Forum de FilmDeCulte

Ce n'est pas l'incompréhension totale, parce que l'ensemble a beaucoup de qualités, mais je me suis quand même beaucoup demandé ce que ce film a de plus que tous les films de heist à tiroirs qui sortent par paquets de dix tous les ans. Bien sûr, le film de Singer est plus classe que la moyenne, le scénario se tient bien, mais ça n'empêche pas les moments WTF (si Soze est si puissant, pourquoi avoir besoin d'imaginer un stratagème aussi tordu pour arriver à ses fins ?) et surtout les séquences de petit malin qui cassent plus le rythme qu'autre chose.

C'est un film propre, efficace, carré. Mais j'arrive pas à voir plus que ça. Freak, les autres, qu'est-ce qui vous fait tant bander là-dedans ?

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Je n'ai jamais été fan du film... trop de flingues, trop de trucs qui servent à rien, trop de personnages...
Mais j'apprécie plein de choses : les dialogues, les comédiens, le montage et la musique. Il y a des moments hyper réussis, très dynamiques, voire assez orgasmiques.

4/6

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I think we're gonna need a helmet.

Les tiroirs, c'est la cerise sur le gâteau, avant cela, il y a un super polar, parfait dans son dosage.

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There is no such thing in life as normal

Même genre d'avis que Z. Je suis surtout gêné par les problèmes de point de vue : vu que Spacey nous raconte l'histoire, il peut nous dire toutes les conneries qu'il veut, ce qu'on nous montre n'est en fait peut être pas arrivé. Et j'ai du mal à faire la différence entre le vrai et le faux dans l'illustration de ce qu'il raconte. Et puis cette première scène avec ce plan qui s'attarde sur l'endroit ou est caché Spacey. Alors qu'en fait il n'y est pas. C'est bizarrement foutu.

Oui, d'ailleurs, ça m'a fait douter, parce que j'étais certain après 20 minutes de film d'avoir le coupable. C'est un peu malhonnête, du coup.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Oui, malhonnête c'est le mot. Je pensais récemment à Slevin qui était sympa mais qui se foutait du spectateur en foutant des ellipses. Là ya carrément la mise en scène qui ment.

Je vois pas trop en quoi la mise en scène est malhonnête. C'est le principe du mindfuck, le spectateur joue le jeu et fait semblant de suivre toutes ces fausses pistes qu'on nous donne à voir.

Je ne saurai mieux l'exprimer qu'au travers de ce vieux texte écrit y a mille ans pour FDC :

"[La réa et le montage] sont essentiels à une matérialisation réussie du script complexe de McQuarrie.

Pourquoi ?

Parce que dans le cas présent, tout le monde est manipulé. Non pas seulement les protagonistes mais les spectateurs également. Et c'est ainsi qu'une intéressante mise en abyme transparaît d'un scénario qui semble juste être un travail d'écriture bien ficelé. Commençons par le début. Singer nous montre tout d'abord la seule séquence concernant les évènements cruciaux de l'enquête à venir qui puisse être considérée indéniablement comme étant la réalité diégétique. C'est la nuit. Il y a cet homme dont on ne voit jamais le visage mais seulement les actes, dobnt le meurtre d'un personnage identifié par la suite: Dean Keaton. L'homme mystérieux sera également identifié, mais pas avant la toute fin, car tout le film repose justement sur cette identification. Qui est-ce ? Pas encore...


Singer nous montre également différents lieux précis, quelques plans dont on ne comprend pas la signification ni même l'utilité à ce point du film et dont la justification n'arrivera qu'à la fin, avec tout le reste. Un mort (enfin plusieurs en réalité), une explosion, un dernier plan insistant sur un certain endroit du paysage, puis le jour se lève. Apparaît un nouveau personnage, Jack Baer, qui enquête donc sur les évènements de la nuit passée, et à travers lui Singer nous donne ensuite les toutes dernières infos qui garderont leur véracité après la révélation finale. Deux personnes ont survécu: un membre de l'équipage presque entièrement brûlé, et un boiteux. Ce boiteux, c'est Roger "Verbal" Kint. Qui est-il vraiment ?

C'est un criminel, profondément impliqué dans cette affaire, mais qui est parvenu à obtenir l'immunité. Cependant, l'inspecteur Dave Kujan n'abandonnera pas ainsi. Cela fait 3 ans qu'il enquête sur le cas de Dean Keaton, et il est bien destiné à trouver des réponses. Il organise alors un interrogatoire avec Verbal. Les bases sont posées. C'est à partir de là que va commencer la manipulation. Comment ?

Kujan est un flic. Il mène une enquête, il cherche à savoir, son devoir est de découvrir ce qui s'est passé. Kujan représente le spectateur. Tout comme lui, il va avoir à discerner le mensonge de la réalité. Tandis que Verbal représente le réalisateur, Singer, qui s'impose alors comme un démiurge là où Kint/Söze est le Diable. C'est ici que s'opère la mise en abyme. Singer nous manipule tout comme Kint manipule Kujan. Tout comme lui, nous sommes menés en bâteau, du début à la fin par l'histoire de Verbal. Le thème du conte est omniprésent. Il y a bien entendu tout ce mythe autour du personnage mystique qu'est Keyser Söze, mais aussi toutes ces petites histoires parallèles que crée Verbal en s'inspirant de ce qu'il voit dans le bureau, quand il ne s'en sert pas pour étayer son énorme mensonge. Plusieurs petites anecdotes qui viennent enrichir la crédibilité du personnage, mais qui prouvent également sa capacité à raconter une histoire. Verbal ("bavard") est l'ultime conteur. Il colporte par exemple cette saynète légendaire de la vie de Söze que Singer filme volontairement de manière presque surréaliste, ou plutôt onirique. Floue, remplie d'effets de filage, on dirait pas tant une scène de flash-back qu'un rêve, autrement dit quelque chose qui n'a pas réellement eu lieu. Dans le cas présent, il s'agirait donc d'une histoire inventée de toutes pièces. La toute dernière partie de la séquence est filmée différemment. A l'imagerie du rêve se substitue celle de la légende pure, de celle qui contient des personnages glorifiés, comme dans le cas présent en quelques plans proche d'un Desperado, où le soi-disant Söze s'éloigne au ralenti d'un feu croissant. Ce passage témoigne du style employé par Verbal dans sa narration à travers tout le film. Tel un conteur professionnel, il rapporte les faits de façon romancée. Pas étonnant que tant de dialogues du film soit devenus des répliques cultes. La tournure de ses phrases justifie alors l'apparence "trop écrite" de ses propos. Cet homme-là est en train de mentir. Il raconte une histoire. Il ne retransmet pas la réalité. Il évoque même des détails qui font sourire Kujan. Il le distrait. Dans tous les sens du terme. Il l'écarte de la réalité.


C'est exactement ce que fait Singer. David Fincher disait "Rendre crédible une réalité complètement fabriquée aux yeux du spectateur, c'est exactement le défi imposé à un réalisateur devant un film". Et c'est exactement le postulat du metteur en scène sur The Usual Suspects. Alors, on pourra toujours crier gentiment au scandale, dire que tout ça c'est bidon parce que tout est bâti sur un grand mensonge et donc forcément on se fait avoir, vu que rien n'est vrai. Tout ça c'est une grosse arnaque, le suspense n'est jamais réel parce que monté de toutes pièces. Au contraire. Singer ne cherche pas à créer du suspense, il joue consciemment sur sa fonction de cinéaste. On pourrait même dire qu'il donne là sa conception du métier, il est avant tout un conteur d'histoires. Il est donc un menteur. Il a tous les droits sur ce qu'il montre, il peut manipuler la vérité tel qu'il le souhaite.

Le cinéma, c'est le mensonge 24 fois par seconde. Exactement."

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Je me souviendrai toute ma vie de cette première vision (en VHS VF du temps où les vidéoclubs existaient encore). Je trouvais déjà le film génial et passionnant, jusqu'à ces cinq dernières minutes, où j'ai frôlé le malaise tellement j'étais en apnée et sur le cul. Une pure claque dans la gueule.
Au-delà de ce twist prodigieux, je trouve le film d'une grande maîtrise, d'une grande fluidité, c'est franchement jouissif à suivre. Respect pour Singer et les acteurs (tous au TOP) bien sûr, mais le film ne serait pas le même sans ce scénario diaboliquement génial et sans le travail fabuleux de John Ottman, à la fois monteur et compositeur du film (un combo gagnant).

Un vrai classique, un 6/6 indéboulonnable.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

La preuve du "génie" du film réside dans la légende qu'il a réussi à créer alors qu'elle repose sur un postulat erroné :

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There is no such thing in life as normal

Héhé, effectivement..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Sauf qu'à l'époque de Usual Suspect, c'est loin d'être la norme. Ça s'est banalisé au point d'envahir les autres genres (cf Batman Begins), et au point qu'un film sans twist maintenant passe parois pour un film raté.

J'ai un trou de mémoire. Quel est le twist de Begins ?

Pareil je vois pas trop le rapport.

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CroqAnimement votre

Mon dieu c'est pas le jaune qui est Ra's Al Ghu mais le barbu