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L'Usine de rien (Pedro Pinho - 2017)
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Auteur:  Lohmann [ 28 Déc 2017, 00:35 ]
Sujet du message:  L'Usine de rien (Pedro Pinho - 2017)

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Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu'elle est en cours de démantèlement et qu'ils vont bientôt être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d'occuper les lieux. À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.

Miguel Gomes débutait Les Mille et une nuit par ce long travelling sur les quais d'un port tout en nous parlant de la crise économique qui dévastait le Portugal. Plus tard il n'était d'ailleurs pas tendre avec la Troïka, lors d'un déjeuner mémorable. Par bien des aspects L'Usine de rien de Pedro Pinho repart de là où Gomes nous avait laissé. La crise s'est poursuivi, les patrons déménagent les machines mais les ouvriers ne sont pas prêts à se faire spolier si aisément. L'occupation de l'usine s'organise, sa récupération en ligne de mire. De cette situation de départ malheureusement banale, Pinho va progressivement développer son film dans de multiples directions pour aboutir à une œuvre d'une ambition rare (ce en quoi elle rejoint également Les Milles et une nuit). Le film traite en effet à la fois du processus d'occupation/récupération de l'entreprise (des négociations initiales avec les ressources humaines sur les primes de licenciement aux problèmes soulevés par la gestion d'une usine par des ouvriers qui n'y connaissent absolument rien), des problèmes familiaux que ce genre de situation engendrent (ponctués d'un concert de punk très 80's), mais aussi de théorie économique pure (séquence digne d'un film du groupe Medvekine, spécialistes économiques à l’appui, je n'en ai reconnu aucun mais leur discours est suffisamment solide pour qu'on soit sûr d'être face à des pointures) et de la difficulté de la représentation cinématographique sans dénaturer ni récupérer le sujet (le personnage du réalisateur argentin, avec son coté fellinien lorsqu'il se lance dans la mise en scène d'une comédie musicale). Probablement du fait de sa richesse et malgré ses presque 3 heures L'Usine de rien ne semble en durer que la moitié, et apporte une nouvelle preuve de la vitalité exceptionnelle du cinéma portugais (en Europe, peut être le plus vivace avec le cinéma roumain).

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