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MessagePosté: 04 Juil 2019, 21:46 
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Dès la première séquence, se révèlent un ton et une approche thématique plus générale que l'intrigue présentée dans la bande-annonce pour un film qui dépasse donc ce simili-pitch résumé par le titre et n'a cessé de me surprendre. Quand s'enchaîne juste après la scène de la soirée, avec ses dialogues improbables, ses personnages truculents et surtout son montage tout en jump cuts, l'idiosyncrasie du film (déjà inhérente pour un spectateur français face à l'accent québecois) a tôt fait de me charmer, d'autant plus qu'elle n'entame en rien l'authenticité du moment.

Au contraire, c'est justement cette façon d'épouser la subjectivité du personnage de Sophia et, inévitablement, vu qu'elle a écrit, réalisé et co-monté le film mais surtout parce que celui-ci s'inspire clairement de sa propre vie, celle de Monia Chokri qui confère à l'ouvrage une énergie et une sincérité qui font de La Femme de mon frère une véritable bouffée d'air frais comique, armée d'une caractérisation acérée, d'un humour de situation et de gags parfaits et d'un découpage à la modernité redoutable qui permettent de transcender un fond somme toute déjà vue sur l'errance d'une jeune femme récemment lauréate d'un doctorat mais un peu paumé dans ses relations humaines, qu'elles soient familiales ou amoureuses.

Pour un premier long, respect.

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MessagePosté: 17 Juil 2019, 17:16 
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Robot in Disguise
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Bonne surprise en effet. Ça commence dans l'univers classique d'une série américaine Netflix (ou d'une série française OCS) pour tout de suite vriller via le montage, unique et atypique, créant une chronique syncopée, disjointe, constamment énergisante et décalée. Certes, le systématisme du film a tendance à un peu le "stériliser", mais le récit parvient malgré tout à dégager une émotion assez brute. Un peu trop long mais indubitablement personnel et réussi.

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MessagePosté: 23 Juil 2019, 07:26 
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Croisement exact d'Oslo 31 août et de Tanguy, ou de Jeune Femme et des Farrely.
Le manque d'autonomie et la mentalité infantile de la sœur font l'objet d'un regard sévère de la réalisatrice , mais tout l'enjeu du film est de le juger après avoir forcé l'identification du spectateur avec elle, opposant ces deux dimensions. Au point que les personnages deviennent étonnamment abstraits à la fin du film, leur faiblesse morale s'efface devant un regard atmosphérique et sociologique de la ville, mais comme si elle en était aussi la condition.
Même scène sur un cours d'intégration d'immigrés que dans Synonymes de Lapud, avec la même signification : ils sont opposés au cocon familial, mais lestés d'une ambiguïté politiques (celle de la loi, qui est à la fois un ordre et un regard) née toutefois dans la famille : ils n'y aurait rien entre la famille et la société, ce qui éloigne la fille de l'héritage soixante-huitard des parents (dans ce vide, ce qui pour les parents était politique devient culturel identitaire pour les enfants : ils n'ont en somme même pas besoin d'être de droite si le monde l'est à leur place). Pas mal vu.

Sinon dans le film, il y a des trucs réussis (la scène de la soutenance, la crise de nerf de la fille qui doit s'expliquer Kim Kardashian à ses parents et qui se fait doubler là-dessus par sa belle soeur, la soirée nauséeuse du début, le fait que le frère ne soit un Don Juan et un prince rebelle que dans le fantasme de sa sœur : il est en fait très conformiste), d'autres moins (le typage comique de l'amie du frère, le tic consistant à filmer deux fois les mêmes jump cuts pour donner au film une texture clip, un peu facilement nostalgique). Mais ça se regarde.

Finalement plus proche du cinéma de Denys Arcand que de celui de Dolan.

Sinon je l'ai vu dans une salle étonnante à Vassieux près de Caluire et Cuire, au nord de Lyon, une sorte d'équivalent local du Vésinet, mais tout en collines, le cinéma était
visiblement l'ancienne salle paroissiale d'un couvent et a conservé sa croix. Une partie des ciné-club des années 50 étaient en fait catholiques (Bazin, mais aussi Positif qui est née. à Lyon dans ce milieu).
Moyenne d'âge des spectateurs 70 ans. Rap chrétien East-Coast dans la salle. Je suis rentré à pied à Lyon, en alternant zone hyper-bourges et barre d'HLM, étanches et séparés par le relief de manière presqu'irréelle.

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Erving Goffman


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MessagePosté: 23 Juil 2019, 09:38 
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Sinon Gramsci n'a pas eu beaucoup de "continuateurs", même s'il a inspiré à la fois bizarrement les "subaltern studies" dans les année 90 (par la remise en cause du prolétariat comme classe sociale par essence révolutionnaire, avec une conscience de classe homogène, dont l'existence est démentie par les nationalismes régionaux que Marx voyait comme une création de la bourgeoisie), et est actuellement récupéré par l'extrême-droite (pour la notion d'hégémonie culturelle mais surtout l'idée d'un parti fort, et presicripteur dont la cohérence est plus sociologique que politique, la sensibilité de Gramsci aux questions régionales joue aussi un rôle dans cette récupération). La thèse de la fille qui porte sur le point de vue des successeurs Gramsci sur la famille est potentiellement de droite (ce dont elle ne semble pas s'apercevoir), même là elle est paumée (elle n'a pas de discours social fort, celui-ci est tenu par ses parents, qui sont aussi vieux que le service public)

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Erving Goffman


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MessagePosté: 23 Juil 2019, 16:28 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Même scène sur un cours d'intégration d'immigrés que dans Synonymes de Lapud, avec la même signification : ils sont opposés au cocon familial, mais lestés d'une ambiguïté politiques (celle de la loi, qui est à la fois un ordre et un regard) née toutefois dans la famille : ils n'y aurait rien entre la famille et la société, ce qui éloigne la fille de l'héritage soixante-huitard des parents (dans ce vide, ce qui pour les parents était politique devient culturel identitaire pour les enfants : ils n'ont en somme même pas besoin d'être de droite si le monde l'est à leur place). Pas mal vu.

Lapid, pas Lapud. Et pour moi ces deux scènes n'ont absolument pas le même sens (mais j'avoue ne rien comprendre à ton explication). Chez Lapid le but est de tourner en dérision ce processus d'intégration "forcé", que Mercier va singer en forçant le trait. Chez Chokri, s'il y a un propos quant à l'immigration (ce dont je doute), ça serait plutôt pour tisser les louanges de la terre d'asile qu'est devenu le Canada.

A l'inverse de FF et QGJ j'ai trouvé le film très faible, pas du tout unique ou atypique (je l'ai plus vu comme une référence mal digérée au Godard des années 60), lorgnant vers les séries de Rivard et Létourneau (Les Invincibles et Série Noire, que je conseille très chaudement) sans jamais atteindre les niveaux d'hilarités et d'incongruités qu'elles atteignent.


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MessagePosté: 23 Juil 2019, 17:12 
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La scène est certes plus ambivalente, que dans Synonymes où il y a une dérision du nationalisme français et du roman national jacobin, de plus en plus appuyé de la part de l'état et de certaines élites alors que le pays doute de lui.
Mais là je crois quand-même plus à une opposition entre les immigrés, qui ont peur de se trouver au chômage ou dans des emplois de survie malgré une bonne qualification, et la fille qui se rattrape in extremis avec un boulot correct (ou en tout cas faisant sens) grâce aux relations de sa gauchiste mais bourge de mère, qu'à un discours de propagande pro-Quebec . Ça montre plutôt les limites et l'hypocrisie de l'immigration choisie. Il y a peut-être aussi une manière de montrer une politique d'intégration qui est menacée par une fermeture sur soi du Québec. Mais, en effet, c'est avant tout pour situer le film dans son époque, plutôt qu'en en faisant un enjeu central (en disant que leur famille leur manque ils permettent la scène-metaphore finale).

Sinon le film est en effet assez faible (mais Trier ou Arcand aussi)

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