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MessagePosté: 18 Nov 2017, 12:23 
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Bangkok, mégalopole en perpétuelle expansion. En son cœur, la rue Thaniya, quartier rouge destiné à la clientèle japonaise. Luck en est l’une des reines. Elle subvient à sa famille nombreuse demeurée dans une province du nord-est, près de la frontière laotienne. Un jour, elle retrouve Ozawa, un ancien client et amant qui vivote dans une chambre modeste des bas quartiers. Quand Ozawa doit se rendre au Laos, elle l’accompagne pour le présenter à ses proches et comme pour lui donner une dernière chance. Loin de Bangkok, Ozawa aspire à une vie paisible, mais c'est sans compter sur les cicatrices du colonialisme, des guerres, et celles de Luck.

Dans les années 90 je me souviens que devant l'accueil très favorable de la critique française pour certains réalisateurs de Taïwan ou Hong-Kong (Tsai Min-Liang et Wong Kar-Waï sont les premiers noms évoqués à l'époque qui me viennent en tête), d'aucuns avançaient l'argument de l'exotisme pour justifier de leur réception excessivement positive. Pour les années 10 de ce XXIème siècle, je vais commencer à me poser la même question pour le cinéma du Sud-Est asiatique, tant depuis 2 ans j'ai découvert et été totalement conquis par une partie de la production émanant de cette région.

Tomita est pourtant japonais, et non philippin ou thaïlandais. Mais Bangkok Nites s'inscrit totalement dans la mouvance du cinéma de cette région (on y retrouve cette même langueur), et se rapproche en particulier des œuvres de Lav Diaz et de Midi Z. Diaz (au-delà de l'aspect fleuve de chacun de ce ces films) s'applique ainsi à scruter les séquelles de la dictature de Marcos dans la culture philippine. Midi Z (c'est en tout cas le sujet de Adieu, Mandalay) retrace le parcours des immigrés birmans en Thaïlande, pays vu comme un havre de paix dans une région où ses voisins sont en proie aux conflits ou a une extrême pauvreté. Ces deux aspects se retrouvent dans le film de Tomita, qui nous décrit la Thaïlande comme une terre d'asile pour les habitants des pays limitrophes (les laotiennes qui y viennent se prostituer, Laos où Ozawa ira dans un premier temps à fin de sonder les potentialités d'investissements avant de rencontrer un simili guérillero qui lui révélera les stigmates des conflits indochinois et vietnamien), les occidentaux en mal d'exotisme ou les japonais (plus gros contingent de touristes en Thaïlande) dont les plus fortunés viennent y consommer une prostitution qui leur est dédiée (les filles de la rue Thaniya ont toutes apprises le japonais). Mais il nous montre également le versant de cette apparent paradis, où les étrangers qui ont décidé de s'y expatrier n'y sont pas vraiment à leur place, et où surtout les autochtones semblent avoir été expropriés de leur pays, réduits à l'état d'esclaves au service du fantasme des touristes.

Je tatillonnerai en disant que le film est peut être trop ambitieux dans le nombre des thématiques qu'ils souhaitent traiter (prostitution, colonialisme et post-colonialisme, séquelles des guerres d'Indochine et du Viet-Nam, expatriation des japonais qui saturent de la vie sur leur île), ce qui le conduit parfois à nous montrer de manière trop elliptique certains personnages (la mère de Luck par exemple). Je n'ai en particulier pas été très convaincu par les scènes où interviennent les occidentaux. La dimension de gigantesque bordel qu'est la Thaïlande aux yeux de certains me semblent suffisamment bien traité dans la première partie rue Thaniya sans qu'il soit nécessaire d'y revenir par la suite. Mais pour ce qui touche le cœur du film (l'ambivalence paradis/enfer de la Thaïlande, opposition entre culture thaï et japonaise) il fait mouche, prenant le temps de nous immerger dans les différents lieux qu'ils traversent, de nous exposer en profondeur la nature des personnages principaux. Mention spécial à Tomita qui excelle dans son rôle de japonais totalement déphasé, et que de dire de Subenja Pongkorn (qui si j'ai bien compris était l'une de ces prostituées de la rue Thaniya) qui irradie le film de sa beauté et de sa présence, et qui n'est pas sans rappeler les autres grandes figures féminines des films de Diaz (Angeli Bayani dans Norte) et Midi Z (Wu Ke-Xi dans Adieu, Mandalay).

4.5/6


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MessagePosté: 20 Nov 2017, 22:26 
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oui, beau film, trop long certainement, mais avec une partie centrale assez démente quand ils vont à la campagne

l'actrice est sublime, elle avait remporté le prix d'interprétation à mon festival locarno-rotterdam ;-)


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MessagePosté: 20 Nov 2017, 22:31 
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Karloff a écrit:
oui, beau film, trop long certainement, mais avec une partie centrale assez démente quand ils vont à la campagne

Il y a eut un moment au bout d'une heure où je sentais que j'allais piquer du nez (3ème film de la journée), et arrive cette partie qui est effectivement délicieuse. Et c'est ce qui rapproche le plus ce film de Norte.

Karloff a écrit:
l'actrice est sublime, elle avait remporté le prix d'interprétation à mon festival locarno-rotterdam ;-)

Ça m'avait échappé, excellent choix!


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MessagePosté: 21 Nov 2017, 10:05 
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voilà ce que j'écrivais alors : Nouveau film fleuve de Katsuya Tomita (Saudade) filmé en Thaïlande et au Laos, qui suit un Japonais (joué par le réal), qui revoit la prostituée dont il était éprise et part avec elle au Laos (je simplifie l'intrigue). C'est à la fois langoureux - trois heures tout de même -, incroyablement riche, pas toujours "parfait" sur le plan narratif, mais toujours stimulant et souvent super beau formellement même si la lumière thaïlandaise aide beaucoup. La jeune actrice thaï Subenja Pongkorn parvient à distiller une vraie Saudade au film. Très attachant même si le film aurait pu presque s'arrêter sur la fin de la deuxième partie.

tu as vu son premier ?


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MessagePosté: 21 Nov 2017, 10:34 
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Le précédent tu veux dire (Saudade)? Pas vu mais bien envie de le rattraper maintenant. Samedi au Luminor il passait Off Highway 20 mais pas pu me libérer pour le voir...


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MessagePosté: 21 Nov 2017, 11:40 
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je ne savais pas qu'il avait fait un film avec Saudade, je vais essayer de le dénicher


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MessagePosté: 21 Nov 2017, 12:01 
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Karloff a écrit:
je ne savais pas qu'il avait fait un film avec Saudade, je vais essayer de le dénicher

Deux mêmes, Off Highway 20 et Above the clouds


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MessagePosté: 21 Nov 2017, 12:02 
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