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MessagePosté: 19 Mai 2017, 20:02 
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Woulah.

À des kilomètres de son affiche banale et de sa bande-annonce qui ressemble au cliché du psychodrame français, Les Fantômes d'Ismaël surprend dès le départ, avec une introduction via un film dans le film et un humour qui n'est pas sans rappeler la légèreté de Comment je me suis disputé... (la scène de la rencontre entre Ismaël et Sylvia par exemple) et la première heure s'inscrit plus ou moins dans cette approche improbable d'un pitch presque fantastique avec un aspect ludique hérité d'Un conte de Noël, dans la narration mais également dans le jeu du spectateur connaisseur qui cherche à tisser les liens avec les précédents films de l'auteur.

Outre Trois souvenirs de ma jeunesse, qui est carrément une préquelle même si la continuité importe peu, Desplechin a toujours utilisé et réutilisé les mêmes noms et prénoms pour ses personnages, construisant ses archétypes et son oeuvre avec une cohérence qui n'excluait pas pour autant le novice et laissait chaque film exister indépendamment des autres.

Mais ce nouvel opus se fait autrement plus méta que les autres, Amalric incarnant un réalisateur dont on voit le film dans le film et le récit s'éclatant en plusieurs trames et strates et, à mi-chemin, bascule délibérément dans la confusion, semblant se rebooter à chaque scène. Ce qui était initialement fascinant devient peu à peu ennuyant et ennuyeux tant il est difficile de rattacher ce qui compose cette deuxième heure aux événements de la première. Malheureusement, le film se perd dans son délire et laisse le spectateur sur le carreau, avec l'impression d'avoir vu une version cauchemardée d'un Kamoulox mélangeant toute la filmographie du cinéaste.

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MessagePosté: 19 Mai 2017, 20:05 
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Nuff said.


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MessagePosté: 20 Mai 2017, 07:03 
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Robot in Disguise
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Pareil. Je suis admiratif de la liberté qui anime le film, et fasciné que le système français puisse financer de tels projets. Mais en tant que spectateur, y'a un moment où je décroche totalement.

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MessagePosté: 21 Mai 2017, 18:43 
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A l'inverse de FF c'est plutôt la 2ème heure du film qui m'a convaincu, à lire les commentaires je craignais un film trop théorique ce qu'il n'est finalement pas (ou en tout cas pas plus que bon nombre des œuvres précédentes de Desplechin), mais je m'interroge sur la nécessité d'avoir démultiplié ainsi la figure de l'autre, absent fantasmé.
Garrel qui a rejeté son aîné dont la carrière diplomatique est magnifiée dans le film que ne peut finir Amalric (frère qu'il préfère faire passer pour mort aux yeux de son producteur exécutif), Cotillard en épouse/fille qui abandonne à la fois son époux et son père (les deux n'ayant aucunement envie de son retour 20 ans après), Gainsbourg et son frère handicapé dont on ne verra qu'une unique photo et qu'elle abandonnera symboliquement en ayant un enfant tardif
D'une la répétition à l'excès de ce motif finit par générer un sentiment de lassitude, et de deux aucun des abandons n'étant véritablement explicités on reste pour le moins sur notre faim.
J'ai tout de même trouvé la 2ème heure plus enlevée car plus bordélique et caustique,
et même s'il reste des scènes qui ne servent absolument à rien et qu'il aurait été préférable de couper, à l'instar de Gainsbourg dans son télescope dont on se fout éperdument
l'arrivée d'Hippolyte Girardot correspondant à la crise la plus profonde d'Amalric, la plus drôle également (excellente scène où le réalisateur explique à son producteur la manière dont il doit terminer le film, à base de délires sur les différences de perspective dans les peintures flamande et italienne). A l'inverse la première heure m'a semblé beaucoup plus pesante, à la limite du mélodramatique, c'est surtout la partie où les deux personnages féminins principaux sont beaucoup plus présents, et je n'ai était convaincu ni par Gainsbourg, trop froide et distanciée, ni par Cotillard arborant ce sourire constant dont on se demande s'il n'est pas sa seule expression de son talent d'actrice.
Par contre elle a une belle paire comme dirait Arnotte

Le film est donc un demi succès (ou un demi échec), on sent parfois l'excellent film qu'il aurait pu être mais qu'il n'est pas, grévé par un manque d'homogénéité assez étonnant de la part de Desplechin.

Par contre ayant vu la version longue, je serais curieux de savoir ce qu'elle contient de supplémentaire par rapport à la version courte, plus largement diffusée.
Je ne serais pas étonné que l'interlude WTF dans l'avion n'y soit pas


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MessagePosté: 21 Mai 2017, 20:47 
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Lohmann a écrit:
Je ne serais pas étonné que l'interlude WTF dans l'avion n'y soit pas

Truc à charge anti-Lanzmann ou j'hallucine?

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MessagePosté: 21 Mai 2017, 21:13 
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Film Freak a écrit:
Lohmann a écrit:
Je ne serais pas étonné que l'interlude WTF dans l'avion n'y soit pas

Truc à charge anti-Lanzmann ou j'hallucine?

J'avais pas pensé à ça (et je connais pas la relation de Desplechin à Lanzmann), mais effectivement ça pourrait lui correspondre


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MessagePosté: 21 Mai 2017, 21:29 
Il a été producteur du documentaire que Lanzmann a fait sur la révolte du camp de Sobibor aux début des années 2000.


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MessagePosté: 23 Mai 2017, 00:38 
Le début laissait présager une épure mélodramatique ou une situation à la Ozon potentiellement bienvenues pour insuffler un peu de sang neuf, mais le film évolue ensuite dans un cinéma auto-référentiel, un délire routinier et bouclé sur lui-même à la Woody Allen (ici un mixte 50/50 entre Rois et Reine et la Sentinelle ). Dans le précédent, la vista des acteurs ado apportait un décentrage implicite (lié non au recit et aux situations, mais aux corps) qui ici fait defaut :, les deux femmes étant deux versions de l'obsession Denicourt. Cela ne m'a jamais autant frappé chez Desplechin qu'ici, mais les personnages n'ont pas de rapports entre eux. Tous les liens convergent, soit vers le deuil anticipé des parents, soit vers la nevrose et l'hystérie d Amalric qui est à la fois une identité et une fiction (le principal moteur de la fiction est qu'il se desole de ne pas être juif comme le Bloom de Joyce), le recit est converti en affect, formant le foyer d'une perspective (le film l'auto-théorise en expliquant l'antisémitisme par la concurrence entre renaissance nordique et italienne, van Eyck et Lorenzetti mais aussi entre une représentation du mariage et celle de l'annonciation ). Il y a clairement un moment où on sent qu'il pourrait se passer quelque chose d'intéressant et d'indécis entre Gainsbourg et Cotillard, mais le film y renonce aussitôt . En fait le retour de Cotillard replie encore plus le film sur Amalric.
Desplechin m'intéresse plus quand il casse son univers, comme dans Esther Kahn ou Jimmy P.
Ce sont d'ailleurs deux films-prénom, comme s'il n'y avait pas de milieu entre la loi morose qui regle depuis 20ans le delire hystérique de Bloom-Dedalus, le faux Juif de Roubaix descendu à Paris, qui emprunte son nom à une fiction fondatrice mais déjà post-moderne et le vrai nom de l'autre qui vaut d'emblée comme une exception à cette loi et à cet ancrage. Desplechin impose un choix entre avoir un nom ou se choisir une destinée.

J'ai dû voir la version courte, car le générique mentionne un tournage à Tel Aviv dont je n'ai rien vu.


Dernière édition par Gontrand le 23 Mai 2017, 09:22, édité 1 fois.

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MessagePosté: 23 Mai 2017, 09:06 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
J'ai eu sans cesse du mal à m'intéresser au film tant j'ai le sentiment que tout est laissé en jachères et ne s'épanouit pas. Impression d'un grand film frustré, d'un film qui d'une certaine manière théorise l'impasse créative en ne cessant de recommencer, de partir ailleurs. Tout semble s'incarner dans des rapports de présence/absence comme si toute la création était liée à cette expérience du rapport aux autres que ce soit dans la douleur de leur absence ou dans la terreur de leur présence, que ce soit dans l'amour qu'on leur porte ou dans la haine et la jalousie qui nous anime.

Cependant la forme du film est assez ingrate et on est constamment sur une espèce de brèche menaçant de nous faire sombrer dans l'ennui. Mais heureusement j'ai pris beaucoup plus de plaisir dans la seconde partie (je trouve toute la partie "retour de Cotillard" globalement ratée, que ce soit dans son mystère, dans son émotion, dans son ambiance presque fantastique), quand Dédalus s'enfuit dans une espèce de fuite en avant cauchemardesque. Desplechin sort un peu de sa zone de confort et pousse Dédalus dans ses retranchements. Toute cette partie où il est seul dans cette maison du souvenir est sans doute ce que le film a de meilleur. La scène sur la perspective où il réinvente en direct son film m'a paru clairement comme le point d'orgue du film, comme si soudainement et brièvement l'élan romanesque que Desplechin ne cesse d'injecter dans ses personnages et ses situations prenait vraiment.

Mais ça ne sauve pas un film trop inégal, trop éparpillé, parfois presque grotesque (le dernier plan avec Gainsbourg face caméra pour nous raconter ce petit happy end, c'est nul, la scène de l'avion est embarrassante et paraît totalement hors sujet...). Je comprends mieux les deux montages du coup. Ça m'étonnerait pas qu'il y ait eu des tensions entre les producteurs et Desplechin quant au montage final tant même dans cette version longue, on sent que ça tâtonne, que rien n'est totalement figé. Mais bon ça n'excuse pas tout.

2/6

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