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 Sujet du message: High Rise (Ben Wheatley, 2015)
MessagePosté: 01 Mar 2016, 11:45 
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1975. Le Dr Robert Laing, en quête d’anonymat, emménage près de Londres dans un nouvel appartement d’une tour à peine achevée; mais il va vite découvrir que ses voisins, obsédés par une étrange rivalité, n’ont pas l’intention de le laisser en paix… Bientôt, il se prend à leur jeu. Et alors qu’il se démène pour faire respecter sa position sociale; ses bonnes manières et sa santé mentale commencent à se détériorer en même temps que l’immeuble : les éclairages et l’ascenseur ne fonctionnent plus mais la fête continue! L’alcool est devenu la première monnaie d’échange et le sexe la panacée. Ce n’est que bien plus tard que le Dr Laing, assis sur son balcon en train de faire rôtir le chien de l’architecte du 40ème étage, se sent enfin chez lui.

Pour info ce synopsis n'a quasiment aucun rapport avec le film.

Ma relation avec Ben Wheatley est assez conflictuelle. Je lui reconnais un vrai talent de metteur en scène, c'est un de ces cinéastes cinéphiles dont la mise en image renvoie immédiatement et souvent élégamment à un certain cinéma comme par exemple The Wicker Man pour Kill List. Mais je n'ai pas été vraiment convaincu par Kill List et Touristes, qui m'avaient globalement plutôt ennuyés. J'avais par contre été très agréablement surpris par A Field in England, délire hallucinogène absurde et comique porté par des expérimentations visuelles assez jouissives.

J'ai été le premier a être "hypé" par l'excellente com autour de High Rise, que ce soit le trailer superbe ou les affiches toutes plus réussies les unes que les autres. J'y allais donc confiant, voyant dans ce projet une forme d'évolution pour Wheatley, son passage à l'étape supérieure (budget plus confortable, "gros" casting etc...). J'ai donc été le premier à être abyssalement déçu.

Pour faire court, j'ai absolument détesté. Je ne comprends strictement rien à ce film ultra bordélique, qui semble sincèrement avoir été tourné sans scénario au fil du tournage et la seule chose un peu évidente à comprendre et d'une banalité absolue surtout dans ce cadre SF ultra éculée (les riches en haut, les pauvres en bas, univers uniformisé, plus de nature etc....). De Metropolis à Snowpiercer, on raconte la même chose mais au moins ceux-là ont une vraie histoire, de vrais personnages, une épaisseur dramatique qui rend cette métaphore prégnante. Mais là, c'est le vide intersidéral.

Le film part de manière plutôt encourageante, visuellement très beau (et il le restera, très beau scope notamment) il déploie un étrange univers SF rétro (mais qui finalement n'a rien de SF), se déroulant dans les années 70 où Tom Hiddleston emménage dans une tour ultra-moderne nouvellement construite. Mais très vite, le film abandonne toute velléité de raconter une histoire crédible pour s'égarer dans un scénario n'ayant strictement aucun sens. Pour une raison que l'on ignore totalement, qui n'est jamais explicitée dans le film, les habitants de la tour ne sortent plus et commencent à vivre comme s'ils survivaient dans un monde post apocalyptique (plus rien à manger, jeu de survie etc...) alors qu'ils peuvent parfaitement sortir de la tour et qu'on voit au loin une ville ou du moins la civilisation. C'est vraiment absurde. A partir de là je n'accroche à rien, je ne comprends pas de quoi on parle.

Le reste c'est deux heures de gens qui baisent, qui font la fête, le sexe devenant ainsi une forme de virus contaminant tout le monde (une des autres références un peu trop évidente du film est évidemment Frissons de Cronenberg) sans qu'on sache pourquoi. Mais même là dans cet interstice un peu punk le film reste finalement trop sage pour véritablement interpeller. Alors on tente de ci de là de balancer des pistes narratives qui ne mènent nulle part, qui se terminent en queue de poisson. L'autre gros problème ce sont les personnages. Aucun n'a de réelle consistance. A l'image notamment du personnage de Tom Hiddleston, totalement impénétrable, on comprend pas qui il est, ce qu'il veut, ce qu'il veut faire. Seul le personnage Luke Evans en alcoolo violent et revendicatif sort un peu du lot et parvient à exister un peu.

Visuellement le film est assez beau même si on sent que le budget a pas été énorme (peu de décors, fonds verts pas terribles). Il y a quelques choses d'assez iconique qui fonctionne parfois bien, une forme de caractérisation très BD des personnages (Hiddleston qui garde sa cravate tout le flim, la tache de peinture autour des yeux) mais quand c'est au service du vide comme ça, ça sert pas à grand chose.

Reste une certaine bizarrerie, une forme de singulière folie mais au service de quoi ? Il suffit pas de mettre un discours de Thatcher à la fin du film pour avoir une conscience politique. Bref, j'ai trouvé ça passablement irritant et ça ne m'a tout simplement jamais intéressé.

1/6

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MessagePosté: 01 Mar 2016, 13:27 
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Art Core a écrit:
J'ai été le premier a être "hypé" par l'excellente com autour de High Rise

Et moi le dernier puisque je découvre l'existence de ce film avec ton topic.


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MessagePosté: 01 Mar 2016, 13:51 
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Déjà-vu a écrit:
Art Core a écrit:
J'ai été le premier a être "hypé" par l'excellente com autour de High Rise

Et moi le dernier puisque je découvre l'existence de ce film avec ton topic.

T'es sérieux ? Il était évoqué déjà pour Cannes 2015...

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MessagePosté: 01 Mar 2016, 14:03 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
T'es sérieux ? Il était évoqué déjà pour Cannes 2015...

Oui, d'ailleurs je n'ai vu aucun Wheatley.


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MessagePosté: 01 Mar 2016, 15:32 
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Oui quand je parle de com je parle surtout de ce que j'ai vu passer sur Twitter.

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MessagePosté: 03 Mar 2016, 10:11 
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C'est une adaptation d'I.G.H. de J.G. Ballard en fait, troisième volume de sa fameuse trilogie de béton, dont le premier, Crash !, a lui aussi été adapté au cinéma par Cronenberg.

Ben Wheatley m'intéresse, j'ai vu toute sa filmo (même Down Terrace), j'attends la sortie française en salle pour celui-là quand même.


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MessagePosté: 30 Mar 2016, 20:42 
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Objet assez fascinant. Je comprends en partie les réserves d'Art Core, le film est sacrément foutraque, le héros manque de chair - on a du mal à éprouver quelque chose pour lui.
Mais c'est totalement différent de ce que l'on voit habituellement, même sur le thème. C'est punk, nihiliste, il y a des séquences impressionnantes, le scope est à se damner...

4/6


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MessagePosté: 09 Avr 2016, 16:02 
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Quel gâchis!

Je suis assez fan de Wheatley et Ballard est un de mes écrivains favoris donc malgré les mauvaises critiques j'éprouvais une certaine curiosité en rentrant dans la salle. Concernant les points positifs, je trouve vraiment que Wheatley a passé un palier sur la mise en scène qui est absolument superbe. Il y a plein de bonnes idées, c'est jamais tape à l'oeil et ça sert toujours le film. Les acteurs aussi sont très bons, en particulier Hiddleston dont le personnage intrigue dans la première heure avant de partir totalement en couilles comme le reste du film. J'aime beaucoup la première partie qui arrive bien à installer l'ambiance et nous immiscer dans cette tour ultraluxueuse et cette thématique sociale chère à Ballard fonctionne dans un premier temps.

Et puis au bout de 45 minutes, le film se fait hara-kiri. Son gros problème est que l'histoire de Ballard aurait mérité d'être adaptée en série car là en 2 heures c'est juste impossible. La déliquescence du microcosme social est juste trop rapide et le film perd toute crédibilité puisqu'on ne comprend pas comment on peut passer à un extrême chaotique aussi rapidement. L'adaptation en série aurait été plus judicieuse car le glissement au chaos sur la longueur aurait été plus fort (et surtout compréhensible) et éviter l'impression de cette dernière heure pénible où le spectateur se sent extérieur au foutoir qui se passe sur l'écran. Clairement, le film n'arrive pas à faire comprendre comment on peut passer d'une situation si calme à un état de guerre civile. Et puis il y a plein d'incohérences (mais que fait la police?) qui doivent sans doute trouver leur justification dans le bouquin qui là passent pas du tout. Au final, l'impression d'un film qui n'est pas ancré dans le réel et se permet n'importe quoi sans aucune cohérence. C'est juste jamais crédible.

C'est dommage parce qu'il y a de bonnes idées, du talent à l'écran et un vrai potentiel mais c'est un total ratage. Bien aimé les 3 premiers quart d'heures, le film tient la route jusqu'à la scène de la fête avortée à la piscine mais après c'est le crash pour reprendre le titre du célèbre roman de Ballard.

2/6


Dernière édition par Abyssin le 09 Avr 2016, 16:25, édité 1 fois.

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MessagePosté: 09 Avr 2016, 16:07 
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Sur le personnage principal
Dans un premier temps, je le trouve super intéressant et il a une part d'ombre assez mystérieuse que révèle le suicide de son élève qu'il provoque. J'aurais aimé que le film explore plus cette piste mais malheureusement il n'en fait rien.


Et pour les intéressés, scène de cul rapide mais très sympa de Sienna Miller qui est une vraie bitch dans le film.


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MessagePosté: 09 Avr 2016, 20:18 
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Oui d'ailleurs sur le perso principal
il y a une vague hhistoire de deuil (sa sœur je crois) qui évoquée et qui est supposée justifier son côté solitaire déprimé puis on en parle plus du tout, on pourrait l'enlever du film ça changerait rien.

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MessagePosté: 09 Avr 2016, 21:17 
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La soeur, je le prends comme la raison qu'il déménage. Il vivait surement avec elle mais oui pas très explicite tout ça.

Et c'est un détail qui est caractéristique du problème du film. Je trouve l'univers passionnant mais en deux heures c'est survolé, il aurait vraiment fallu en faire une série pour développer tout ça.


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MessagePosté: 10 Avr 2016, 07:47 
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D'accord avec ArtCore... Ben Wheatley est bien plus intéressant comme cinéphile que comme cinéaste. Ses films sont tellement sous influence qu'ils finissent par n'avoir aucun sens. C'est irritant. Y a que "Down Terrace" qui était potable.


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MessagePosté: 13 Avr 2016, 00:40 
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Je trouve Kill List moyen et j'aime pas du tout Touristes donc j'allais voir celui-ci à reculons, malgré une promo pas dégueue et au bout de quelques minutes, j'étais complètement séduit. Soudainement, j'avais très envie d'aimer le film, de l'adorer.

Et globalement, pendant une heure, j'étais pris dans cette peinture elliptique, son anticipation '70s et sa folie enivrante. Ça m'a fait l'impression d'une version plus soignée et réussie de Frissons de Cronenberg (le choix d'adapter Ballard et la présence de Jeremy Irons au générique n'est évidemment pas innocente). La reprise classique de "SOS" d'Abba sur une teuf en mode Barry Lyndon dans un immeuble tout en lutte des classes façon Snowpiercer vertical, j'achète.

Malheureusement, lorsque le récit bascule à mi-parcours dans l'inévitable rébellion, avec sa métaphore soulignée du "power failure", ça se délite. Ça devient vulgaire. C'est incroyablement redondant. Pire, ça devient banal. De plus, on perd beaucoup trop de vue notre protagoniste (Tom Hiddleston, dieu vivant) et, ce faisant, notre implication dans le récit.

Résultat, le film qui avait si bien commencé devient vite relou, avec sa débauche qui ne choque personne et son décalage de fonction.

Mais ça m'a quand même donné envie de télécharger les Wheatley que j'ai pas vu. Le mec a quelque chose, il faut juste le dresser.

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MessagePosté: 20 Avr 2016, 02:10 
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Film Freak a écrit:
La reprise classique de "SOS" d'Abba sur une teuf en mode Barry Lyndon dans un immeuble tout en lutte des classes façon Snowpiercer vertical, j'achète.


Introuvable sur l'OST, et la version de Portishead est aussi indisponible partout sauf dans le film.

Ca me donne presque envie d'y retourner et profiter de ces images MEGA BELLES sur grand écran et réécouter cette BO de ouf (hors ces morceaux, y a du lourd, que ce soit dans le soundtrack ou l'ost).

Le film est hypnotisant et les images me hantent. Le casting est au poil, et le film est bien sauvage. J'aime le discours sur les paradis urbains tel qu'ils ont pu être vendus dans les 60's ou 70's, mais un peu comme tout le monde, je trouve le final trop surligné, banal et surtout MEGA foutraque en terme d'écriture et de rythme.

Mais ouais, le temps de rentrer chez moi, j'ai déjà envie de le revoir sur grand écran et découvrir le reste de l'oeuvre de Wheatley.

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MessagePosté: 20 Avr 2016, 02:16 
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