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Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)
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Auteur:  Erik Vonk [ 29 Avr 2016, 05:40 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

À ceux qui ont vu Nostalgie de la Lumière, faut-il avoir vu ce premier film du diptyque avant de se lancer dans le Bouton de Nacre?

Auteur:  Arnotte [ 29 Avr 2016, 08:02 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Erik Vonk a écrit:
À ceux qui ont vu Nostalgie de la Lumière, faut-il avoir vu ce premier film du diptyque avant de se lancer dans le Bouton de Nacre?

Pas obligatoirement, non. C'est évidemment mieux de l'avoir vu pour voir la continuité (thématique et esthétique), mais El Boton peut s'apprécier parfaitement tout seul, pas de souci...

Auteur:  Karloff [ 29 Avr 2016, 09:42 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Je les ai découverts dans le désordre, et je considère le bouton de nacre bien supérieur et presque indépendant du premier.

Auteur:  Erik Vonk [ 30 Avr 2016, 01:13 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Super! Merci.

Je viens de le voir. C'est du 5/6. Je développerai mon avis sous peu

Auteur:  Gontrand [ 04 Oct 2018, 08:21 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

J'ai honte, mais je n'ai pas aimé. Chacun des deux sujets aurait justifié un film indépendant, et il me semble qu'ils se neutralisent, il manque un raccord (si ce n'est l'idée avancée par le poète d'une culpabilité collective inexprimable mais foncière en l'homme, mais elle n'est pas convaincante comme dernier mot : l'espace et les éléments sont des seuils maintenant intact l' équilibre entre innocence et violence anthropologiques, et cette dernière devient une explication plutôt qu'un effet). La chute d'Allende et l'élimination de la gauche chilienne prennent alors des allures de mythe cosmologique. Je trouve aussi gênant que tout soit métaphorisé (et donc l'histoire -avec sa grande hache - elle-même) sauf la torture et l'extermination lente des indiens à Dawson. Paradoxalement la poésie et l'esthétisme du film réduisent la torture à une procédure technique.
Mais ce sont des limites peut-être inhérentes au genre documentaire (qui plus est markerien), et le réalisateur, dont on sent encore la colère, a une légitimité énorme, car il a filmé le Chili depuis 50 ans. Le Bouton de nacre a sans doute une fonction de porte d'entrée vers une oeuvre plus vaste et dont l'approche est plus factuelle.

Auteur:  Tetsuo [ 04 Oct 2018, 10:57 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Gontrand a écrit:
J'ai honte, mais je n'ai pas aimé.


C'est pas vraiment un bon film, donc tu peux assumer sereinement.

Citation:
Mais ce sont des limites peut-être inhérentes au genre documentaire (qui plus est markerien), et le réalisateur, dont on sent encore la colère, a une légitimité énorme, car il a filmé le Chili depuis 50 ans. Le Bouton de nacre a sans doute une fonction de porte d'entrée vers une oeuvre plus vaste et dont l'approche est plus factuelle.


Pour moi la limite c'est clairement le réalisateur et son approche "à la première personne" assumé, dont la dérive cosmologique (chose qui d'ordinaire me parle complètement) me semble une coquetterie maniériste, plutôt qu'un réel vecteur de réflexion et d'émotion, qui entre en concurrence avec le sujet du film plus qu'il ne le complète, un comble ! Grosse déception.

Auteur:  Castorp [ 04 Oct 2018, 11:02 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Tetsuo a écrit:

C'est pas vraiment un bon film, donc tu peux assumer sereinement.


C'est aussi nase que son film sur Allende ?

Auteur:  Tetsuo [ 04 Oct 2018, 11:07 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Pas vu. Pas très envie du coup...

Auteur:  Gontrand [ 04 Oct 2018, 12:14 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

A la limite, cette veine cosmologique un peu new age est légitime, car sa niaiserie est clairement feinte. Le cinéaste ne cache pas qu'elle représente un substitut d'un procès qui n'a pas eu lieu (on retrouve la même obsession sur les dépouilles des disparus en Espagne, que la crise catalane a d'ailleurs atténuée). Mais alors son problème politique est clairement les conditions du consensus social et moral de l'après-dictature plutôt que la dictature elle-même. Pedro Larain est plus cynique et lucide (mais aussi plus jeune) sur ce glissement.
Le défaut du film est de conjuguer l'approche hyper-subjective que tu relèves, avec l'idée que son existence est par elle-même un geste réparateur ou le substitut d'un procès (ou plutôt d'une instruction) qui n'a pas eu lieu.
C'est d'ailleurs le vrai fil qui relie les deux parties, plutôt que le symbolisme de l'eau. Il n'y a eu de Nuremberg ni pour la colonisation, ni pour Franco, ni pour Pinochet, ce qui crée une parenté et une continuité entre ces époques et idéologies Le film est intéressant quand il relève l'opposition agriculteurs/éleveurs ou pêcheurs qui joue à chaque fois un rôle dans ces crises et mouvement de populations: que l'on retrouve d'ailleurs aussi dans les conditions de la guerre d'Espagne ou au Rwanda.

Mais ces deux ambitions cohabitent mal et il en résulte des scènes douteuses. Comme celle où les survivants de Dawson doivent désigner la prison du doigt et crier la durée de leur peine, en répondant aux injonctions du réalisateur. Cela reproduit, involontairement, la situation d'un appel dans un camp de concentration , et rappelle The Act of Killing (qui lui assumait son cynisme et était conscient que le film répétait dans son dispositif le réel qu'il entendait condamner au point de vue moral).

Cela devient particulièrement maladroit quand un avocat décrit le visage d'une des victimes des "crevettes bigeard".
Le témoin essaye de se contenir et est conscient du mélange d'obscenité et de mystère trouble de la situation. Mais le montage devient alors complètement télévisuel et balance (littéralement) la photo de la morte comme pour dire : Incroyable, cette personne ne ment pas !
Par ailleurs à propos des "crevettes bigeard" : le film mentionne un peu ironiquement le rôle des USA dans le coup d'état de septembre 1973 et celui des Anglais dans la fin de l'innocence des Patagons, mais, co-produit par en France avec de l'argent public, omet, fort opportunément, de relever le rôle des gradés français revenus d'Algérie -certes liés à l'O.A.S. donc renégats- dans la répression de la démocratie en Amérique latine, alors qu'il adopte pourtant une approche "généalogique" et "accusatoire" (je ne trouve pas le bon mot) du mal radical.

De plus, le film s'adressant visiblement à un public jeune et extérieur au Chili, il aurait pu contextualiser un peu plus les témoignages, notamment celui du pilote d'hélicoptère. Il me semble que Thierry Michel l'avait fait, dans un film qui décrivait la même situation à propos du Zaïre de Mobutu.

Auteur:  Karloff [ 04 Oct 2018, 14:00 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Mais crevez TOUS !

Auteur:  Cantal [ 04 Oct 2018, 14:16 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

J'avais préféré Nostalgie de la lumière

Auteur:  Gontrand [ 04 Oct 2018, 14:16 ]
Sujet du message:  Re: Le bouton de nacre (Patricio Guzman - 2015)

Non, j'exagère, c'est un film magnifique, malgré quelques approximations historiques. Beau et élégiaque comme une séance au planétarium du Grand Palais un 2 janvier (avec les restes du repas et de l'alcool de la veille dans les intestins).

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