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Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)
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Auteur:  Arnotte [ 08 Oct 2016, 21:24 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Enorme bide en Belgique aussi, ça n'intéresse juste personne...

Auteur:  Film Freak [ 08 Oct 2016, 21:26 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Et c'est pas bon.

Auteur:  Cyniquotron [ 11 Oct 2016, 11:20 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Orson a écrit:
et au Melville du Samouraï.


Ah d'accord c'est un Melville que je n'ai pas vu et qui m'avait échappé.

J'y reviens sur la composition du Assault On precinct 13 de Carpenter, qui est très proche dans Nocturama, l'extérieur filmé dans des plans à la fois tendus et nonchalants, qui parviennent à faire monter une tension (1ère partie), puis l'intérieur du fort Alamo, du commissariat, de la Samaritaine, assiégés (2ème partie), c'est une influence que Bonello revendique pour le film.

Le film vieillit très bien, et je trouve qu'il parvient à saisir quelque chose d'une subjectivité-zéro dans le monde contemporain, des circulations contemporaines, dans les transports publics, dans les galeries marchandes, comment ils agissent sur les corps, des injonctions communicantes via les appareils (portables tactiles) et la télévision (citation pure et simple de BFMTV), à saisir quelque chose de la profusion d'images et de marchandises à la fois présentes et insaisissables. Il y a quelque chose d'un miroir brisé renvoyé à nos subjectivités dans Nocturama.

Auteur:  Abyssin [ 05 Fév 2017, 12:30 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Art Core a écrit:
Sauf qu'ils ne font finalement rien péter. En en faisant des terroristes "clean" (un seul mort à déplorer) ils échappent soudain à un jugement qui les condamnerait d'emblée.
Vu et adoré le film, même si je le mets un cran en-dessous de Saint-Laurent. Pas le temps de développer pour le moment, je suis conscient des défauts propres au cinéma de Bonello (les quelques scènes aussi maladroites que la fin de L'appollonide comme celle avec Haenel) mais je voulais revenir sur te remarque Art de terroristes clean. En fait, on ne connait jamais le nombre de victimes. Le groupe de jeunes demandent le nombre quand ils regardent les news mais jamais ils n'ont une réponse à ce sujet. Alors oui, il y a le directeur de HSBC (plus le mec dans la tour que tu as oublié) mais jamais la télévision ne donne une réponse claire à ce sujet. Je serais par exemple très surpris que l'explosion au ministère de l'intérieur soit "propre".

@Billy : Rien à voir avec le Bret Easton Ellis. On peut effectivement y voir un pitch global proche (les attentats, la réflexion sur la société) mais ça s'arrête là.

Auteur:  Art Core [ 05 Fév 2017, 13:22 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Si il y a plus de victimes et que le film n'en dit rien ça ne le rend que plus lâche.

Auteur:  Abyssin [ 05 Fév 2017, 15:37 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Bon Art concernant les terroristes soi-disant cleans. Je ne réécris pas mon dernier message où pour moi dans le film le nombre de victimes reste inconnu mais vu l'explosion de l'étage entier d'une aile du bâtiment du ministère de l'intérieur, j'ai du mal à croire qu'il ne soit réduit qu'au dirigeant d'HSBC et au mec en costard buté dans la tour.

Concernant les actes terroristes du groupe, ils sont avant tout hautement symboliques : incendier la statue de Jeanne d'Arc, faire exploser deux étages d'une tour de la Défense, plus grand centre d'affaires d'Europe, explosions au ministère de l'intérieur et sur la place de la Bourse. D'ailleurs pour information la bourse n'est plus en fonctionnement depuis de nombreuses années. Le groupe décrit par Bonello ne cherche pas à tout prix à rentrer dans la course au nombre de victimes - l'exemple le plus parlant est la statue de Jeanne d'arc - mais après ils ne sont pas naïfs leurs actes vont évidemment avoir des dommages collatéraux. Quand ils se réunissent devant les postes de télévision pour suivre les actualités et demandent le nombre de victimes, ça traduit plus le déséquilibre et le fait qu'ils sont eux-même dépassés par les évènements qu'ils ont provoqué. Je le vois plus comme une interrogation, l'espoir que le nombre de victimes collatérales est limité. Je comprends ces réactions (sans justifier leurs actes bien sur) donc dans le film cela ne me gêne pas plus que ça.

Sur le film, je me retrouve dans les côtés positifs des avis de Karloff, QGJ et Orson. Ce côté "ballet poétique" décrit par Liam et au contraire la seconde heure ne m'a pas fait décrocher. J'avais peur de ce côté huis-clos immobile, peur de me faire chier pendant une heure mais pas du tout. Je ne vais pas en remettre une couche sur la poésie de Bonello mais pour moi cette seconde partie ne fait qu'approfondir la confusion qui envahit ce commando de jeunes gens déboussolés. Le film me laisse une impression hypnotique un peu comme ses deux précédents avec lesquels il partage pas mal de points communs. Finalement, il s'agit tous les trois de descriptions d'univers en déliquescence. Bonello y refuse tout réalisme, comme dans l'Apollonide et Saint-Laurent, il préfère la stylisation à l'extrême. En cela, je trouve que la seconde partie contient des moments de cinéma assez tripants . Cela me parait aussi maladroit de faire un lien avec les récents attentats. Ne pas oublier que le film a été pensé par Bonello en 2011, écrit et tourné avant novembre 2015. A la lumière des attentats de Paris, c'est vrai que le coup de l'arabe qui nettoie la statue de Jeanne d'Arc parait maladroit. J'irais en effet plus chercher du côté du Glamorama de Bret Easton Ellis même si il est difficile de parler d'adaptation. Quand on a lu le livre, c'est évident qu'il s'agit d'une source d'inspiration majeure de Bonello.

Après, je ne pardonne certaines maladresses du film. La scène avec Haenel et son "Ca devait arriver", est catastrophique. C'est le problème de Bonello, j'aime ses films mais il y a souvent quelques scènes qu'ils auraient mieux du supprimer au montage. C'était pareil dans L'Apollonide avec cette fin ratée où on voyait une pute d'aujourd'hui. Personnellement, je n'ai pas été gêné par le couple de clochards. Après, il faut être honnête ils ne servent à rien.

Malgré ses défauts, ça reste pour moi un des meilleurs films de 2016 avec une ambition qui fait plaisir à voir dans le cinéma français. J'adore Bonello depuis L'Apollonide où je trouve qu'il a vraiment pris une nouvelle dimension.

5/6

P.S. : Etonné que personne ne cite la phrase de la dissertion d'histoire de rentrée à Sciences po avec la phrase d'André sur la civilisation qui résume une idée majeure du film.

Auteur:  Billy Budd [ 07 Sep 2017, 08:28 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Enfin vu, dans des coditions médiocres - écran d'ordinateur dans un avion.

Ellis meets Elephant avec De Palma en témoin.

Je ne comprends absolument pas la polémique sur la fin et le prétendu caractère irresponsable du film, encore moins venant de Ciment, si encore cela venait de Valeurs Actuelles.

Pas totalement convaincu, même si je ne me suis jamais ennuyé et que je suis content qu'un projet pareil puisse exister en France, et que Bonello continue tourner.

Auteur:  Cyniquotron [ 07 Sep 2017, 11:41 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Billy Budd a écrit:
Pas totalement convaincu, même si je ne me suis jamais ennuyé et que je suis content qu'un projet pareil puisse exister en France, et que Bonello continue tourner.

C'est un vœu pieux final un peu facile, parce qu'il ne va plus tourner avant quelques années, il l'a déclaré dans la presse à plusieurs reprises. Ne veut ou ne peut, ce doit être entre les deux, mais la distribution de ce dernier film a été et difficile et mauvaise, donc les financements du prochain ne sont plus assurés.

Auteur:  Slacker [ 02 Fév 2018, 17:39 ]
Sujet du message:  Re: Nocturama (Bertrand Bonello, 2016)

Vous l'avez déjà souligné, mais c'est effarant comment le film est coupé en deux, à la fois volontairement par la structure (mise en place puis huis-clos) et aussi en terme de réussite.
Je crois que le fait de ne rien savoir à part l'identité du réal (dont je n'avais vu que L'appolonide) a rendu ma découverte de la première partie très exaltante, je n'avais aucune idée de ce que pouvaient bien foutre ces jeunes, et cette heure passée à embrasser ce mystère m'a très agréablement diverti. Il y a un petit côté Bresson (celui d'un condamné à mort s'est échappé) dans la façon froide, précise, pauvre en dialogues, d'exposer les actes simples de ces enfants impassibles, et dans la satisfaction que procure cette exposition brute des faits.
(Vous avez noté d'autres références vachement classe qui m'avaient échappé, mais personne n'a parlé de Gremlins, avec la scène de la voiturette dans le magasin! Dans vos faces les culturés.)

La deuxième partie souffre d'être bien moins maîtrisée que la première, aurait dû être plus courte, et concentre toutes les petites choses dispensables du film. Je me suis même clairement ennuyé, à part lors de petites scènes incisives (My Way, les mannequins mimétiques). Bien sûr nos "héros" se font chier, c'est de bonne guerre qu'on s'emmerde aussi, mais un peu ça suffit.

Le film a donc bien des défauts, en particulier des fautes de goût comme dans l'Apollonide, mais mieux réparties. Mais je trouve que la critique la plus injuste qu'on lui fait (simplisme, naïveté de Bonnello) repose sur un malentendu courant, mais d'habitude plutôt rare sur ce site : confondre les protagonistes et l'auteur, ou penser qu'il adhère totalement à tous leurs actes. C'est vraiment le prendre pour un teubé.
Justement un des intérêts du film est de commencer par montrer la détermination, l'habileté, l'organisation efficace de ces petits exaltés, puis de les massacrer en exposant leur naïveté (le truc avec Luis Rego, leurs illusions tragi-comiques sur l'issue de l'aventure), leur fascination béate pour les biens matériels et les armes, leur fragilité, leur cruauté même. Et tout ça en montrant de l'empathie pour eux, comme on s'attendrit de voir comme nos enfants sont idiots quand ils sont bébés. C'est un joli aspect du film et c'est dommage de passer à travers il me semble.

Par contre il y a un truc qui ne marche pas : Omar le vigile
était sensé ligoter les autres gardiens dans le plan de départ, et il s'avère qu'il les tue. Mais comment espérait-il s'en sortir puisque tous auraient témoigné contre lui une fois libérés ? Est-ce encore une manifestation de l'inconséquence de ces "gentils" ados ?

A part ça, j'ai trouvé les jeunes acteurs plutôt bons, tout en me demandant pourquoi ils avaient apparemment tous été choisis avec une drôle de tête, y compris Laure Valentinelli, une sorte de Jennifer Lawrence à grand nez, troublante.
Image

Ah j'oubliais cette ouverture à base de beaux plans tournés d'hélicoptère montrant la ville magnifique et aliénante qui a accouché de ces morts-nés.


Je trouverais bien dommage que Bonnello ne tourne plus, il a des idées, et des audaces formelles (parfois excessives) rares chez nous.

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