Forum de FilmDeCulte
https://forum.plan-sequence.com/

Black Panther (Ryan Coogler, 2018)
https://forum.plan-sequence.com/black-panther-ryan-coogler-2018-t28986-45.html
Page 4 sur 8

Auteur:  Gontrand [ 23 Fév 2018, 19:26 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Et sinon, est-ce que vous pensez qu'"Eau Argentée" est un film "kouchnérien"? C'est ce qu'a écrit un beau jour un rédacteur de Trafic (que je n'ai plus jamais ouvert depuis lors).

Auteur:  sponge [ 25 Fév 2018, 14:25 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Bon j'suis deg parce que mon message s'est retrouvé caché en bas de la page précédente, et je m'étais fait chier à écrire un gros message pour une fois.

Auteur:  Erik Vonk [ 25 Fév 2018, 17:46 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Je suis le seul à avoir trouvé la direction-photo particulièrement hideuse? Les scènes dans la pénombre ou la nuit n'ont aucun impact visuellement. C'est fade. Et ce combat final sur les rails est tellement pauvre visuellement.

Quand j'ai vu le générique de fin, j'ai été surpris de voir Rachel Morrison au poste de directrice-photo.

En même temps, je me suis souvenu des critiques peu élogieuses sur ce forum à propos de son travail sur Mudbound pour lequel elle est nommé aux oscars...

On sent ici que son talent n'était peut-être pas le plus adéquat au projet. Il y aurait eu 10 hommes qui auraient été plus adéquats. Peut-être quelques femmes aussi, mais blanches

Auteur:  Film Freak [ 25 Fév 2018, 18:07 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Rachel Morrison est blanche.

Auteur:  Cosmo [ 25 Fév 2018, 18:38 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Il confond avec Toni Morrison.

Auteur:  Film Freak [ 25 Fév 2018, 19:47 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Il confond avec Rachel Moricaud.

Auteur:  Erik Vonk [ 25 Fév 2018, 20:48 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Oups, j'pensais que toute l'équipe du film était noire. big-LOL

:shock:

Auteur:  Cyniquotron [ 25 Fév 2018, 22:18 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Gontrand a écrit:
Sinon rien à voir, mais George Herrimann, sans doute le fondateur de la BD d'auteur moderne et de l'humour méta vraiment drôle, était métis (mais le refoulait) .
Sa famille a quitté la Nouvelle-Orléans pour la Californie lorsqu'il était enfant (sans cela il n'aura probablement pas pu devenir un auteur reconnu).

Le refoulait ou l'ignorait, en tout cas dans sa jeunesse (une de ses grand-mères était née à La Havane hein). J'écris pour ajouter qu'en fait c'est assez lisible dans son Krazy Kat (ce qu'il aura fait de plus passionnant, tant les sunday pages que les daily strips, Herriman travaille bien avant les fascicules de comics, mais pour la presse de William Randolph Hearst): lisible dans le langage qu'il invente pour Krazy Kat - des jeux phonétiques entre l'anglais, l'espagnol et le français, et même un chouïa d'allemand. Et lisible dans le fait que le personnage de Krazy Kat, c'est son identité sexuelle qui est indéterminée : on ne saura jamais si ce chat noir est un mâle ou une femelle...

Pour Jack Kirby (né Jacob Kurtzberg) qui invente Black Panther (avec Stan Lee dans Fantastic Four), il est du Lower East Side (Manhattan, New-York), et donc baigne dès l'enfance dans une certaine mixité ethnique, versant quartier pauvre (livreur ou auteur de comics strips, c'était à peu près le même genre de travail sous-payé en ce temps et en ce lieu, quand il commence dans les années 30). Lui aura contribué à l'émergence de la forme comics (ces fascicules en couleurs d'une trentaine de pages y compris les publicités), plus que tout autre limite, étant donnée la quantité de planches qu'il aura produite des années 40 (avec Joe Simon) aux années 70 (tout seul soit sans Stan Lee au scénario).

Ah oui Jack Kirby a quand même vu la seconde Guerre Mondiale d'assez près, c'est-à-dire au front comme soldat américain. Tout son travail postérieur en est largement empreint, et il aura fait des comics de guerre tout aussi fascinants, notamment Les Losers (publié en français par Urban l'année dernière).

Auteur:  Gontrand [ 26 Fév 2018, 21:02 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Le saviez-vous ? Windsor Mc Kay était insomniaque. Il a tout inventé.

Auteur:  Puck [ 26 Fév 2018, 23:18 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Gontrand a écrit:
Sinon rien à voir, mais George Herrimann, sans doute le fondateur de la BD d'auteur moderne et de l'humour méta vraiment drôle, était métis (mais le refoulait) .
Sa famille a quitté la Nouvelle-Orléans pour la Californie lorsqu'il était enfant (sans cela il n'aura probablement pas pu devenir un auteur reconnu).


Je suis dingue de Krazy Kat, et j'ai lu récemment une excellente biographie d'Herriman. J'en avais parlé il y a un peu plus d'un an ici: https://deathraychronicles.com/2017/02/03/82087/

Sinon, for the sake of debating, je pense que le fondateur de la BD d'auteur moderne serait plutôt Eisner dans le sens où Herriman fonctionnait sur du strip là où la plupart de la BD aujourd'hui fonctionne en formats plus longs. Si je devais parler de la "BD d'auteur moderne", je parlerais plutôt d'Eisner, qui a crée le format du Graphic Novel. Herriman était bien trop original et marqué et beaucoup moins "user friendly" pour inspirer chaque personne qui fait de la BD aujourd'hui. Evidemment, beaucoup lui doivent tout, Ware en premier, mais je pense qu'Herriman était dans l'expérimentation pure à quasi chaque strip.

Auteur:  Puck [ 26 Fév 2018, 23:26 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Cyniquotron a écrit:
Gontrand a écrit:
Sinon rien à voir, mais George Herrimann, sans doute le fondateur de la BD d'auteur moderne et de l'humour méta vraiment drôle, était métis (mais le refoulait) .
Sa famille a quitté la Nouvelle-Orléans pour la Californie lorsqu'il était enfant (sans cela il n'aura probablement pas pu devenir un auteur reconnu).

Le refoulait ou l'ignorait, en tout cas dans sa jeunesse (une de ses grand-mères était née à La Havane hein). J'écris pour ajouter qu'en fait c'est assez lisible dans son Krazy Kat (ce qu'il aura fait de plus passionnant, tant les sunday pages que les daily strips, Herriman travaille bien avant les fascicules de comics, mais pour la presse de William Randolph Hearst): lisible dans le langage qu'il invente pour Krazy Kat - des jeux phonétiques entre l'anglais, l'espagnol et le français, et même un chouïa d'allemand. Et lisible dans le fait que le personnage de Krazy Kat, c'est son identité sexuelle qui est indéterminée : on ne saura jamais si ce chat noir est un mâle ou une femelle...

Pour Jack Kirby (né Jacob Kurtzberg) qui invente Black Panther (avec Stan Lee dans Fantastic Four), il est du Lower East Side (Manhattan, New-York), et donc baigne dès l'enfance dans une certaine mixité ethnique, versant quartier pauvre (livreur ou auteur de comics strips, c'était à peu près le même genre de travail sous-payé en ce temps et en ce lieu, quand il commence dans les années 30). Lui aura contribué à l'émergence de la forme comics (ces fascicules en couleurs d'une trentaine de pages y compris les publicités), plus que tout autre limite, étant donnée la quantité de planches qu'il aura produite des années 40 (avec Joe Simon) aux années 70 (tout seul soit sans Stan Lee au scénario).

Ah oui Jack Kirby a quand même vu la seconde Guerre Mondiale d'assez près, c'est-à-dire au front comme soldat américain. Tout son travail postérieur en est largement empreint, et il aura fait des comics de guerre tout aussi fascinants, notamment Les Losers (publié en français par Urban l'année dernière).


Rosalind Kirby, la femme de Jack, disait: "Scenes from many dreams made it to paper. A lot of his weirder-design monsters (like Modok) originated in dreams. And at least once a week, Jack had a nightmare about World War II."

C'est chaud quand même.

Pour Herriman encore, il ne l'ignorait pas. Il ne le disait juste pas, mais son héritage était bien là et totalement visible dans sa BD avec un perso de vagabond qui n'est pas sans rapeller la pauvreté et l'errance des noirs dans une bande dessinée qui ne parle que de rapports de pouvoir et d'autorité.

Le truc ouf avec Hearst, c'est qu'en plus, Krazy Kat ne ramenait pas d'argent, mais Hearst était tellement fan qu'il a déclaré la BD comme intouchable.

Auteur:  Cyniquotron [ 27 Fév 2018, 02:12 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Puck a écrit:
Pour Herriman encore, il ne l'ignorait pas. Il ne le disait juste pas, mais son héritage était bien là et totalement visible dans sa BD avec un perso de vagabond qui n'est pas sans rapeller la pauvreté et l'errance des noirs dans une bande dessinée qui ne parle que de rapports de pouvoir et d'autorité.

Oui hein, quand il débute sa carrière c'est pas sûr, mais dès les années 20 (la période de sa notoriété on va dire), il le sait et s'en cache (planque toujours ses cheveux frisés sous un chapeau etc.)
Je dis juste qu'il l'a pas forcément volontairement dissimulé au début de sa carrière, qu'il était métis, mais par la suite oui c'est certain (bien que ça transparaisse complètement dans son travail, et même le Coconino County etc.)

Puck a écrit:
Le truc ouf avec Hearst, c'est qu'en plus, Krazy Kat ne ramenait pas d'argent, mais Hearst était tellement fan qu'il a déclaré la BD comme intouchable.

Krazy Kat a une période de succès dans les années 20, dans la vague de l'humour nonsense, mais après 1929, et dans les années 30-40, c'est seulement par la volonté de Hearst, qui lui verse un salaire conséquent et maintient les publications dans son empire de la presse-poubelle malgré le désintérêt des lecteurs, qu'il continue à travailler oui. Hearst était son fan numéro 1 et adorait le lire, truc improbable à plus d'un titre.

Ce qui me fait le rapprocher de Kirby pour voir (dans ce tissage des histoires des hommes et dans ce thème Black Panther), c'est que Jack lui n'a jamais touché de salaire, il a toujours été payé à la planche, même au top de sa notoriété, et n'a jamais obtenu de droits sur rien (personnages, vente des numéros etc.). Alors commercial, pas commercial, auteur, pas auteur... En tout cas deux géants de la bande dessinée, extrêmement inventifs et prolifiques chacun à leur manière.

Auteur:  Puck [ 27 Fév 2018, 07:35 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Cyniquotron a écrit:
Puck a écrit:
Pour Herriman encore, il ne l'ignorait pas. Il ne le disait juste pas, mais son héritage était bien là et totalement visible dans sa BD avec un perso de vagabond qui n'est pas sans rapeller la pauvreté et l'errance des noirs dans une bande dessinée qui ne parle que de rapports de pouvoir et d'autorité.

Oui hein, quand il débute sa carrière c'est pas sûr, mais dès les années 20 (la période de sa notoriété on va dire), il le sait et s'en cache (planque toujours ses cheveux frisés sous un chapeau etc.)
Je dis juste qu'il l'a pas forcément volontairement dissimulé au début de sa carrière, qu'il était métis, mais par la suite oui c'est certain (bien que ça transparaisse complètement dans son travail, et même le Coconino County etc.)


Je ne dirais pas qu'il s'en cache, mais c'est sûr que c'est une découverte relativement récente qu'il était métis. Le taf qu'il a fait par la suite et son image n'ont plus le même impact car il devient assez vite reclus et fait passer son oeuvre en général avant sa personne. Ca n'a jamais été un type sociable.

Je te conseille le bouquin de Tisserand dont je parlais plus haut: Krazy: George Herriman, a Life in Black and White

Auteur:  Gontrand [ 27 Fév 2018, 08:36 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

C'est vrai que l'imaginaire de Krazy Kat (et sa langue) sont proches d'une chanson comme "Music for my Mother" sur le premier album de Funkadelic (qui elle-même revivifie en 1969 celui des vagabonds américains des années 10, ou même avant, de ceux fuyant l'esclavage et ayant peur de se poser, assimilant le plaisir et la reconnaissance d'autrui à une séduction et une fatigue) .
Man
I was in a place
Called Keeprunnin', Mississippi one time
And I heard someone on my way by
Sounded a little something like raw funk to me
So I slowed down and took a listen
And this is all I could hear, baby




Maintenant cela a pu transparaître justement parce qu'il le refoulait. La lucidité sociologique est souvent l' effet d'un déplacement ou d'un non-savoir (qui est en fait l'effet d'une connaissance) sur soi.
Je n'ai pas lu le livre de Tisserand, mais avait découvert Herrimann dans un article de la Rili il y a une dizaine d'années.

Auteur:  Cyniquotron [ 27 Fév 2018, 15:14 ]
Sujet du message:  Re: Black Panther (Ryan Coogler, 2018)

Puck a écrit:
Je te conseille le bouquin de Tisserand dont je parlais plus haut: Krazy: George Herriman, a Life in Black and White

Mes sources pour ce que j'écris c'est l'appareil critique de l'édition Fantagraphics des full-pages comics, et en particulier l'article dans le volume 1935-1936, The Kolors of Krazy Kat, par Jeet Heer, dans lequel j'ai été rejeter un œil vite fait.

« There is a heppy lend - fur fur awa-a-ay - »

Page 4 sur 8 Heures au format UTC + 1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
http://www.phpbb.com/