Dans un futur lointain, les émotions ont été éradiquées en supprimant toute trace d'histoire. Seul "The Giver" a la lourde tâche de se souvenir du passé, en cas de nécessité. On demande alors au jeune Jonas de devenir le prochain "Giver"...
Film à l'univers SF clinique simplette, un peu vite-fait-torchée, qui tient sur un principe ludique forcément plaisant (je vais te faire découvrir la neige, puis la musique, puis l'attachement, puis...). Ça cultive très facilement l'empathie comme ça, mais le film fait tellement le service minimum sur la question que c'en est indécent. C'est notamment catastrophique pour le choix des images de "souvenir", simple bandes d'image we are the world repiqué des stock shot de JT (et je parle pas des reconstitutions de traumatismes, encore pires), pourries de ralenti saccadés foireux quand on a fait l'effort de reconstituer. Le degré zéro de l'imagination.
Pour le reste, le film fait joujou avec les couleurs relativement efficacement (discrètement), et tient surtout sur les épaules de Jeff Bridges, qui fait un sacré boulot pour donner du corps à un personnage dessiné à trois traits. Mais on retient surtout le côté flemmard qui donne l'impression de voir un synopsis filmé (voir cette traversée de "rien" qui constitue le morceau de bravoure du film). Je suis pourtant pas contre ce genre de trucs candide, contre cet hollywood teen-sf à présent callé sur les ados et leur élans, qui va sur le terrain des choses naïves du style "l'émotion c'est mieux que rien", "le malheur est indissociable de la joie", etc. Mais faudrait quand même un minimum de travail pour qu'on accepte de rentrer dedans.
Faudrait d'ailleurs s'interroger un jour sur tous ces films qui viennent actuellement idéaliser notre époque à rebours, sur le mode "le présent est pas si horrible, prend conscience de combien il y a du beau dans ton époque : regarde, des bébés qui rient".