théorique. On sent le changement frapper leurs corps, ce n'est pas juste un concept, c'est une réalité à laquelle on peut s'identifier.

Le film est peuplé de détails comme ça: le Roi qui aide sa fille à faire pipi dans les bois, les différents accents, les tronches pas possibles, et
l'imperceptible twitch de la tête tranchée de Louis XVI à la fin.


Et il devient carrément génial lorsqu'il ose des digressions abusées, type ces plans à la SUNSHINE sur le verre qui ressemble en fait au soleil, et réduit soudainement le film à sa petite échelle humaine ; les hommes de 1789 et ceux d'aujourd'hui, même combat: on est rien comparé au destin de l'univers. L'effet visuel tue, et la proximité que ça créé avec les héros est très étonnant.
Autre moment très inspiré: la scène du rêve, avec son Louis-Do XIV parfait et le génial accent d'Henri IV. Grand moment.
Egalement au menu, plein petites ruptures géniales, comme le cut entre le manège du roi qui devient la future assemblée en construction. Raccord parfait.

Les acteurs sont globalement pas mal, sauf Izïa Higelin, décidément trop contemporaine. Laurent Laffitte parle finalement assez peu donc ça passe. Même Gaspard Ulliel est finalement bien choisi pour ce rôle un peu benêt.

On sent que Pierre Schoeller essaie de donner le change avec un minimum de dramaturgie, mais au fond tu sens qu'il s'en fout et que s'il pouvait juste faire un film à la Greengrass sur la Révolution ça lui irait très bien. On sent bien que ce qu'il kiffe c'est les scènes de débat parlementaire, toutes géniales. Là où un autre scénariste aurait condensé les discours en petit nuggets avec un début/un milieu/une fin, il ose au contraire les fondus enchaînés pour montrer Robespierre parler toute la journée. Et j'ai adoré la scène du vote, où il donne à chaque petit acteur son moment au centre de l'image, chacun avec son accent, sa manière de parler. Scène généreuse et magnifique.

Déçu par contre par l'exécution du roi, qui n'a rien à envier à celle du téléfilm de 1989, qui était plus brouillonne, plus inattendue, réaliste. D'ailleurs Jean-François Balmer était meilleur dans le rôle.

Bref, pas parfait certainement, mais très excitant et vraiment unique.

Auteur:  Art Core [ 28 Sep 2018, 17:00 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

Film qui sort sans promo, sans rien, ça va bider sévère. Je suis assez curieux malgré l'accueil globalement glacial.

Auteur:  Karloff [ 28 Sep 2018, 21:10 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

C'est une bouille narrative. C'est dommage car par séquence, c'est vraiment tellement ambitieux et généreux dans ses effets...

Auteur:  Film Freak [ 29 Sep 2018, 21:16 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Hé ben c'est pas mal ! C'est pas parfait, mais franchement c'est une "proposition" (beurk) qui fait très plaisir. Car si on sort du film en ne comprenant guère plus à la Révolution si ce n'est que "c'était le bordel", on ressent surtout le tumulte d'une époque, et le tout avec style, et un constant pas de côté.

Je trouve que justement, on ne le sent jamais, le tumulte.
La faute à un montage qui charcute le film, écourtant chaque scène au point que rien ne respire, rien ne décolle. Les persos n'en sont pas, le sujet est survolé et j'en ressors avec l'impression d'avoir vu un docu-fiction finalement assez scolaire et désincarné, un comble pour un film sur la Révolution.
Il y a effectivement quelques détails réussis mais ils sont bien rares : c'est simple, Qui-Gon les a tous cités :

Citation:
j'ai adoré d'ailleurs la réplique du gamin avant le titre... scène géniale). Pareil lorsque, après avoir éludé la prise de la Bastille, Schoeller montre le soleil qui frappe pour la première fois la ruelle du faubourg où vivent les héros. L'effet est gâché par le soleil studio "Plus-belle-la-vie-esque" mais l'idée confère de la physiqualité à une situation théorique. On sent le changement frapper leurs corps, ce n'est pas juste un concept, c'est une réalité à laquelle on peut s'identifier.

J'ai vraiment cru à un film intéressant avec tout ce début, en effet.

Citation:
Et il devient carrément génial lorsqu'il ose des digressions abusées, type ces plans à la SUNSHINE sur le verre qui ressemble en fait au soleil

Alors le plan sur le verre oui, le plan sur le vrai soleil en CGI moche avec un ralenti de post-prod ou chais pas quoi, c'est HORRIBLE.

Citation:
Autre moment très inspiré: la scène du rêve, avec son Louis-Do XIV parfait et le génial accent d'Henri IV. Grand moment.

Moment inspiré mais complètement flingué par sa théâtralité (assumée). Et qui arrive trop tôt. Et qui n'a pas vraiment de suite...

Citation:
On sent que Pierre Schoeller essaie de donner le change avec un minimum de dramaturgie, mais au fond tu sens qu'il s'en fout et que s'il pouvait juste faire un film à la Greengrass sur la Révolution ça lui irait très bien. On sent bien que ce qu'il kiffe c'est les scènes de débat parlementaire, toutes géniales. Là où un autre scénariste aurait condensé les discours en petit nuggets avec un début/un milieu/une fin, il ose au contraire les fondus enchaînés pour montrer Robespierre parler toute la journée. Et j'ai adoré la scène du vote, où il donne à chaque petit acteur son moment au centre de l'image, chacun avec son accent, sa manière de parler. Scène généreuse et magnifique.

Je m'endormais déjà pour ma part.

Auteur:  Abyssin [ 07 Oct 2018, 18:40 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

Karloff a écrit:
C'est une bouillie narrative. C'est dommage car par séquence, c'est vraiment tellement ambitieux et généreux dans ses effets...
Mouais, le film assume vraiment son parti pris de ne pas se reposer sur une narration classique, d'être assez abrupt dans ses effets en se passant de transitions et arrivant directement au sujet. Je comprends que ça puisse déplaire, perso le film arrive bien à gérer le côté "petites gens" - grande histoire et qu'il est d'ailleurs plus faible quand il se repose sur un moment personnel qui n'a rien à avoir avec l'histoire. Par exemple, j'ai trouvé le moment vers la fin avec le verre inintéressant.

Après oui assez d'accord avec QGJ, il y a ce côté viscéral, vécu du moment historique, qui est assez fort et débouche sur plein de fulgurances et les scènes de débat à l'assemblée sont passionnantes. Bon après, il faut aussi aimer la clique des acteurs français "film de prestige" dont on va chacun avoir une tête à claques qui va nous agacer. Je suis pas très fan d'Ulliel mais perso c'est toujours Lvovsky qui m'énerve le plus. Après il faut avouer qu'elle parle pas beaucoup ici et il n'y a qu'une scène où elle se lance dans un monologue et qui me donne envie de la baffer.

Mais sinon le film est vraiment pas mal même si très imparfait. Ca sort des sentiers battus des films sur la révolution et de toute approche scolaire. Après le résultat n'est pas aussi haut que son ambition initiale mais la vision de la politique de cette époque et des balbutiements de la révolution est passionnante.

4/6

Auteur:  latique [ 08 Oct 2018, 12:55 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

Qui-Gon Jinn a écrit:
Et il devient carrément génial lorsqu'il ose des digressions abusées, type ces plans à la SUNSHINE sur le verre qui ressemble en fait au soleil, et réduit soudainement le film à sa petite échelle humaine ; les hommes de 1789 et ceux d'aujourd'hui, même combat: on est rien comparé au destin de l'univers. L'effet visuel tue, et la proximité que ça créé avec les héros est très étonnant.

C'est bien un passage à l'échelle humaine, mais justement pas pour conclure "On est rien comparé au destin de l'univers". Au contraire: c'est une manière de dire que le peuple se rend maître du soleil, fabrique sa propre histoire (en se débarrassant de la royauté-Soleil).

Citation:
Déçu par contre par l'exécution du roi, qui n'a rien à envier à celle du téléfilm de 1989, qui était plus brouillonne, plus inattendue, réaliste.

Le côté décevant, c'est discuté dans le film lui-même: quelqu'un dans le public dit quelque chose comme "C'était mieux avant" (au temps des exécutions spectaculaires). On peut défendre le film sur ce point: la guillotine, c'était justement une manière d'en finir avec le spectacle des exécutions royales, d'égaliser tout le monde, et ici, le roi meurt comme un homme ordinaire.

Auteur:  Abyssin [ 08 Oct 2018, 13:22 ]
Sujet du message:  Re: Un peuple et son roi (Pierre Schoeller - 2018)

latique a écrit:
Qui-Gon Jinn a écrit:

Citation:
Déçu par contre par l'exécution du roi, qui n'a rien à envier à celle du téléfilm de 1989, qui était plus brouillonne, plus inattendue, réaliste.

Le côté décevant, c'est discuté dans le film lui-même: quelqu'un dans le public dit quelque chose comme "C'était mieux avant" (au temps des exécutions spectaculaires). On peut défendre le film sur ce point: la guillotine, c'était justement une manière d'en finir avec le spectacle des exécutions royales, d'égaliser tout le monde, et ici, le roi meurt comme un homme ordinaire.
Tout à fait d'accord! Je ne me souviens plus du film de 1989 mais là je trouve le moment réussi avec la tirade de Lafitte.

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