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Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)
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Auteur:  Arnotte [ 09 Juil 2018, 10:59 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

T'inquiète. :)
Tain moi je ne sais toujours pas quoi pronostiquer pour FRA-BEL...

Auteur:  Art Core [ 09 Juil 2018, 22:26 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Le film a une vraie gueule, il y a un beau travail sur les décors, sur la photo, sur ce commissariat déréalisé et anachronique (pourtant on parle à un moment d'internet) avec cette pièce d'interrogatoire sans ouverture sur l'extérieur, conçu comme un bocal. C'est là que le film a une espèce de personnalité, dans la construction d'une intrigue aux méandres mentaux dans laquelle on abolit l'espace et le temps dans une espèce de cauchemar sans fin.

Mais une fois qu'on a dit ça, il reste tout ce qui enrobe, tout ce qui constitue la chair de ce postulat. Et c'est là que le film me semble quand même très raté. Le problème simple est qu'il n'est jamais aussi drôle qu'il voudrait bien l'être. Il m'a semblé en permanence manquer de fantaisie, de saillies comiques ou tout simplement de rythme. Sans doute une volonté de coller à une espèce de réalité morne où l'humour surgirait dans les interstices de la banalité. Mais Poelvoorde est fatigué, Ludig banal (et Orelsan embarrassant de nullité en deux scènes), les dialogues ne sont pas drôles (ce truc autour de "c'est pour ça" j'ai trouvé ça nullissime, le truc sur la faim c'est affligeant) et encore une fois le film manque d'un truc qui pétille, d'un pas de côté plus franc. Du coup ça dure 1h13 mais on se fait limite chier. Et en effet la fin est nulle
pas tant l'idée du théâtre, très bunuellienne mais plutôt ce qui suit, qui tombe vraiment à plat.


Bref, je trouve pas ça détestable, les scènes avec Marc Fraize sont pas mal mais je trouve le film tellement court, tellement plat, tellement neutre en fait que je sais d'avance que je vais l'oublier très vite. Un peu du mal à comprendre l'enthousiasme lu ici ou là, pour moi c'est clairement l'un de ses plus faibles.

2/6

Auteur:  Abyssin [ 09 Juil 2018, 22:43 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Art Core a écrit:
et Orelsan embarrassant de nullité en deux scènes
Plié de rire ainsi que toute la salle sur la scène
j'annonce mon suicide tranquillou


[quote="Art Core"]e truc sur la faim c'est affligeant[quote="Art Core"] Le coup de l'huitre

Après oui, je suis premier à dire que le truc de la fin n'est pas ce qu'il y a de mieux dans le film. Pas que ce soit déshonorant mais je trouve que ça aurait gagné à rester dans le côté loufoque-dramatique de la découverte du corps.

Auteur:  Lohmann [ 09 Juil 2018, 23:03 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Abyssin a écrit:
Art Core a écrit:
et Orelsan embarrassant de nullité en deux scènes
Plié de rire ainsi que toute la salle sur la scène
j'annonce mon suicide tranquillou

Premier film de Dupieux que je vois, je comprends que l’on n’accroche pas à ce type d’humour, pour moi ça marche très bien, je me suis franchement marré du début à la fin. Par contre la scène que tu mentionnes (et l’huitre), c’est probablement les deux trucs qui tombent le plus à plat. D’accord avec Art Core pour dire qu’Orelsan est nul (et son premier paragraphe).

Là où je trouve que Dupieux essaie vraiment de s’insérer dans une certaine histoire du cinéma français, c’est que pendant tout le film j’avais l’impression d’être face à un mélange absurde de Buffet froid et Garde à vue

Auteur:  Abyssin [ 09 Juil 2018, 23:20 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Les goûts et les couleurs et je ne sus pas le premier à penser que l'humour de Dupieux va diviser. Ce qui m'a fait marrer dans le coup de l'huitre c'est pas tellement l'action mais la réplique après.

Après d'accord avec Lohmann, le film vieillit bien mieux que je ne l'aurais pensé grâce à tout ce qu'il cite.

Auteur:  Jerónimo [ 21 Juil 2018, 10:56 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Abyssin a écrit:
le film ne va pas voler son petit succès.


Je ne sais pas quels sont les chiffres, mais au contraire, je pense que le bouche à oreille va être catastrophique...

J'ai plutôt bien aimé les Dupieux que j'ai vu (Steak, Réalité), et si celui-ci développe un visuel assez léché (bien qu'assez minimaliste sur la longueur ; en plus le siège du PC, j'ai l'impression qu'il y a déjà plein de films / CM qui l'ont utilisé), j'ai trouvé l'exploration narrative (le présent qui vient perturber les souvenirs, comme le dit QGJ) vraiment basique et finalement vaine (dans le fond comme dans la forme).

Mais c'est pas le pire, parce que je n'ai pas ri (encore moins rigolé) une seule fois... tout juste ai-je souri à quelques reprises. Le film est vraiment très pauvre à ce niveau-là, et même si une comédie ne se juge pas forcément aux éclats de rire (la construction d'une situation pouvant rester en tête par son originalité ou son absurdité sans nous avoir plié en deux), j'ai trouvé le résultat très décevant. Heureusement que Poelvoorde tient le truc sur ses épaules parce que ça dure 1h15 mais c'est déjà trop long.

Auteur:  Abyssin [ 21 Juil 2018, 12:11 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Jerónimo a écrit:
Abyssin a écrit:
le film ne va pas voler son petit succès.


Je ne sais pas quels sont les chiffres, mais au contraire, je pense que le bouche à oreille va être catastrophique...
Ils sont très bons : 150 000 entrées en deux semaines, excellente moyenne de spectateurs par écran (492) et le film de Dupieux ayant le plus de succès en France. Bref, le bouche à oreille semble plutôt bon.

Auteur:  Lohmann [ 21 Juil 2018, 13:22 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Jerónimo a écrit:
Le film est vraiment très pauvre à ce niveau-là
Juger de sa pauvreté comique sur la base de tes seuls éclats de rire me semble être critère ténu

Auteur:  Film Freak [ 21 Juil 2018, 13:37 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Heureusement qu'il dit que ce n'est pas le seul critère…

Auteur:  Lohmann [ 21 Juil 2018, 13:41 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

J’aurais plus faire une citation plus longue, ça ne change pas la substance de ma remarque, juger dans l’absolu du comique d’un film sur la base de sa seule perception me semble profondément incorrect

Auteur:  Jerónimo [ 21 Juil 2018, 14:19 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Jerónimo a écrit:
et même si une comédie ne se juge pas forcément aux éclats de rire (la construction d'une situation pouvant rester en tête par son originalité ou son absurdité sans nous avoir plié en deux), j'ai trouvé le résultat très décevant.

Auteur:  Film Freak [ 21 Juil 2018, 14:44 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Lohmann a écrit:
J’aurais plus faire une citation plus longue, ça ne change pas la substance de ma remarque, juger dans l’absolu du comique d’un film sur la base de sa seule perception me semble profondément incorrect

Attends..tu veux dire...que l'avis de Jeronimo est...subjectif?

Auteur:  Gontrand [ 23 Juil 2018, 00:05 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

La veine héritée de "Buffet Froid" avec Poelvoorde dans le rôle de Blier) aurait pû me parler, mais c'est anecdotique, trop volontairement post-moderne et trop conscient de ses effets pour être touchant ou même vraiment déstabilisant.
Ceci dit, si dans "Buffet Froid" l'étrangeté et le sentiment de mise à l'écart du spectateur provenaient d'un décalage entre des rapport sociaux, montrés mais innommables (hiatus entre l'inspiration malgré tout utopique et collectiviste du brutalisme architectural et les mentalités restées coincées dans la France des années 1950, ce conservatisme étant lui-même bizarrement déréalisé du fait de la disparition de son contexte matériel), ici le même décalage et le même sentiment d'absurde est relié à des rapports moraux, que le film présente comme des substituts des anciens rapports politiques. Cela donne au film une tonalité assez cynique, que l'on trouvait déjà chez Blier, mais alors accompagnée alors d'un certain désespoir (totalemebt absent chez Dupieux) qui était au moins une forme de nostalgie du réel. La seule modernité du film par rapport à Blier, c'est l'absence de cette nostalgie.


Le problème du film, c'est qu'il montre comme allant de soi un divorce entre la classe moyenne (les flics, finalement bienveillants et réaliste) et le "peuple, ou plus précisément l'ex-classe ouvrirère (l'imbécilité de Grégoire Lustig face à l'huitre, l'accent lillois -"quasi-belge" - surjoué de Demoustier). Il postule ensuite que ce divorce coïncide avec une irréductibilité ou opposition, créée par le film, entre ce qui serait d'une part : l'histoire (temporellement), l'image (esthétiquement), le couple (au niveau des moeurs) et la sentimentalité (comme valeur). Poelvoorde est sadique, mais est bien-sûr pour cela-même le seul capable d'amour, le seul qui accorde une attention à Lustig, alors que tous les autres rapports du films sont joués dans le film lui-même, et obéissent spontanément à une convention et une norme, voire un contrat passé qui en a déjà épuisé les valeurs.

C'est cette sentimentalité qui singularise Polevoorde au sein de son "écosytème-flic" (tout en étant pourtant le meilleur d'entre eux) et qui le relie au monde d'hier. Celui d'avant le post-modernisme et la représentation permamente. Du côté opposé, au sein du système "suspect-peuple", il y a un second pôle, caractérisé lui aussi par 4 critères, temporels, esthétiques, familiaux et axiologiques : l'orgine absolue, l'écrit, la filiation, l'écrit et la stupidité ignorante de l'innocence. Ainsi, le personnage de Grégoire Lustig, ne possède aucune convention, sauf celle de la langue (et encore il en est inconscient), se trouve désarmé face à l'huître (le silence de Poelevoorde, à ce moment identifié au spectateur, rend la scène très génante, à la limite du racisme de classe), et aliéné dès l'enfance à l'intérieur d'une famille qui n'existe même plus. Significativement, lorsqu'il veut expliquer que le réel qu'il vit rejoint la convention (autrement formulé : qu'il est forcémennt innocent), il ne peut faire référence qu'au méfia "mort" du roman" - quand les flics sont au contraire déjà dans l'image et le spectacle, ce dont témoign l'allusion à King Kong, la chute pirandellesque , ou même le fait que la seule acceptation d'être cadré à la télé empêche Philippe de vraiment mourir.

Auteur:  oeil-de-lynx [ 23 Aoû 2021, 10:02 ]
Sujet du message:  Re: Au poste! (Quentin Dupieux, 2018)

Il est en replay sur Arte.

J'aime bien comme ça part et Dupieux est quand même plus à son aise avec des acteurs français. Mais putain, pourquoi passer à côté de faire un vrai film quand on a les moyens et vraisemblablement le talent de le faire (mais pas le talent de faire de la mise an abîme par contre)?
Est-ce que Dupieux renonce parce qu'il n'en est pas capable et écrire un scénar qui tient la route c'est chiant? Qu'il s'en branle? Qu'il DOIT utiliser des pirouettes méta parce qu'il en va de sa niche de réalisateur barré?

Je sais qu'on s'est posé la question dans d'autres topics et de toutes façons ça ne l'empêche pas de courir visiblement, mais bon voilà quoi. Comme dans tous les Dupieux que j'ai vu, à la base je suis client du délire mais encore un fois un film qui se termine sur un faux-fuyant au moment où tu t'attendais à le voir décoller.

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