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Land of the Dead (G. A. Romero - 2004)
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Auteur:  The Scythe-Meister [ 22 Avr 2008, 16:06 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
On tombe un peu dans le carton pate par moment mais certaines séquences sont réussies.


Je ne trouve pas que les quelques séquences correctes du film soient plus réussies que celles de dizaines d'autres films d'horreur équivalents. *Fin de la discussion*

the black addiction a écrit:
Voilà je préfère ce film ce film qui stagne sur ses positionnements formels plutôt que deux films qui croient faire avancer les choses alors qu'ils sont symptomatiques d'un recul. Un recul vers les veilles variations de poncifs qui n'offrent rien, et ils n'offriront rien, en tous cas en ce qui me concerne, tant qu'un cinéaste comprendra que l'horreur doit être sujet, elle doit se confondre dans la forme et être mise en crise (peut être) par celle ci. Faire du cinéma d'horreur sans que celle ci habite la forme me semble inutile et irrémédiablement régressif...


Mais tu décris Land of the dead là, puisque tu avoues juste après que sa forme n'incarne pas ses intentions et qu'elle n'est que la reprise d'un dispositif d'il y y a 20 ans. Au contraire, 28 jours plus tard est bien un film qui accorde au départ sa forme (tournage en video, plans à l'épaule, montage cut) à son renouvellement de la figure du zombie (non plus incarnation d'une figure de mort mais apex de violence - le zombie de 28 jours est un bien un vivant, non pas la contamination de la société par un corps étranger qui se révèle en son sein comme chez Romero mais au contraire un corps de cette société poussé à bout), et qui passe sa dernière partie (et notamment climax "post-rock") à, si ce n'est mettre en crise sa conception de l'horreur, en tout cas à proposer un autre éclairage sur son dispositif par le mélange des figures notamment, dans un geste très post-moderne (le gentil pris de la rage des zombies et filmé comme un zombie, les militaires qui deviennent plus monstrueux que les zombies, le zombie qui retrouve une parcelle d'intelligence, que des figures qui sont des variations mais qui sont mélangées et transfigurées par une forme qui les subsume en tendant à l'onirisme).
Après le film ne va sans doute pas assez loin, passe un peu vite sur certains aspects, et je ne le tiens pas pour un chef d'oeuvre loin de là, mais le réduire à une vision vide ou une variation de poncifs, non non et non, c'est faux. Et il est largement supérieur à sa suite.

Auteur:  the black addiction [ 22 Avr 2008, 16:09 ]
Sujet du message: 

Je tiens à modérer mon propos lorsque je dis que les aspirations politiques ne passent pas par la forme. C’est pas tout a fait vrai je pense, c’est juste moins percutant que dans les autres volets de la trilogies, mais ça peut paraitre malgré tout très cohérent si on observe les résonnances entre les éléments de la tétralogie.

On peut ouvrir aussi sur une conversation sur la figure du zombi de Romero et son évolution (ça va faire plaisir à Karl en plus). Là où on s’égare un peu, Scythe, depuis le début, c’est qu’il faut quand même remarquer que Romero n’a jamais cherché à faire des films effrayant, au contraire même, il nous confronte à une monotonie et à l’observation du gore au sein du quotidien de ses figures. Je ne pense pas qu’il veuille rendre les images percutantes, il veut atteindre un état anodin et distancé de la représentation du gore. Et ses figures sont différentes au sein de chaque volet de la trilogie. En gros la séquence de panique du début de Dawn of the dead n’est pas reproductible aujourd’hui. La séquence la plus inquiétante de la tétralogie (pour moi) s’avère être sans zombis. Sur le plateau télé le cinéaste déconstruit l’espace par un montage qui nous immerge au cœur d’un sentiment de panique et de perte de contrôle. Au sein d’un contexte où on représente vient apparaitre un élément qui met en crise ce système. La peur de l’inconnu, de l’Autre. C’est l’étape de la découverte et de la tentative de compréhension de ses figures révélatrices de la dégénération du système totalitaire (c’est toujours bon de le rappeler même si c’est évident ; Night of the living dead = Nixon, Dawn of the dead = Carter, Day of the dead = Reagan, Land of the dead = Bush bien entendu). Inutile de dire que Romero est de gauche, c’est presque un anarchiste idéologiquement, ça n’en fait pas un bon cinéaste, c’est sa méthode qui fait le reste. Je comprends que ça puisse gêner. Tout ça pour dire que chaque Zombi de Romero est une étape supplémentaire vers une description de l’entropie généralisée d’un système.

Donc la première séquence de Zombie n’a plus sa place. Le zombie est identifié et rejeté, la compréhension a laissé sa place au regard méprisable (qui était déjà présent). Le regard porté sur l’Autre est celui de la bouffonnerie (voir le premier plan transformant les zombies en automates vulgarisés). Mais le zombie de Romero, on le sait, est le négatif de l’homme. La bouffonnerie est généralisée. La série B n’est donc pas qu’un choix de référence pour s’amuser, elle colle parfaitement avec la construction de contexte, la forme est moins énergique mais les figures sont toujours aussi habitées par une idée. L’idée de Romero n’est pas de transformer la figure du zombi pour faire « nouveau » mais de l’adapter à un contexte. Il est clair que le 11 septembre est présent dans Land of the dead, tout part de là. Encore une fois, je ne défends pas en ce moment le film d’un point de vue qualitatif, j’essaye juste d’ouvrir sur une justification de son état, de sa différence avec les autres volets.

Il faut aussi le différencier d’un Carpenter, qui s’intéresse beaucoup plus aux variations rythmiques, à l’évolution de son cinéma en terme de style, et non uniquement au travers de ses figures et des formes qu’elles entrainent comme Romero.
Le gore fait rire aujourd’hui, c’est peut être ça le discours de Romero (son diary of the dead ne me surprend pas)… et si on le perçoit de part cet axe, il se démarque des autres films d’horreur marrant, car il en fait sa matière critique, sa description du ridicule d’un système étatique (comme toujours chez lui, mais ils ne se ressemblent pas). Je trouve donc le film au dessus des films d’horreur actuel car j’ai le sentiment qu’il n’en est pas réellement un. On en avait parlé ensemble, Scythe, de ses films sympas qui ne dépassent pas le genre, je trouve que celui-ci le fait de manière très cohérente. Après ce n’est que mon regard, tu peux me dire que l’aspect bouffon vient du fait que le film est raté, mais sincèrement je ne pense pas.

Enfin bref, cette conversation m’intéresse beaucoup.

Auteur:  the black addiction [ 22 Avr 2008, 16:11 ]
Sujet du message: 

The Scythe-Meister a écrit:
Mais tu décris Land of the dead là, puisque tu avoues juste après que sa forme n'incarne pas ses intentions et qu'elle n'est que la reprise d'un dispositif d'il y y a 20 ans. Au contraire, 28 jours plus tard est bien un film qui accorde au départ sa forme (tournage en video, plans à l'épaule, montage cut) à son renouvellement de la figure du zombie (non plus incarnation d'une figure de mort mais apex de violence - le zombie de 28 jours est un bien un vivant, non pas la contamination de la société par un corps étranger qui se révèle en son sein comme chez Romero mais au contraire un corps de cette société poussé à bout), et qui passe sa dernière partie (et notamment climax "post-rock") à, si ce n'est mettre en crise sa conception de l'horreur, en tout cas à proposer un autre éclairage sur son dispositif par le mélange des figures notamment, dans un geste très post-moderne (le gentil pris de la rage des zombies et filmé comme un zombie, les militaires qui deviennent plus monstrueux que les zombies, le zombie qui retrouve une parcelle d'intelligence, que des figures qui sont des variations mais qui sont mélangées et transfigurées par une forme qui les subsume en tendant à l'onirisme).
Après le film ne va sans doute pas assez loin, passe un peu vite sur certains aspects, et je ne le tiens pas pour un chef d'oeuvre loin de là, mais le réduire à une vision vide ou une variation de poncifs, non non et non, c'est faux. Et il est largement supérieur à sa suite.


Bon honnêtement je me base surtout sur un souvenir douloureux de ce film. Je l'ai vraiment pas aimé et je n'y ai rien vu de passionnant. Mais je ne peux pas en parler de manière précise, il est trop loin et ne m'a pas assez marqué.

Auteur:  The Scythe-Meister [ 22 Avr 2008, 16:55 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
On peut ouvrir aussi sur une conversation sur la figure du zombi de Romero et son évolution (ça va faire plaisir à Karl en plus). Là où on s’égare un peu, Scythe, depuis le début, c’est qu’il faut quand même remarquer que Romero n’a jamais cherché à faire des films effrayant, au contraire même, il nous confronte à une monotonie et à l’observation du gore au sein du quotidien de ses figures.


C'est partiellement vrai, mais il fait aussi des scènes de "suspens" où le zombi est un danger, il fait des scènes gores dégoutantes, des scènes d'action, des zombis physiquement menaçants, etc... c'est de ces scènes dont je parle.

the black addiction a écrit:
Je ne pense pas qu’il veuille rendre les images percutantes, il veut atteindre un état anodin et distancé de la représentation du gore.


Dans Le jour des mort-vivants par exemple oui. Dans celui-là moins... à la fin par exemple il y a des séquences qui se veulent "choquantes" (au sens premier disons), dans l'optique des films d'horreur actuels. Cet état anodin existe, mais ce n'est pas le seul mode de représentation du gore, il y a un autre qui est plus banal, plus directement horrifique.

the black addiction a écrit:
En gros la séquence de panique du début de Dawn of the dead n’est pas reproductible aujourd’hui.


Elle l'est si on transforme la figure du zombi, elle ne l'est pas logiquement dans le système de Romero.

the black addiction a écrit:
Le regard porté sur l’Autre est celui de la bouffonnerie (voir le premier plan transformant les zombies en automates vulgarisés). Mais le zombie de Romero, on le sait, est le négatif de l’homme. La bouffonnerie est généralisée. La série B n’est donc pas qu’un choix de référence pour s’amuser, elle colle parfaitement avec la construction de contexte.


Sincèrement, je trouve que qu'on est là dans la construction intellectuelle pour justifier des faiblesses, ou en tout cas une forme qui est simplement celle dans la lignée des films précédents de Romero. Parce que la bouffonnerie, je la vois très peu là, en dehors des quelques exemples que tu donnes mais qui appartiennent au représenté et pas au dispositif de représentation. Brain Dead est bouffon dans ce qu'il montre et dans la manière dont il le montre, dans ses plans tordus, ses gros plans grimaçants, ses plans à la con... Par contre, Land of the dead, même sans aller jusqu'à Brain Dead, on est bien plus dans une réalisation distante, tranquille... alors oui il y a de la bouffonnerie, mais ça ne nie finalement guère le sérieux relatif qui constitue la majeure partie du film.
De plus, ce n'est pas nouveau, le zombi était déjà bouffon dans Zombie, notamment avec les bikers à la fin. De ce côté là je ne vois pas trop ce que Land of the dead ajoute, les exemples que tu cites sont même une répétition de Zombie (tu vas me sans doute me dire qu'il traite les humains de la même manière).

J'ai l'impression qu'on peut justifier tout ratage en disant "c'est fait exprès".

Et quand tu dis que le zombi est le négatif de l'homme chez Romero, j'en suis pas sûr - ou en tout cas, s'il était vraiment cela, ses films ne seraient pas intéressants.

the black addiction a écrit:
Le gore fait rire aujourd’hui, c’est peut être ça le discours de Romero (son diary of the dead ne me surprend pas)… et si on le perçoit de part cet axe, il se démarque des autres films d’horreur marrant, car il en fait sa matière critique, sa description du ridicule d’un système étatique (comme toujours chez lui, mais ils ne se ressemblent pas).


La satire n'excuse pas tout. Des intentions, toujours des intentions... c'est là où nous divergeons. De satire, je ne vois que des petites touches qui font sourire dans un océan de banalité. Franchement, le film est complètement inoffensif...

On en parlait dans un autre fil, mais quand tu parles de recul à propos de 28 jours plus tard, j'ai plutôt l'impression que ça appartient à l'essence post-moderne du film, ce qui le différencie nettement de Land of the dead. La référence, la citation, le collage, le travail des figures et des stéréotypes, tout cela appartient au post-modernisme. Boyle fera un peu la même chose avec Sunshine, que je trouve plus raté, mais on est devant deux films qui appartiennent à deux esthétiques totalement différentes.

Auteur:  Bub [ 22 Avr 2008, 16:57 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
Je tiens à modérer mon propos lorsque je dis que les aspirations politiques ne passent pas par la forme. C’est pas tout a fait vrai je pense, c’est juste moins percutant que dans les autres volets de la trilogies, mais ça peut paraitre malgré tout très cohérent si on observe les résonnances entre les éléments de la tétralogie.

On peut ouvrir aussi sur une conversation sur la figure du zombi de Romero et son évolution (ça va faire plaisir à Karl en plus). Là où on s’égare un peu, Scythe, depuis le début, c’est qu’il faut quand même remarquer que Romero n’a jamais cherché à faire des films effrayant, au contraire même, il nous confronte à une monotonie et à l’observation du gore au sein du quotidien de ses figures. Je ne pense pas qu’il veuille rendre les images percutantes, il veut atteindre un état anodin et distancé de la représentation du gore. Et ses figures sont différentes au sein de chaque volet de la trilogie. En gros la séquence de panique du début de Dawn of the dead n’est pas reproductible aujourd’hui. La séquence la plus inquiétante de la tétralogie (pour moi) s’avère être sans zombis. Sur le plateau télé le cinéaste déconstruit l’espace par un montage qui nous immerge au cœur d’un sentiment de panique et de perte de contrôle. Au sein d’un contexte où on représente vient apparaitre un élément qui met en crise ce système. La peur de l’inconnu, de l’Autre. C’est l’étape de la découverte et de la tentative de compréhension de ses figures révélatrices de la dégénération du système totalitaire (c’est toujours bon de le rappeler même si c’est évident ; Night of the living dead = Nixon, Dawn of the dead = Carter, Day of the dead = Reagan, Land of the dead = Bush bien entendu). Inutile de dire que Romero est de gauche, c’est presque un anarchiste idéologiquement, ça n’en fait pas un bon cinéaste, c’est sa méthode qui fait le reste. Je comprends que ça puisse gêner. Tout ça pour dire que chaque Zombi de Romero est une étape supplémentaire vers une description de l’entropie généralisée d’un système.

Donc la première séquence de Zombie n’a plus sa place. Le zombie est identifié et rejeté, la compréhension a laissé sa place au regard méprisable (qui était déjà présent). Le regard porté sur l’Autre est celui de la bouffonnerie (voir le premier plan transformant les zombies en automates vulgarisés). Mais le zombie de Romero, on le sait, est le négatif de l’homme. La bouffonnerie est généralisée. La série B n’est donc pas qu’un choix de référence pour s’amuser, elle colle parfaitement avec la construction de contexte, la forme est moins énergique mais les figures sont toujours aussi habitées par une idée. L’idée de Romero n’est pas de transformer la figure du zombi pour faire « nouveau » mais de l’adapter à un contexte. Il est clair que le 11 septembre est présent dans Land of the dead, tout part de là. Encore une fois, je ne défends pas en ce moment le film d’un point de vue qualitatif, j’essaye juste d’ouvrir sur une justification de son état, de sa différence avec les autres volets.

Il faut aussi le différencier d’un Carpenter, qui s’intéresse beaucoup plus aux variations rythmiques, à l’évolution de son cinéma en terme de style, et non uniquement au travers de ses figures et des formes qu’elles entrainent comme Romero.
Le gore fait rire aujourd’hui, c’est peut être ça le discours de Romero (son diary of the dead ne me surprend pas)… et si on le perçoit de part cet axe, il se démarque des autres films d’horreur marrant, car il en fait sa matière critique, sa description du ridicule d’un système étatique (comme toujours chez lui, mais ils ne se ressemblent pas). Je trouve donc le film au dessus des films d’horreur actuel car j’ai le sentiment qu’il n’en est pas réellement un. On en avait parlé ensemble, Scythe, de ses films sympas qui ne dépassent pas le genre, je trouve que celui-ci le fait de manière très cohérente. Après ce n’est que mon regard, tu peux me dire que l’aspect bouffon vient du fait que le film est raté, mais sincèrement je ne pense pas.

Enfin bref, cette conversation m’intéresse beaucoup.


Très bon texte, TBA! Même si je trouve que les différentes représentations vont bien au delà de la simple référence à un contexte particulier (on en a beaucoup trop fait sur Bush et Land of the Dead, à mon goût. Quoique tu le fasses toi d'une manière particulièrment fine, qu'ici ça colle, et même d'après ton analyse le film dépasse ce cadre, ce sont différentes figures du capitalisme), au final, l'enjeu est bien celui-là. Je m'étais contenté de parler de la complexion des rapports, des différents groupes, en passant outre un point essentiel, le rapport à l'autre, (et même le rapport à l'horreur elle-même, car je dirais qu'en un sens, Romero nous remet à la face ce dernier comme il nous mettait le refoulé à la face dans la nuit des morts-vivants)

Il est bon de toujours rappeler le rapport à l'autre présenté par Romero dans chacun de ses films, et l'idée selon laquelle le style série B est lié à cette représentation... J'aime!


Mais, de ce point de vue, s'ils sont tous autant adaptés à la figure qu'ils entendent représenter, ne dirais-tu pas que pour toi aussi, les soi-disant faiblesses de Land sont compensées par les variations? (de surcroit dans la mesure où tu affirmes que le style est imposé par la figure représentée...?) :wink:

Auteur:  the black addiction [ 22 Avr 2008, 18:48 ]
Sujet du message: 

Scythe a écrit:
Dans Le jour des mort-vivants par exemple oui. Dans celui-là moins... à la fin par exemple il y a des séquences qui se veulent "choquantes" (au sens premier disons), dans l'optique des films d'horreur actuels. Cet état anodin existe, mais ce n'est pas le seul mode de représentation du gore, il y a un autre qui est plus banal, plus directement horrifique.


Bien sur que ce n’est pas le seul. C’est même assez rare ce que fait Romero.
Oui ça se remarque plus dans Le jour des morts vivants car on peut remarquer également que, au fur et à mesure des films de la tétralogie, les zombis se différencient de plus en plus des hommes. Dans la séquences d’ouverture du premier, il y a un doute, et ce sera la dernière fois ; la différence entre les deux pôles et moins marquée. Oui les scènes sont peut être choquantes dans ce qu’elles montrent, mais pas dans la manière, il y a un regard porté à distance, malgré la présence accrue du gore. Je parle de banalité plus dans le positionnement, dans cette articulation qui demeure légère entre le gore et le récit qui nous guide. Un côté documentariste assez fort, que l’on perd dans Land of the dead, ça rejoint ce que je disais précédemment.

Scythe a écrit:
Sincèrement, je trouve que qu'on est là dans la construction intellectuelle pour justifier des faiblesses, ou en tout cas une forme qui est simplement celle dans la lignée des films précédents de Romero. Parce que la bouffonnerie, je la vois très peu là, en dehors des quelques exemples que tu donnes mais qui appartiennent au représenté et pas au dispositif de représentation. Brain Dead est bouffon dans ce qu'il montre et dans la manière dont il le montre, dans ses plans tordus, ses gros plans grimaçants, ses plans à la con... Par contre, Land of the dead, même sans aller jusqu'à Brain Dead, on est bien plus dans une réalisation distante, tranquille... alors oui il y a de la bouffonnerie, mais ça ne nie finalement guère le sérieux relatif qui constitue la majeure partie du film.


Hum non pas vraiment, je ne prétends pas justifier les faiblesses, j’essaye de partir de l’effet que m’a procuré le film pour essayer de mettre en avant une lecture du film. Je n’ai pas envie de me contenter de dire que c’est plus faible car c’est différent. Tout pat de l’effet quand même, je réfléchis sur les films qui me séduisent, forcement.
Voilà ça appartient au représenté et pas au dispositif, on en revient à ce que j’appelle la limite du film, j’ai juste voulu un peu nuancer ça, la construction du film est un peu plus complexe que ça.
Braindead ? Ouais ça n’a vraiment rien à voir quand même, Jackson rend tout bouffon sans nuances. J’aime bien le délire du film mais ça reste un délire sans véritable sujet, même esthétique, c’est un délire. Romero doit nuancer cet aspect là car c’est un élément critique, il doit donc le proposer face à quelque chose… il doit y avoir un secteur de l’œuvre « réaliste » dans son développement. Braindead est en décalage sur chaque parcelle du film. C’est difficile de présenter un des deux films comme modèle pour descendre l’autre tellement ils sont différents.


Scythe a écrit:
J'ai l'impression qu'on peut justifier tout ratage en disant "c'est fait exprès".

Non, j’aurais pu tout simplement dire j’aime ce film malgré ses faiblesses. Et j’ai dit de suite que je ne défendais pas forcément le film sur un plan qualitatif. J’essaye de pas réduire Romero à un tâcheron, sa méthode peut encore faire mouche je pense, j’essaye juste de comprendre ce qu’il a voulu faire car ça m’intéresse beaucoup.

Scythe a écrit:
Et quand tu dis que le zombi est le négatif de l'homme chez Romero, j'en suis pas sûr - ou en tout cas, s'il était vraiment cela, ses films ne seraient pas intéressants.


Ah bon ? il y a quand même une correspondance symbolique entre les deux pôles non ? Où est l’intérêt sinon ? où est son discours ?

Scythe a écrit:
La satire n'excuse pas tout. Des intentions, toujours des intentions... c'est là où nous divergeons. De satire, je ne vois que des petites touches qui font sourire dans un océan de banalité. Franchement, le film est complètement inoffensif...


Je me répète, je parle d’intention que par le passage de l’effet que ça m’a procuré. Le film aurait pu être plus percutent c’est sur, mais je ne le trouve pas inoffensif pour les raisons que j’ai évoqué. Je ne le trouve pas banal non plus, il n’y a pas une emphase jouissive de la forme mais cela n’implique pas forcement la banalité… un film n’est pas estimable uniquement lorsque la singularité du style est ostensible.

Scythe a écrit:
On en parlait dans un autre fil, mais quand tu parles de recul à propos de 28 jours plus tard, j'ai plutôt l'impression que ça appartient à l'essence post-moderne du film, ce qui le différencie nettement de Land of the dead. La référence, la citation, le collage, le travail des figures et des stéréotypes, tout cela appartient au post-modernisme. Boyle fera un peu la même chose avec Sunshine, que je trouve plus raté, mais on est devant deux films qui appartiennent à deux esthétiques totalement différentes.


Il ne suffit pas d’être post moderne pour pouvoir exister et être respectable, je sais que tu penses pareil (tu n’aimes pas Tarantino)… encore faut il ne pas faire n’importe quoi de ses figures. Il ne me semble pas que Boyle se serve de tout ça, citation, collage ect… pour mettre en place un dispositif formel, comme Rodriguez, mais tu m’intrigues, j’aurais presque envie de le revoir, tu fais chier. Dans mon souvenir les variations s’arrêtent à certaines variations de poncif, la forme n’est pas impliquée ; je me trompe peut être. Mais dans Post Moderne le moderne doit être présent, dans le moderne le classique doit être présent ect… Il ne suffit pas de citer selon moi, il faut penser à comment on cite.
Enfin je comprends plus trop, tu n’aimes pas The Devil’s Reject car il se réduit à une reproduction de figure (selon toi), mais là tu défends le film de Boyle en te basant sur l’argument du postmodernisme. Je suis perdu. :D


Karl a écrit:
Mais, de ce point de vue, s'ils sont tous autant adaptés à la figure qu'ils entendent représenter, ne dirais-tu pas que pour toi aussi, les soi-disant faiblesses de Land sont compensées par les variations? (de surcroit dans la mesure où tu affirmes que le style est imposé par la figure représentée...?)


Hum je ne crois pas Karl car malgré tout ça je trouve que l’effet produit n’est pas aussi puissant que dans les deux premiers films. L’effet n’est pas à la hauteur des intentions, mais je trouve le film très intéressent quand même. Il me manque de l’intensité.

Auteur:  The Scythe-Meister [ 22 Avr 2008, 23:02 ]
Sujet du message: 

the black addiction a écrit:
Braindead ? Ouais ça n’a vraiment rien à voir quand même, Jackson rend tout bouffon sans nuances.


C'est bien ce que je dis... y compris la forme. Et c'est bien le sujet qui nous occupait là. La bouffonnerie dans land of the dead se limite à quelques gimmicks.

the black addiction a écrit:
Il ne suffit pas d’être post moderne pour pouvoir exister et être respectable, je sais que tu penses pareil (tu n’aimes pas Tarantino)…


Evidemment. C'était une indication des choix du films, pas une justification.

the black addiction a écrit:
encore faut il ne pas faire n’importe quoi de ses figures. Il ne me semble pas que Boyle se serve de tout ça, citation, collage ect… pour mettre en place un dispositif formel, comme Rodriguez, mais tu m’intrigues, j’aurais presque envie de le revoir, tu fais chier.


Et pourtant formellement le film se distingue nettement de ses références et ce n'est pas qu'un emballage publicitaire (ce qu'est plus l'armée des morts). Encore une fois, on ne peut limiter le film à une variation du zombie de Romero quand il fait de ce zombie non plus une dégénération mais au contraire une exagération d'un comportement latent du vivant, une pulsion de haine d'autrui qui n'appartient nullement au modèle du mort-vivant. Ca change quand même tout! Et la forme assume et incarne ce changement. Et le film ne peut être pas considéré comme un film de mort-vivant (ce que sont au contraire les Romero).

the black addiction a écrit:
Enfin je comprends plus trop, tu n’aimes pas The Devil’s Reject car il se réduit à une reproduction de figure (selon toi), mais là tu défends le film de Boyle en te basant sur l’argument du postmodernisme. Je suis perdu. :D


Parce que l'un arrive à quelque chose qui est autre chose que de la référence (voire révérence) et n'est pas gratuit car il supporte ses choix esthétique par un discours. Il y a quelque chose qui est tendu au travers des scènes de désolation du début, du renouvellement de la figure du zombi accompagné par une forme qui s'y adapte, du discours et des scènes des soldats à la fin, du climax onirico-violent qui dépasse, etc, nettement la reprise de codes ou de figures.

Auteur:  the black addiction [ 23 Avr 2008, 07:26 ]
Sujet du message: 

Ok ok, il faut que j'essaie de le revoir car rien de ce que tu me dis semble émerger de ce film pour moi, je n'ai aucun souvenir d'un tel traitement. Je te crois sur parole sur le fait qu'il ne soit pas si nul que ça, je vais me faire mon opinion.
Bon j'avais envie de relancer sur The Devils... mais non, on en a suffisamment parlé la dernière fois.

Auteur:  Cosmo [ 01 Nov 2009, 11:06 ]
Sujet du message:  Re:

Revu hier soir, quelques semaines après avoir revu Zombie et Le Jour des morts-vivants. Le moins bon épisode de la série "of the dead" reste une bonne série B blindée de bonnes idées et de maquillages fabuleux, qui prolonge intelligemment la série. C'est parfois un peu grossier, il y a trop de personnages qui ne servent à rien (et auxquels on ne s'attache pas), il manque un personnage féminin fort, mais j'adore par exemple le retournement qui consiste à faire de l'habituel héros noir de la série... un zombie. Là où les précédents montraient des personnages un peu à bout de souffle, celui ci montre une société qui s'est réorganisé, ce qui se traduit par un changement de rythme et de visuel. J'aimerais bien savoir si Romero a lu La Planète des singes, car l'histoire est identique à la révolte des singes telle qu'elle est décrite dans le film.
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