Pour Karloff et Tom : Du silence et des ombres... en VF.
Ineptie du "Not suitable for children" alors qu'il s'agit d'une histoire d'apprentissage vu à travers les yeux d'enfants.
Et ce fut d'ailleurs ma grande surprise en découvrant enfin ce film, véritable pierre angulaire culturelle outre-Atlantique, adaptation d'un Prix Pulitzer ayant pour protagoniste le badassement nommé Atticus Finch, devenu synonyme de héros des droits civiques et héraut de la justice. La surprise, c'est que la protagoniste n'est pas Atticus Finch, interprété par un Gregory Peck qui semble incarner à la fois l'ur-Homme et le prototype de la figure paternelle parfaite, modèle de sagesse qui sait toujours inculquer les meilleurs préceptes de la façon la plus pédagogue possible.
C'est un très beau personnage qu'a écrit là Harper Lee mais le réel protagoniste, c'est la personne à qui Atticus inculque ces préceptes justement, sa fille Scout, alter ego de l'auteur. Et c'est en suivant cette étonnamment longue première heure que je saisis que To Kill a Mockingbird n'est pas vraiment un film de tribunal - idée reçue que je m'étais faite suite à la place de Finch dans la culture générale US et suite à la place du film en tête du top 10 "Courtroom Drama" établi en 2008 par l'American Film Institute - mais un bildungsroman où le procès n'occupe qu'une demi-heure environ sur 2h09.
En fin de compte, c'est d'ailleurs peut-être un peu beaucoup compte tenu du but premier du récit, la perte de l'innocence de Scout et son grand frère Jem, mais l'adoption jusqu'au-boutiste du point de vue des enfants, notamment sur le procès, fait sens. C'est juste un peu déconcertant, avec cette structure qui semble mélanger deux films : le procès d'un noir accusé de viol et la légende urbaine d'un monstre caché à la cave par ses parents. Mais Mulligan ne perd rien de la justesse du regard que porte Harper Lee sur son propre passé et le sublime même avec ce noir et blanc et cette ambiance de Southern Gothic (ça m'a donné envie de voir La Nuit du chasseur).
Et puis il y a des choses précieuses, comme le fait qu'Atticus ne regarde pas les noirs qui se lèvent au balcon à la fin du procès, par exemple.
Je suis très friand des thrillers judiciaires mais je crois avoir davantage apprécié cet espèce de Stand by me inattendu, pour son iconisme, dû regard des enfants, et sa tristesse.