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Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)
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Auteur:  Gontrand [ 27 Nov 2017, 00:29 ]
Sujet du message:  Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Pigalle, Nasser sort de deux ans de prison. Il est recueilli par son grand frère Arezki, avec qui les rapports sont plutôt houleux, qui tient un bar à proximité du Moulin Rouge, et le fait travailler. Arezki est aussi l'amant de la juriste chargée de contrôler la réinsertion de Nasser. Nasser pense développer le Prestige, bar de quartier, en un endroit plus flamboyant. Cela va le mettre en concurrence avec ses anciennes fréquentations, qui se sont reconverties dans le même genre de business avant lui, quand il faudrait mieux rompre complètement, et aussi avec son frère.


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Il faut franchir les 30 effrayantes premières minutes, remplies de tics et de scories des films de musiciens, tel Anyway the Wind Blows de Tom Barman, en son temps, sur Anvers (caméra bougée à l'épaule même lorsque le personnage lit un livre aux chiottes, musique trip-hop atmosphérique omniprésente lors des déambulation à pied du héros, embrouilles qui sont des coups de forces narratifs, personnage qui dialoguent "tu passes par Magenta", "Non le Périf intérieur" en pianotant sur un GPS pour marquer le territoire...surjeu de Réba Kateb et Mélanie Laurent comme pour sublimer le fait que les autres acteurs sont moins connus - de fait ils se révéleront assez bons quand le film se développera, mention aux trois qui jouent Lucrèce et le videur, et le pote du magasin de chaussure: Willy l'Barge, Constantine Attia et Bakari Keita), pour trouver un film qui se décante peu à peu, devient en fait assez posé, et fait habilement le lien entre la mythologie du polar à la Melville (plutôt la période "Bob le Flambeur") et un ancrage plus contemporain (le film de banlieue, et en même temps pas tout à fait cela, car cela se passe à Paris intra-muros, et la crise de la quarantaine de Nasser se superpose au propos social et le parasite ou recadre sans non plus l'évincer, il y a un côté "post-banlieue" assez bien vu). La fin, happy-end familiariste pour un des frères, et désenchantement mouisesque pour l'autre est un peu moins convaincante, car très convenue, mais il y a une belle heure et quart au milieu.

J'ai lu que le film était "sur" la gentrification de Pigalle et la nostalgie du monde à la fois humain et interlope d'avant. Ce n'est heureusement pas tout à fait le cas, les personnages en parlent un peu (mais plutôt bien) , mais cela n'est pas un sous-texte, le film raconte plutôt un conflit familial qui prend des proportions de tragédie grecque, faisant craquer la façade de vérisme social, et qui ne mène à rien (les personnages reviennent alors vers ce vérisme, épuisés, un peu plus lucides). Ce n'est pas super-original (c'est à peu près la même histoire à la Cain et Abel autour d'un bar que "Belgica" de van Groeningen, en un peu plus "sale" et intéressante, on peut penser aussi à "Sermon sur la Chute de Rome" de Jérôme Ferrari), mais il y a quelque chose qui prend, les personnages (même et surtout les second rôles) existent, justement parce que le film n'essaye de pas tout expliquer et justifier.

4/6

Auteur:  Film Freak [ 27 Nov 2017, 00:40 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

J'avais auditionné pour jouer le patron du sex shop.

Auteur:  Gontrand [ 27 Nov 2017, 00:42 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Le mec qui est de dos, où on dirait que Réda Kateb valide un numéro de loterie ? (pas compris la scène d'ailleurs, on peut jouer aux loto dans les Sex Shops)?

Auteur:  Film Freak [ 27 Nov 2017, 01:05 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Gontrand a écrit:
Le mec qui est de dos

Ah putain génial.

Ils ont pas un dialogue sur le fait qu'il (le patron du sex shop) a niqué chais pas qui?

Citation:
où on dirait que Réda Kateb valide un numéro de loterie ? (pas compris la scène d'ailleurs, on peut jouer aux loto dans les Sex Shops)?

C'est bien ça...

Auteur:  Gontrand [ 27 Nov 2017, 01:14 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

ils ont un dialogue, mais je ne sais plus sur quoi. Je pense sur le frère qui a commandé un truc qui n'est pas arrivé. J'ai mis quelques secondes à réaliser que ce n'était pas une epicerie.

Auteur:  Gontrand [ 27 Nov 2017, 13:26 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Ceci dit un des aspects les plus justes du film, c'est que les silhouettes sont bien intégrées au récit. Il y a un vrai travail d'écriture et de cadre autour d'elles. Cela rappelle the Asphalt Jungle.

Auteur:  bmntmp [ 04 Déc 2023, 21:01 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

La Rumeur va sortir son nouveau film la semaine prochaine, ça faisait un moment que leur premier long était sur ma liste.
Et c'est bien. C'était pas gagné, pourtant, ça fait partie des rares films qui s'améliorent jusqu'à la fin. Hamé et Ekoué se prévalent d'une recherche d'authenticité. Donc on a envie de sonder cette authenticité derrière le folklore (à savoir toutes les notations sur la vie de quartier, la mention du mafé de poulet etc), des naïvetés (ces passages sur le clochard voleur-revendeur de vélo), le filmage bas de gamme, ou punk, c'est selon : il y a une lumière néonée un peu luxueuse qui contredit les cadrages, le montage et filmage à l'arrache, le côté pas apprêté à vrai dire me parle beaucoup. Au début, à l'inverse des préceptes que je préconise, ça donne un faux-naturalisme un peu louche (et je souscris à que dit Gontrand, le début est pas incroyable, mais j'ajouterai que ce qui marche après le rend en quelque sorte valable)., puis la pâte lève. Il y a cette dialectique, qui passe à travers la relation des deux frères initialement ennemi, un côté didactique qui peut être un peu lourd mais qui finit par passer plus ou moins crème. Les thèmes sont simples et résumés dans une tirade finale, mais sans victimisation (mot prononcé par Reda Kateb) : dur de se faire une place au soleil chez les immigrés ou enfants d'immigrés. Le film laisse habilement des zones d'ombre sur la violence des rapports qui s'y jouent, entretenant la frustration du spectateur qui aime tout se voir livrer sur un plateau. J'adore Slimane Dazi, vu récemment dans Pour la France et Le Gang du Bois du temple et dont à ma grande honte j'apprends le nom que maintenant, acteur au charisme indiscutable.
Après, j'aimerais bien voir le biopic glorificateur sur la réussite des bars kabyles à Paris et Montreuil, qui, comme toute histoire capitaliste ne doit pas être toute rose, mais signe une réussite évidente. https://www.liberation.fr/france/2019/0 ... s_1728096/

Il est vrai que le titre est un peu trompeur, ou c'est juste que le film évoque plus ou moins subtilement les changements qui ont eu lieu à Pigalle ces dernières années (il y a un plan gratuit sur un chien sans proprio qui finit devant un sushi shop qui doit bientôt ouvrir), comme la fermeture des bars à hôtesse. Le film fait coïncider l'entrée dans la maturité de ses protagonistes avec la fin de la culture interlope de Pigalle. Le film vaut mille Gouttes d'Or en tout cas.

Auteur:  bmntmp [ 04 Déc 2023, 21:42 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Film Freak a écrit:
J'avais auditionné pour jouer le patron du sex shop.



T'es sûr qu'ils t'ont pas pris pour faire le videur en recherche de papiers ?

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Auteur:  Film Freak [ 04 Déc 2023, 23:51 ]
Sujet du message:  Re: Les derniers Parisiens (Hamé et Ekoué, 2016)

Ah ça aurait pu matcher oui.

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