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MessagePosté: 03 Juin 2011, 16:50 
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Antichrist
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Comment un enfant devient un monstre ? Peut-on pardonner l’impensable et survivre malgré tout ? Pour son troisième long métrage après «Ratcatcher» et «Le Voyage de Morven Callar», la réalisatrice écossaise Lynne Ramsay adapte un best-seller de Lionel Shriver et s’interroge sur l’après «Columbine» ou quand la folie meurtrière d’un adolescent laisse une mère seule et désemparée. Placée sous le signe du rapport de force permanent, la relation passée et présente d’Eva – la mère de Kevin – l’enfant devenu adolescent est au centre du film. Ai-je aimé suffisamment mon fils ? Si à l’exception d’un étudiant blessé – très belle scène -, la société l’a déjà jugé coupable de négligence affective, Eva, elle, repasse le film d’une relation marquée du fer rouge de l’incommunicabilité. Et au bout du tunnel psychologique, il existe peut-être une possible rédemption, quand le fils accepte enfin de parler à sa mère. Il y avait déjà eu quelques signes – une lecture au lit, quand l’enfant était malade, une curiosité nouvelle pour le métier de sa mère – mais aucune preuve d’amour, comme si le fossé sentimental et générationnel est trop difficile à combler.

Lynne Ramsay ne relâche jamais cette femme à la dérive qu’interprète avec intensité Tilda Swinton, ce qui donne au film une vraie et sourde tension dramatique, comme une grenade déjà dégoupillée que l’on porterait sur soi. Si la mise en scène souligne parfois le propos, notamment dans son utilisation de la musique, la réalisatrice prend soin de ne pas juger cette mère de famille et le film – malgré son lourd sujet – ne sombre jamais dans le pathos et l’émotion facile. «We Need To Talk About Kevin» entretient aussi des correspondances directes avec les deux précédents longs métrages de la réalisatrice, d’un âge tendre vécu dans l’isolement affectif – «Ratcacher» - à ce sentiment d’une vie qui flotte après un traumatisme majuscule – «Le Voyage de Morven Callar».

4/6


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MessagePosté: 28 Sep 2011, 19:53 
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Sur le papier, ce qui s'apparentait à un drame social gavant ne m'attirait pas des masses et j'ai jamais ne serait-ce qu'envisager d'y aller mais la bande-annonce semblait annoncer un film autrement plus intriguant, comme s'il s'agissait d'un film d'enfant maléfique style La Malédiction, ce qui m'a plutôt alléché.

Et dans un premier temps, c'est ce que j'ai retrouvé dans le film, ce qui m'a vraiment étonné. Cette mise en scène impressionniste, avec ces gros plans ou ces images oniriques comme la plongée totale sur la foule bolognaise, ce récit déstructuré, qui laisse planer le mystère, ce montage acéré, ce travail sur le son auto-anachronique, annonciateur...le tout participe à la création d'une atmosphère anxiogène qui fout bien la pression comme il faut.

Et j'apprécie la démarche globale du film qui ancre un fait malheureusement tout ce qu'il y a de plus divers dans un registre qui tend presque au film de genre. Le souci, c'est que j'ai l'impression que que le film prend aussi ce qu'il y a de mauvais dans le cinéma d'horreur, du moins dans ce type d'histoire, comme le fait que le principal protagoniste est forcément la mère, et que seul elle voit l'enfant pour le monstre qu'il est réellement, avec le mari qui, comme toujours, ne voit rien et qui, en plus, ne croit pas sa femme. C'est le genre de code qui m'énervent toujours et qui reviennent sans cesse dans ces films et qui nuisent à la crédibilité de l'ensemble. L'absence de mesures prises par la mère dans le film aussi.

Pour un film qui s'appelle We Need to Talk About Kevin, personne n'en parle jamais de ce Kevin.
Les discussions entre mari et femme sont sans doute ellipsées mais tel que le film nous le montre, elle ne fait aucun effort pour être crue par son époux. Et fait encore moins pour comprendre son fils. Elle se contente de l'aimer mais ne s'interroge jamais...pas avant la dernière scène et l'absence de réponse, très probablement réaliste, que donne le film me paraît un peu facile.

Le récit devient tellement redondant passé le premier acte, et les ignominies du fils tellement plus poussives, et les symboles toujours plus pesants (la peinture rouge), et le mystère plane tellement longtemps (pour rien vu qu'on a vite deviné de quoi il retournait), que l'identification s'estompe peu à peu et l'ennui s'installe, et au bout du compte, j'en ressors vraiment avec l'envie de dire "What's the point?". Quel est l'intérêt? Quel est le propos?

Dommage.

3/6

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MessagePosté: 28 Sep 2011, 21:46 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


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MessagePosté: 28 Sep 2011, 21:55 
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Mais c'est pas vraiment ce que montre le film. J'ai pas l'impression qu'elle ne l'aime pas, elle fait tout le temps des efforts et le gamin est mauvais dès l'âge de 3 ans...et qu'avec elle!
Elle a jadis été individualiste peut-être mais après elle est mère au foyer.

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MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:04 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Quand même, c'est clairement montré qu'elle a un problème affectif avec son môme, qui d'ailleurs cherche son amour par tous les moyens/provocations possibles.


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MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:24 
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Problème affectif qui vient du gamin. Elle merde quand il est bébé (quand il chiale sans s'arrêter) mais dès la scène d'après, il est en mode "c'est mon ennemie" (quand elle veut jouer au ballon).
Elle l'aime vu comme elle est heureuse dès qu'il fait un pas vers elle (le renvoi du ballon, la lecture de l'histoire) mais le gamin replonge immédiatement dans la psychopathie à chaque fois.

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MessagePosté: 28 Sep 2011, 22:34 
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Antichrist
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Le basculement est un peu rapide, mais elle prend là l'une des thèses courantes de l'éducation, le fait que le plus important est aux premières ages.


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MessagePosté: 29 Sep 2011, 00:00 
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Localisation: Fortress of Précarité
Il aurait fallu y passer plus qu'une seule scène dans ce cas-là, en l'état c'est pas très parlant.

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MessagePosté: 29 Sep 2011, 08:51 
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Schtroumpf sodomite
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Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


Si c'est ça le propos du film, c'est navrant quand même.

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MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:10 
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Antichrist
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Le film a beaucoup plu au Figaro, c'est sûr, mais pourtant son traitement est intéressant, portrait d'une mère qui juste cherche à aimer son fils malgré tout.


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MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:16 
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Schtroumpf sodomite
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Localisation: Arkham Asylum
J'ai vu la bande annonce l'autre jour, et j'avoue que le sujet m'a surpris.

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MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:21 
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Tetsuo a écrit:
Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


Si c'est ça le propos du film, c'est navrant quand même.


Pas encore vu le film mais on m'a dit que c'était uniquement un film sur le mal et qu'il n'y avait pas d'explication. Du Haneke sans le ton moralisateur, "Funny games" sans la télécommande.


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MessagePosté: 29 Sep 2011, 09:22 
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Antichrist
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C'est sur l'impuissance oui.


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MessagePosté: 01 Oct 2011, 00:28 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
Messages: 14101
Karloff a écrit:
Le propos c'est qu'il faut aimer ses enfants pour ne pas les transformer en monstre, que l'individualisme post-soixante-huitard a créé les enfants déshumanisés d'aujourd'hui.


L'intelligence de Lynne Ramsay est justement d'entretenir le doute sur l'origine du mal. Aucune explication n'est donnée que ce soit de manière explicite ou en filigrane. Je trouve ça beaucoup plus fort, beaucoup plus étrange du coup. Et puis, le film est assez ambigu sur le fait si Kevin est né monstre où l'est devenu au cours de son enfance.


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MessagePosté: 10 Oct 2011, 11:01 
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Messages: 27759
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Trouvé ça très désincarné, trop construit, sursignifiant dans ses effets et dans son montage (la première demi-heure est insupportable) et au final d'une froideur déconcertante.
Tilda Swinton est très bien, le gamin en fait trois tonnes à base de regard démoniaque même s'il le fait bien et finit par faire flipper. C'est d'ailleurs ce que je reproche au film, cette posture arty contrebalancé par un penchant vers un film de genre plus net. Mais la réal choisit jamais vraiment. Elle a pas réussi à trouver l'équilibre comme avait su le faire Polanski avec Rosemary's Baby par exemple.
Du coup je n'ai absolument RIEN ressenti pour les personnages, tout est trop à distance.
Après il y a quelques bonnes choses et au final le film se suit sans déplaisir mais bon, je l'oublierai bien vite.

3/6

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CroqAnimement votre


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