Samir, grutier lunaire à Montreuil, croise dans un café Agathe, la quarantaine à la fois fragile et aigüe, et s'éprend d'elle. Elle est maître-nageuse au Centre Nautique MUNICIPAL Maurice Thorez. Il monte un stratagème à la fois simple et alambiqué pour la séduire sur son lieu de travail. Il lui faut se fondre dans le microcosme réduit de la piscine tout en feignant d'être là par hasard. Au moment où naît une amorce de situation où Agathe commence distraitement à envisager le calculer , celle-ci part au grand congrès international des maitres-nageur de Reikjvavik, afin de s'informer des remarquables avancées des pays nordiques en matière de loisir collectif et d'hygiène,et -un peu- prendre le large.
Une baisse de rythme à la fin en forme de téléfilm (peut-être liée aux circonstances du tournage
), mais pendant 45 minutes j'ai trouvé le film très bon (et les scènes à Maurice Thorez bien filmées). Il n'est pas donné à tout le monde de réussir à être drôle en même temps sur la grisaille de la limite entre Montreuil et Bagnolet, les conférences scientifiques internationales qui ne servent à rien sinon qu'à peu près tout le le monde essaye d'avoir une aventure dans les évènements sociaux de l'après-conférence (ceux qui sont là pour bosser paraissent toujours bloqués dans leur sexualité ou/et se prendre pour des Prix Nobel auprès des représentants d'une cinquantaine de nations), les conventions du film sur l'éveil ou le rajeunissement sexuel en piscine avec sous-texte de fable sociale qui est un genre en soi, (le film a un petit côté Deep End en version ménopausée et fatiguée un peu vache mais pas désagréable) et last but not least, le poids symbolique de la crise israélo-palestinienne. Anspach avait une manière intéressante de paraître exploiter le cliché pour à certains momentz parvenir à le retourner brusquement, en rire tout en en faisant disparaître le sous-texte, lui-même une caricature. Dommage qu'elle n'ait pas plus approfondi le délire sur "le projet Together" de la "Piscine de la Paix" (Samir Guesmi, très bon, parvient pendant quelques secondes à faire exister le truc, ce qui est déjà énorme) car il y avait à ce moment quelque chose de lubitschien (placer la paix dans un non-lieu qui est le cadre du film, le défendre quand-même, en en moquant les faiblesses comme s'il était présent et réel) qui aurait pu donner un très grand film. Mais ce n'est déjà pas si mal.