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Pinocchio (Hamilton Luske, Ben Sharpsteen, 1940)
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Auteur:  Film Freak [ 07 Fév 2014, 20:11 ]
Sujet du message:  Pinocchio (Hamilton Luske, Ben Sharpsteen, 1940)

J'aurai mis le temps mais on continue.

1. Blanche-Neige et les Sept Nains (Snow White and the Seven Dwarfs) — David Hand, 1937

2. Pinocchio (id.) — Hamilton Luske, Ben Sharpsteen, 1940

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Aaaaah bah avec une vraie histoire, c'est tout de suite autre chose hein...ici, pour le coup, c'est incarné dès le départ et presque tout le long. Y a moins de remplissage puisqu'on ne se base plus sur un simple conte mais une œuvre bien plus riche. On remarquera toutefois encore des scènes inutilement étirés (la séquence avec toutes les horloges là, pitié, où chaque plan dure littéralement trois fois trop longtemps) et une écriture encore un peu brouillonne dans l'agencement du récit, passant d'une séquence à une autre de façon souvent facile, en se cachant derrière le prétexte de la fable (la Fée Bleue comme deus ex machina chez Stromboli, Pinocchio qui rentre et trouve la lettre lui indiquant où est son père).

Mais putain, dans la mise en scène et l'animation, y a des trucs fous. Rien que cet espèce de plan-séquence en travelling avant qui survole la ville puis pénètre dedans, traverse des arcades pour retrouver un personnage dans une rue, c'est génial. Mais je pense évidemment au passage le plus traumatisant du film, celui qui m'a tant marqué enfant qu'il s'agissait de la seule séquence qui me restait encore du film aujourd'hui : la transformation en âne.

Il y a une simplicité à l'efficacité redoutable à un moment, quand Pinocchio rit et que soudainement, ses dents sont mises très en évidence.

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D'un coup, l'horreur. Le faciès si mignon de l'enfant se tord, devient horrible, prend des allures équestres. C'est subtil au fond, c'est encore techniquement humain...mais ça le rend, l'espace de quelques secondes, inhumain.
Et ça suit avec ça :

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Trauma.

Bon, on passera sur le moralisme boutiniste du film ("jouer au billard, c'est Mal") pour ne retenir que ces quelques séquences - oui parce que le film fait un peu succession de vignettes - comme celle de Monstro la baleine, une fois de plus royalement animée (les vagues putain) avec ce côté "autre", clairement pas "réaliste" (cela dit, la rotoscopie s'intègre mieux ici, la Fée Bleue étant le seul personnage animé ainsi, ça lui va bien).

Je regrette aussi que le film n'exploite pas pleinement le matériau. Il y avait moyen de faire un Gepetto, ce père qui se crée un fils, bien plus émouvant. D'ailleurs, plutôt que de refaire à l'envi les Disney princesses, c'est celui-ci que j'aimerai voir adapté convenablement.
Je garde un souvenir plein de sanglots de la mini-série de Comencini et j'adore la noirceur et la magie que Burton et Spielberg confèrent à Edward aux mains d'argent et A.I., clairement inspirés de l’œuvre de Collodi, j'aimerai donc voir une nouvelle version qui saurait retrouver de ça. Quand je pense que le film en stop-motion co-écrit et co-réalisé par Guillermo del Toro et l'animateur en chef de Fantastic Mr. Fox reste inachevé, ça me déprime.
Peut-être la version de Ben Stiller avec Robert Downey Jr. en Gepetto écrite par Bryan Fuller (Hannibal la série) peut donner quelque chose...parce qu'il faut faire mieux que le Benigni quoi.

Auteur:  Castorp [ 07 Fév 2014, 20:18 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

La transformation en âne est effectivement un superbe moment de cinéma.

Tu me donnes envie de le revoir, c'est un grand film.

Auteur:  Mr Degryse [ 07 Fév 2014, 20:20 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Entièrement d'accord avec toi. Très bonne critique.

Auteur:  Arnotte [ 07 Fév 2014, 21:18 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Perso je le trouve en effet superbement réalisé, mais je n'aime pas... L'histoire. Cette histoire. C'est con hein?
J'ignorais pour ce projet avec del Toro! Argh! :-(

Auteur:  Film Freak [ 07 Fév 2014, 23:27 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Arnotte a écrit:
Perso je le trouve en effet superbement réalisé, mais je n'aime pas... L'histoire. Cette histoire. C'est con hein?

Comment peut-on kiffer l'histoire de fucking Blanche-Neige et pas celle-là?!

Auteur:  Karloff [ 07 Fév 2014, 23:34 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

tu as vu la version dessinée par Mattotti?

Auteur:  Film Freak [ 07 Fév 2014, 23:39 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Nope. BD?

Auteur:  Karloff [ 07 Fév 2014, 23:41 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

http://www.parismatch.com/Culture/Livre ... eur-228535

Auteur:  Film Freak [ 07 Fév 2014, 23:44 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Classe. Faudrait que je lise le Winschluss aussi.

Auteur:  Karloff [ 07 Fév 2014, 23:48 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Oui, c'est assez vertigineux. Mattotti, l'animation du film était horrible, mais les dessins magnifiques

Auteur:  Film Freak [ 07 Fév 2014, 23:53 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Sinon, voici tout ce que j'ai pu trouver du projet de Del Toro :

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Auteur:  Karloff [ 07 Fév 2014, 23:55 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

*regret eternel*

Auteur:  Film Freak [ 08 Fév 2014, 00:06 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Del Toro a l'habitude de dire qu'il n'abandonne jamais aucun projet donc bon, tout est possible.

Le souci, c'est que les derniers films en stop-motion n'ont pas cartonné...

Auteur:  Puck [ 08 Fév 2014, 01:18 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

Film Freak a écrit:
Classe. Faudrait que je lise le Winschluss aussi.


J'te le passe quand on se capte.

Auteur:  Tom [ 08 Fév 2014, 08:39 ]
Sujet du message:  Re: Top Classiques d'animation Disney

On en parlait avec Cow Boy l'autre jour dans la shoutbox : on se disait que tout dans ce film avait l'air d'un espèce de cauchemar désagréable, même les scènes heureuse et joyeuses. Tout était badant, nocturne, bizarre et vieilli, un peu malsain : jamais un moment réellement apaisant. Je garde le souvenir d'un film conçu comme un bad trip nauséeux, sous ses apparence de film appliqué.

Et puis il y a comme toujours chez Disney une sorte d'intuition fulgurante de ce qui parle aux enfants. Ce truc du parc qui n'est pas juste une allée de bonbons, mais où l'on trouve, par exemple, un endroit "où l'on peut tout casser"...

Film Freak a écrit:
D'un coup, l'horreur. Le faciès si mignon de l'enfant se tord, devient horrible, prend des allures équestres. C'est subtil au fond, c'est encore techniquement humain...mais ça le rend, l'espace de quelques secondes, inhumain.
Et ça suit avec ça :

À l'époque où j'étudiais le film, ce qui m'avait aussi marqué bizarrement, c'était le travelling. Je sentais un truc dedans qui achevait le genre de poussées inhumaines/vulgaires dont tu parles sur l'enfant :
Citation:
Puis soudain, sans prévenir, le film bascule : voilà l’adolescent paniqué, au pied du pantin, mains crispées et levées à la manière d’un Frankenstein, hurlant à l’aide. Le film, dans un réflexe comme on l’a vu très habituel, transfère la violence de la scène au mur, utilisant les ombres pour laisser deviner la métamorphose violente en cours. Nous rentrons dans les termes de l’un des pactes de la mise en scène du film d’horreur : si c’est l’ombre qu’on nous montre, le film nous tiendra à cette dis tance qu’il a créée pour nous, laissant entendre que nous dévoiler plus directement l’action serait indélicat. Mais Disney change soudain de registre, trahissant le pacte en glissant soudain la caméra, dans un travelling surprise, sur l’âne se débattant dans toute sa vulgarité pathétique, qui désormais brait en continu, affolé et terrorisé. Le reste de la scène n’est alors plus que déchaînement de violence, le corps animal détruisant tout sur son passage, envoyant la table en l’air, brisant le miroir - mettant en pièce, en somme, le sage décor symbolique (le bar louche) qu'on avait posé pour lui -, monopolisant de ses hurlements l’espace sonore du film. Ce mouvement de caméra "déplacé" participe à l'impression générale d’un film un peu moins sûr qu’à son habitude, sujet aux pulsions, incapable de contenir comme il l’avait d’abord prévu la violence de la scène, et qui finit par céder comme trop faible, déversant sa sauvagerie sur le spectateur.

Je crois que je me suis fait des films, parce que c'est tout à fait logique qu'on revienne à l'âne une fois l'ombre au mur vue. Mais je sais pas, y avait quelque chose là-dessus (dans cette façon de rester sur l'âne ensuite à la fin du plan aussi, de bien le montrer s'agiter dans tous les sens inconsciemment) qui m'avait marqué.

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